BAPTÊME DE SANG(mai 844)Keith Shadis

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La formation de détection à longue distance d'Erwin va bientôt faire ses preuves, après les longues négociations avec le généralissime

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La formation de détection à longue distance d'Erwin va bientôt faire ses preuves, après les longues négociations avec le généralissime.

Les quelques soldats présents ont été formés à la va vite sur cette méthode. Mais avant de nous assurer qu'ils l'ont comprise, nous allons tracer jusqu'au premier avant-poste connu du bataillon et nous y installer. Un trajet de quelques kilomètres plein sud. A partir de là, nous aurons plus de place pour manoeuvrer.

Je n'ai ordonné la présence que d'un seul chariot, avec ravitaillement en gaz, lames et réserves de nourriture minimales ; notre petit nombre devrait être un avantage, car nous nous déplacerons plus vite. Les titans ne nous apercevrons peut-être pas, bien que j'en doute. Ces foutus monstres surgissent toujours quand on se pense en sécurité. Mais la sécurité n'existe pas dans les terres extérieures.

Les recrues s'en sont peut-être déjà rendues compte, mais c'est l'enfer là dehors. Je les ai observées hier, certains tremblaient déjà de peur. Mauvais signe. C'est la meilleure façon de flancher à la première confrontation. Aucun n'a déserté cependant. Je suppose que la présence de l'escouade d'Erwin n'y est pas pour rien, elle est renommée et leur donne confiance.

Je me demande comment tu fais pour inspirer ça, Erwin.

Je sens de façon particulièrement forte la présence physique de tous ces jeunes gens à cheval, attendant avec fébrilité l'ouverture de la porte de Shiganshina. C'est comme s'ils me poussaient en avant... Les habitants du district nous ont acclamés il y a quelques minutes, mais le silence est maintenant tombé. L'ouverture de la porte est toujours un moment solennel que tout le monde respecte. Quand les cloches ont sonné et que les citoyens sont sortis de chez eux pour nous suivre, ils ont dû s'inquiéter de notre nombre, et se rendre compte que les rangs du bataillon étaient encore bien loin d'être renouvelés.

Plus le temps passe, plus notre régiment perd de sa superbe. Enfin, je suppose que tous les majors avant moi se sont fait la même réflexion... Certains prendront toujours notre parti, avides comme nous de savoir ce qui se trouve à l'horizon ; mais les conservateurs remettent en question l'existence du bataillon à chaque retour des troupes. Si un nouveau fiasco devait se déclarer, ce serait sans doute la fin.

J'ai discuté avec Erwin ce matin ; en dernier recours, si l'expédition se passe bien, nous essaierons de pousser les troupes sur un terrain inconnu. Les sorties précédentes nous ont permis de dresser la carte d'une bonne partie des terres alentours sur au moins trente kilomètres. Le problème c'est que la position de nos ennemis reste aléatoire : pas moyen de faire des prévisions.

Nous serons assez tranquilles si nous atteignons l'avant-poste, les titans étant essentiellement attirés par le Mur Maria et ne faisant que peu attention aux ruines sur leur route. Hanji en profitera sûrement pour les observer d'un peu plus près. Elle est un peu en arrière, afin de veiller sur les nouvelles recrues, mais je suis sûr qu'elle en trépigne d'avance. Elle est toujours celle qui montre le plus d'enthousiasme avant une expédition.

Erwin se trouve à côté de moi. Comme toujours, son expression est impénétrable mais je sens qu'il est confiant. Cette confiance se communique à moi et je me détends un peu. On a beau dire, mais l'habitude n'élimine pas l'appréhension. Sortir est toujours une épreuve, même si on le fait depuis des années. Les canons n'ont pas tonné tout à l'heure, signe que les titans ne rôdent pas dans les parages immédiats. Ca nous donnera un temps d'avance sur eux.

Les câbles qui soutiennent la porte se mettent à grincer. La porte se soulève, avec ses bords crantés, et comme à chaque fois, elle me donne l'impression de me précipiter dans une grande gueule de titan affamé... Triste comparaison...

Elle se soulève, jamais assez vite à mon goût, et un souffle d'air nous frappe de plein fouet. L'air venu d'au-delà des murs... est différent ; quand on l'a senti une fois, il devient difficile de s'en passer. Des mauvaises langues prétendent que les explorateurs sont comme des drogués qui ont besoin de leur dose... Ce n'est pas vraiment faux... et ce n'est pas non plus la rumeur la plus déplaisante à notre sujet...

Je cabre ma monture et je hurle à mes soldats de se tenir prêts. Quand l'ouverture atteint la hauteur d'un homme à cheval, je m'y engouffre, suivi du crépitement des sabots derrière moi. Comme toujours, ils me suivent. Sans hésiter. Combien de fois ai-je craint de me précipiter au-dehors et de me retrouver seul, abandonné de mes hommes ? C'est une crainte que mes prédécesseurs ont dû connaître eux aussi ; un de mes cauchemars récurrents...

Mais cette fois encore, nous nous dirigeons, tous unis, vers le sud, ses monstres et ses mystères.

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant