C'est jour de marché. Les affaires vont bon train.
Le quartier nord grouille de clients en tous genres : des membres de gangs locaux, des habitants des bas-fonds, et même des rupins, venus chercher ici ce qu'ils ne trouvent pas ailleurs. Et non seulement la milice Rovoff n'y voit aucun inconvénient mais elle contribue au bon fonctionnement de ce marché noir. Elle tient juste à s'assurer que les forces de l'Etat n'en entendront pas parler. Ils filtrent à l'entrée tous les individus suspects.
Mais y a pas à s'en faire. Nos clients ont aucun intérêt à vendre la mèche. Et on dévoile la marchandise que si on nous montre patte blanche.
La dernière prise a été bonne. Avec la bande à Clem, on a réussit à choper deux cargaisons pleines de produits utiles. Les voisins sont pas en reste : des fruits, des légumes, du pain, du savon, du sucre, du papier, de l'alcool, du tabac... Il y a des propositions plus exotiques pour les plus riches comme des bijoux, des vêtements, des cosmétiques, des armes blanches, et des trucs... un peu étonnants dont je connais pas trop l'usage mais qu'on peut deviner. Ces nobliaux doivent mener une vie bien dissolue... Ca doit pas être si rose là-haut pour que tous ces larcins se retrouvent sous terre. Sans la coopération de la milice, rien de tout cela n'aurait pu arriver jusqu'ici.
Il y a aussi cette fameuse drogue, qui a fait parler d'elle il y a quelques années, et qui circule de nouveau. Je savais bien qu'il y avait un truc pas clair ; Rovoff semble être le fabricant et le distributeur. Il fait confiance qu'à ses gars pour veiller sur sa production. J'y ai jamais touché, je pense pas que ce soit très sain.
Que Rovoff ait fait des pieds et des mains pour prendre le contrôle des bas-fonds se comprend facilement, ici il peut trafiquer tranquille. Clem s'en fout, ils sont pas sur notre créneau. Nous, ont fait dans le produit de première nécessité et ça part sans problème. On s'est déjà fait un paquet de fric. Ca nous fera tous tenir le temps qu'on se décide pour un nouveau raid.
Egon semble être rentré dans le rang et il abat sa part de boulot, comme tout le monde. Clem lui a pas tenu rigueur de la bagarre de la dernière fois, et ils semblent de nouveau bons amis. Je lui aurait pas pardonné si facilement, moi... En plus, Clem m'a demandé de lui raconter ce qui s'était passé, et il a bien fallu que j'explique en détail ce que Egon avait dit. Clem a juste haussé les sourcils et les épaules et m'a dit de pas m'inquiéter, qu'il devait être saoul. Il l'était sans aucun doute... mais quand même.
Clem a l'air de se foutre totalement de la façon dont les gens jugent sa manière de vivre. Mais Egon est un ami, alors, forcément, ça doit le toucher quand même. Il devrait se montrer un peu plus dur, même avec ses proches.
On a presque tout liquidé aujourd'hui. Il reste encore quelques heures avant l'extinction des feux, et on a l'autorisation de faire nocturne si on veut, à condition de payer un petit supplément à la milice. Ces messieurs estiment que ça leur fait une charge de travail en plus alors qu'ils pourraient aller se pieuter. Voyez-vous ça ! Ils se gênent pas ! Clem veut pas qu'on le taxe, alors il a ordonné qu'on plie bagages avant. J'attends les derniers clients.
Je me sens bien dans ce rôle. Le commerce, c'est vraiment ce qui me plaît. Tiens, une femme avec son petit qui se ramènent. Qu'est-ce qu'elle veut la bonne dame ? Du sucre, de la farine, des pommes... Sans doute pour faire une bonne tarte à son môme. Vu les prix qu'on pratique, elle pourrait sans doute en faire une tous les jours. Ca me rappelle tellement de choses... Quand maman nous faisait des gâteaux, à Ilsa et moi... Je l'envie, ce gamin. Prends soin de ta maman, petit. Et régale-toi.
J'ai bien l'impression que c'est fini. Ah non, quelqu'un d'autre se présente. Oh la la, il manquait plus que lui. Livaï s'avance vers mon étal. Pas étonnant qu'il vienne ici. Je sais qu'il est un voleur pro, c'est avec son argent volé qu'il compte payer. De la marchandise volée contre de l'argent volé... Qu'est-ce qui peut paraître plus naturel, ici, sous terre ?
Il hoche la tête à mon intention et je lui réponds. On a jamais eu de réels contacts ou une vraie conversation. Tout ce que je sais sur lui, c'est Clem qui me l'a dit. Je l'avais même jamais vu d'aussi près, à vrai dire... C'est vrai qu'il a une tête de voyou, mais il est toujours nickel sur son apparence, les cheveux bien coiffés, bien propres, les fringues sans un pli - comment il fait ? -, pas une seule trace de crasse sur lui. Y a guère que ses bottes qui peuvent être un peu crottées de temps en temps. Il est très intimidant même s'il est plus petit que moi. Il lui suffit de me fixer sans ciller pour que j'éprouve le besoin de détourner les yeux...
Ok, je sais ce dont il est capable. Mais là, je dois jouer mon rôle de vendeur.
Il me demande du thé, du noir, si j'en ai. Pas de problème. Je lui en sors deux boîtes. Et du sucre aussi. Du savon ? Ca, j'en ai plus, faudra attendre la prochaine "livraison"... Il s'en formalise pas. A la place, il me prend un assortiment de légumes. Je sais qu'il vit seul - enfin, c'est ce qu'on dit -, il doit savoir cuisiner. Tandis qu'il me paie, je vois les voisins plier boutique. Certains vont rester encore un peu. Je souris à Livaï de façon très professionnelle en pensant qu'il va s'éloigner, mais il me pose une dernière question.
Où est-ce qu'il pourrait se procurer une plume, de l'encre et du papier ici ?
Je suis sur le cul. Je m'attendais à tout sauf à ça. Je lui réponds en bredouillant que je suis pas sûr, mais la bande de Kayetan, plus loin en haut de la rue, doit peut-être avoir ça. Il me remercie et s'éloigne dans la direction indiquée.
J'en reviens toujours pas. J'aurai jamais pensé qu'il savait écrire ! Ca nous fait au moins un point commun, ha ha !
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]
FanficL'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me su...