LA MAISON REISS (janvier 829) Kenny Ackerman

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Va falloir que je me décide

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Va falloir que je me décide. Et vite.

Le joujou qu'il m'a filé me brûle les doigts. Avec ça, je peux dégommer n'importe quoi à distance, sans même être repéré. Je m'entraîne avec quand Livaï est pas là. J'ai déjà un bon coup de main. Je pourrais le garder une fois le boulot terminé, qu'il a dit. J'en reviens toujours pas, de ce deal du siècle qu'on me propose.

J'aurai dû deviner tout de suite que c'était un intermédiaire, sapé comme il l'était. Cet Ortwin travaille pour un membre éminent du parlement, et accessoirement un gros bonnet de la pègre du Mur Sina. Ce type voudrait que je tue quelqu'un. Pourquoi moi ? je lui ai demandé. Parce que je suis le seul à pouvoir le faire. D'accord, et c'est qui, cette cible si importante et si difficile à tuer ? Le leader du clan Reiss. Reiss, Reiss... Ca me dit rien du tout. Mais il paraîtrait que c'est le véritable roi des trois Murs ; que c'est lui qui maintient un semblant d'ordre dans tout ce merdier. Il aurait un genre de pouvoir mental très puissant qui efface les mémoires des gens. Qui efface les mémoires ? Intéressant, ça. C'était donc pas des cracks inventés par papi.

Ortwin m'a informé que c'était ce clan, le véritable clan royal, qui était responsable de la persécution des Ackerman. Il m'a regardé attentivement après m'avoir balancé ça, pour voir comment j'allais réagir. Il a rien eu du tout. Mais je dois bien dire que ça m'a un peu secoué. On s'est fait exterminer parce que ces fumiers de Reiss pouvaient pas nous soumettre ?! Avoir enfin un nom à coller là-dessus, ça faisait un bien fou. Mais je me sentais pas mieux pour autant. Bizarre, hein ?

Ortwin en est venu à ce qui me concernait. Son patron sait qui je suis, un Ackerman, et il m'assure que j'ai les capacités pour descendre le chef de clan Reiss, un certain Uli. Lui et sa famille vivent dans une ferme dans les pairies du Mur Rose. Ils sont sous la protection de la première division des brigades spéciales, la section la plus mystérieuse - et sulfureuse - du corps militaire. Mais la famille quitte souvent ses terres pour se rendre à Mitras, les attaquer dans la campagne serait aisé ; il suffirait juste de me tracer un itinéraire...

Eh doucement, que je lui ai dit ! Ca me rapporte quoi, à moi ? A part une petite vengeance tardive pour mes ancêtres ? Et là, il a sorti le grand jeu ; un blanchiment total de mon casier judiciaire, une coquette somme d'argent qui me mettra à l'abri pour des années, et le fin du fin : les papiers de citoyenneté qui me permettront de vivre au soleil jusqu'à ma mort. J'avoue, j'étais sur le cul ! Cet Uli Reiss doit être un sacré emmerdeur pour qu'on m'offre tout ça en échange de sa tête !

Et le petit ? que j'ai demandé. J'ai un mouflet avec moi. Il pourra devenir citoyen lui aussi ? Ortwin m'a assuré que son patron y réfléchirait, mais que c'était surtout de moi qu'il s'agissait. Mais à tout hasard, il m'a posé la question : c'est un Ackerman lui aussi ? Je me suis montré prudent, et lui ait dit que non, juste un chiot perdu que j'ai recueilli dans ma grande bonté. Il a eu l'air de gober.

En gage de sa bonne foi, il m'a filé cette merveille. Un bijou de technologie dernier cri, une pétoire qui a cours que dans les brigades spéciales. Il m'a assuré que je pourrais tuer Uli Reiss qu'avec ça. Pourquoi pas un bon vieux couteau ? Il a eu l'air évasif et a fini par me dire que ça risquait d'être dangereux, que les Reiss ont des pouvoirs spéciaux, et qu'il vaut mieux le tuer de loin. D'accord, monsieur. Je comprends pas grand chose à tout ça, mais après tout...

Je l'ai regardé de travers. J'aime pas tellement traiter avec les sous-fifres... Et si c'était des conneries ? Je veux voir la couleur des billets ! Ortwin m'a assuré qu'il reviendrait dans un mois, ici même, pour savoir si j'étais partant ; d'ici là, je me serais familiarisé avec la pétoire et pris une décision, pas vrai ? Si je me présentais ici et acceptais le boulot dans un mois, j'aurais droit à un acompte, qu'il a dit, et à des détails sur comment m'y prendre.

Le problème, c'est que ça fera un mois dans deux jours et que je suis toujours pas décidé... Et si je demandais son avis au nain ? Il a souvent de bonnes intuitions, ha ha ! Je sais pas pourquoi mais ça m'a l'air trop bizarre pour pas être un coup fourré, tout ce bazar. Mais v'là la récompense de prince qu'on m'a promise... Plus de souci à se faire ! Et puis, si c'était vraiment bidon, on m'aurait pas révélé tous ses secrets d'état, non ?

Bon sang, c'est la première fois de ma vie que je me sens si peu sûr de moi. Ca serait le coup de ma vie... et peut-être bien le dernier.


Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant