LE TEMPS DES ENNUIS(janvier 844)Bastian Corbinian, homme de main de Rovoff

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Il fallait bien que ça arrive ! Je l'ai senti venir à des kilomètres !

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Il fallait bien que ça arrive ! Je l'ai senti venir à des kilomètres !

Et il faut que ça tombe sur moi, putain !

Ils savent. Ils savent tout, ils veulent juste confirmation de leurs soupçons. Ca a foiré. Le patron a merdé. Il s'est frotté à plus fort que lui. Pas question que je plonge avec lui ! Ok, messieurs les militaires, je vais dire ce que je sais, mais laissez-moi au moins le temps de penser à ce que je vais dire !

Je respire un grand coup et je me prépare à répondre à leurs questions. Le grand blond s'assoit face à moi et ses yeux glacés me transpercent de part en part... Ouais, il sait, lui, c'est lui qui a tout découvert, qu'il me dit. Un espion que Rovoff avait introduit au sein du Bataillon a tout balancé, qu'il me sort. J'étais même pas au courant. Un espion... celui qui détournait les dons, sans doute... Mais maintenant, il veut des détails. Ouais, du genre ?

Pour quelle raison Nicolas Rovoff a eu le besoin de piocher dans les fonds du bataillon ? Parce qu'il avait... des dettes. Un sacré paquet de dettes, qu'il me répond. Ouais, et alors, les grands de ce monde se crée des problèmes de toutes sortes ! J'y peux rien ! A qui il doit de l'argent ? Euh... à un important fournisseur.

Le blond me regarde fixement, le visage impassible, dans l'attente. Dis-m'en plus, qu'il demande. Bordel, je suis pas si important, je sais pas tout ! Pourquoi vous allez pas emmerder quelqu'un d'autre ?! Je suis qu'un pion, moi ! Un tout petit pion qui comprend rien à tout ça ! Je suis pas un grand homme comme vous, monsieur !

Il tape du poing sur la table et je sursaute malgré moi. Il pourrait m'éclater la gueule avec ses paluches... Un autre grand soldat monte la garde à l'entrée et me regarde de dessous sa frange... Il renifle et détourne la tête, comme dégoûté. Pour qui ils se prennent ?! J'aurai jamais dû les laisser descendre... Mais j'ai vu leur insigne trop tard... Et... ils avaient un mandat...

Le patron ne sait pas ce qui est en train de se passer. Ce que je suis en train de vivre. Est-ce qu'il s'en foutrait ? Ouais, sûrement. J'ai pas envie de me mettre ces types sur le dos.

Le patron s'est servit de l'argent collecté par les dons au bataillon pour payer la guilde Lang. Nicolas Rovoff refourguait sous le manteau du matos de la guilde et s'est fait un pécule mirobolant. Mais la guilde en a eu vent et réclame le remboursement, et même plus que ça. Le patron a prit le fric là où il y en avait. Z'êtes satisfait, monsieur l'explorateur ?

Il s'adosse à sa chaise et baisse les yeux. Un sourire flotte sur son visage. Il me fait flipper... Il murmure "oui, Nicolas Rovoff... la guilde Lang.... tout s'explique..." ; puis il se lève, et me demande avec une politesse inattendue si je peux mettre tout ça par écrit, et éventuellement trouver un document officialisant le partenariat entre Rovoff et Lang.

Bien sûr que je peux, m'sieur ! Mais vous allez pas m'arrêter, si ? J'ai fait que suivre les ordres, moi ! J'ai rien contre votre bataillon ! Vous faites du bon boulot, pour sûr ! Je vous assure, je vous admire tous autant que vous êtes ! Je signerai toutes les dépositions que vous voudrez ! Et si je vous déniche ce papelard officiel, vous me laisserez libre, dites ?!

Le grand blond hoche la tête. Pas bête, le gars. Laisser filer un goujon comme moi pour choper le requin, c'est un bon plan. T'as raison, faisons ça. J'en pleurerai pas, tiens.

Un de ses sous-fifres prend ma déposition et je signe en bas de page. Voilà, c'est fait, je suis un traître. Contents ? Puis l'autre grand qui garde la porte m'escorte jusqu'au bureau de la caserne souterraine, et je me mets en devoir de fouiller dans les tiroirs. Il doit être quelque part, je suis sûr que le patron nous a donné un exemplaire de ce truc... Le voilà, mon droit à la liberté. Tant pis, il avait qu'à pas nous faire tellement confiance, ce con.

Je tends le papier au grand blond qui le parcoure des yeux pendant une minute. Oui, c'est bien authentique. Je peux me barrer maintenant ? Votre mandat stipule que vous pouvez perquisitionner et interroger, pas arrêter les gens de toute façon !

Il incline la tête et fourre le parchemin roulé sous sa veste. Mon regard s'arrête sur les ailes de la liberté qui ornent son épaule. Tu parles... les ailes de malheur, oui ! Putain, faut pas que les gars sachent que j'ai parlé ! J'en connais quelques-uns qui seraient pas fâchés de me vendre ! Faut que je me trouve une planque loin d'ici pour quelques temps. Quand Rovoff croupira en prison, je pourrais me refaire ailleurs.

L'autre grand qui garde la porte interpelle son supérieur et tout ce beau monde se détourne de moi. Pas trop tôt. Vous avez ce que vous vouliez, déguerpissez maintenant ! Le blond m'assure que ces documents seront remis en mains propres au généralissime Darius Zackley et que Rovoff paiera les conséquences de ses actes comme il se doit. Voler le corps militaire est un crime grave. Je sais, m'sieur. Désolé, m'sieur.

Il quitte la pièce et emmène ses soldats avec lui. Il suffit de les regarder pour comprendre qu'on a pas affaire à ces ânes des brigades spéciales ; ce sont de vrais soldats, ceux-là.

J'oublierai jamais son nom, à celui-ci.

Erwin Smith.

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant