UNE FLEUR DANS LES BAS-FONDS(février 842)Isabel Magnolia

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Ouf ! J'ai réussi à les semer ! Ces salopards comptaient bien me mettre la main dessus ! L'autre gros lard aurait pas dû essayer ! Il va s'en souvenir !

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Ouf ! J'ai réussi à les semer ! Ces salopards comptaient bien me mettre la main dessus ! L'autre gros lard aurait pas dû essayer ! Il va s'en souvenir !

Je fuis à travers le centre-ville sans trop savoir où je vais. Tout contre moi, je tiens mon petit protégé. Il a dû s'égarer, on dirait un bébé. Ou alors il a une aile blessé, parce qu'il s'est pas envolé quand... Oups ! les revoilà ! Ils en font pas un peu trop, non ? Je voulais juste monter l'escalier pour que le petit oiseau puisse s'envoler !

Bon d'accord, c'était pas l'idée du siècle, j'en ai déjà eues des meilleures. Mais c'est plus fort que moi, j'adore les bêtes. Déjà quand j'étais petite, toutes les bestioles blessées ou abandonnées passaient par moi. Ca les faisait chier, au refuge. Des plumes et des poils partout, qu'ils disaient ! Depuis que ça a fermé - le proprio est mort apparemment -, je suis à la rue, mais je peux pas m'empêcher de toujours les récupérer.

Je vis comme je peux, mais c'est pas simple. J'ai jamais été bonne en lecture ou en calcul, ça m'ennuyait tellement ! J'aurais préféré aller m'amuser dehors... Pas ce dehors là, celui des bas-fonds, mais celui de la surface. C'est de là que tu viens, hein, petit ?

Je fourre de nouveau l'oiseau sous ma chemise et essaie de filer en douce. Le gros lard dont j'ai mordu la main a l'air vachement furax... Ils me suivent depuis un bon moment. Faudrait que je les perde, mais je connais pas trop le coin. J'ai pas peur du tout, mais je voudrais pas qu'ils fassent du mal à mon protégé. Ils en seraient capables rien que pour m'emmerder, les monstres !

On a jamais rien pu faire de moi. Je me souviens à peine de mes parents, et au refuge, ils ont tout essayé pour faire de moi une dame bien comme il faut, ils disaient. Rien à faire ! C'est pas mon truc ! Ca sert à rien ici ! Dans la vile souterraine, ce qu'il faut c'est savoir voler et courir vite. Lire et compter, ça remplit pas le ventre !

Mince, mince, qu'est-ce que j'ai été me foutre dans ce pétrin, moi !? Isabel, ma fille, il va vraiment falloir penser à réfléchir avant d'agir ! C'est mon problème, ça ! Je dois me trouver un coin tranquille, à l'écart, le temps qu'ils laissent tomber. Mais ils ont pas l'air de vouloir lâcher l'affaire. Tandis que je me dirige vers l'est, un quartier que je connais que de réputation, je les entends qui gueulent quelque part, pas loin de moi.

Bon, prenons les choses en main et allons-y !

Je me glisse sur la grande rue et je me fais toute petite. Difficile de passer inaperçue avec mes cheveux roux... Je rentre la tête dans les épaules et je marche tranquillement, comme quelqu'un de pas pressé du tout, comme si j'avais pas les types de la milice aux fesses. Mais je sais qu'ils sont juste derrière, pas loin. J'ai pas de chance ! J'ai pas envie d'aller me perdre dans une ruelle sordide remplie de plumeurs, alors je continue. Je marche plus vite malgré moi, tendue vers les premières maisons du quartier est.

Je m'attends pas à ce qu'on m'aide là-bas, c'est un coin de truands. Mais bon, je peux essayer de passer pour un garçon, et on me laissera peut-être tranquille. Je sais ce qui arrive aux filles toutes seules dans ce genre de coin... C'est plein de gangs et de types pas nets... J'ai pas peur mais autant essayer de pas me faire remarquer.

J'entre dans le quartier est, en tremblant un peu. Mais il faut pas que ça se voit. Je baisse les yeux - on peut t'arracher la tête pour une simple oeillade ici - et je trace ma route. Je sens bien qu'il y a des tas de regards posés sur moi, mais j'y fais pas attention. Je remarque que c'est vachement propre par ici... Y a pas un papier par terre, ni un seul rat en vue. Il y a du lingue qui pend aux fenêtres et j'entends même une voix de femme chanter de façon insouciante...

C'est pas si terrible qu'on le dit.

Du coup, je me redresse un peu et je jette un oeil derrière moi. Il y a bien de mecs qui me reluquent mais aucun ne vient m'importuner. C'est plutôt bizarre... Sans m'en rendre compte, je me suis arrêtée sur une petite place avec une fontaine au milieu. L'eau a l'air bien propre et je me penche pour boire un peu. Mon copain pépie un peu dans ma chemise, il doit avoir peur que je le fasse tomber. T'inquiète, mon petit pote, je me suis mise dans de sales draps pour toi, je vais pas t'abandonner maintenant, c'est à la vie à la mort !

Merde, je les entends crier ! Ils demandent aux gens s'ils ont pas vu une fille rousse ! Je vais avoir des ennuis si je reste là ! Bon ! Il faut que je trouve une planque, vite ! Juste pour quelques minutes ! Une bonne âme ! Allez, ça doit bien exister !

Je choisis une grande baraque avec un escalier. Sans doute une famille nombreuse qui vit là-dedans, ils auront pitié de moi !

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant