Au moment où il a insulté maman, j'ai cru devenir dingue. J'aurai pu continuer à le cogner
comme ça jusqu'au matin, mais il avait encore une chose à faire avant de clamser.
Au moment où je décide de le redresser, je sens des tas de corps me tomber dessus, comme des sacs. Des couteaux brillent devant mes yeux, et me coupent les mains, le cou et les joues... Mais je sens pas cette douleur. Je sens que leur poids. Et leur poids, c'est pas grand chose, ce salopard d'Egon me paraissait bien plus lourd. Alors, je me contente de leur distribuer des mandales bien placées qui les envoient bouler au loin. Faites-moi de la place, c'est avec lui que j'ai affaire, pas avec vous.
Je le redresse, sa sale gueule recouverte de son bon vin rouge maison, et je lui ordonne de dire aux autres ce qu'il a fait. Il continue de m'insulter de tous les noms mais je m'en moque. Il en a plus pour longtemps. Je lui glisse à l'oreille qu'il avait qu'à pas venir me faire chier chez moi. Tu pensais me faire la peau ? Te voilà dans de beaux draps, couille molle. Maintenant, va jusqu'au bout, et, avant de crever, libère ta conscience. Dépêche-toi, j'ai la lame qui me démange.
Il capitule. Je le vois bien qu'il lâche prise. Et enfin, il le dit. Il dit qu'il a tué Clem. A cause de moi. Ben voyons. Comme si t'avais besoin d'un prétexte pour excuser ta saloperie ! Je respire un bon coup en fermant les yeux. Je pensais pas que ça me ferait tellement de bien de l'entendre enfin. Je le savais. Je sentais son sang sur toi. C'est lui qui aurait dû te tuer, quand il en était temps. Mais puisqu'il est plus là, je vais m'en charger à sa place. Je t'ai épargné tout ce temps parce que je pensais que Clem aurait pas voulu ça. Mais tu as osé venir ici et t'en prendre à moi sans raison. J'ai plus de raison de me retenir.
Furlan tremble de tout son corps en me regardant égorger son chef. Mais il bouge plus. Paralysé sans doute. Tant mieux, tu me facilites la tâche. Je vais te zigouiller toi aussi ; et tous tes potes qui étaient venus me faire la peau ! Vous allez y passer ! Toi le premier, Furlan ! Te sauve pas !
Mais il se met à reculer en pleurant comme un gamin. Il me supplie de pas le tuer, et se traite de lâche. Il bégaie qu'il se doutait qu'Egon avait tué Clem mais il voulait pas se l'avouer. Ouais, maintenant qu'il le dit... Clem et lui étaient souvent ensemble et ils s'entendaient bien. Tu le regrettes autant que moi ?
Je regarde les autres qui ont tous baissé les armes et m'observent avec respect. Ils ont tous entendu. Ils étaient venus pour me tuer ; mais maintenant ils semblent seulement recueillis. Même ceux qui ont jamais connu Clem gardent le silence.
Je me baisse et je pose une main sur l'épaule de Furlan. Eh, ça va, vieux. Désolée d'avoir été menaçant. Reprends-toi. En plus, v'là la milice. Il manquait plus qu'eux. Ils se taillent un chemin au milieu du gang d'Egon et commence à nous presser de questions. Faut dire qu'avec le cadavre de ce salopard en train de refroidir, il est pas difficile d'imaginer ce qui s'est passé.
La milice Rovoff est pas du genre à se mêler des affaires des truands, mais là y a quand même eu un mort, ça fait désordre. C'est seulement à ce moment que je remarque les passants effrayés par le spectacle. J'essuie le sang qui me coule du nez et je prends l'air le plus innocent possible. Difficile...
J'ouvre la bouche pour tenter de m'expliquer, mais Furlan prend les devants. Ses yeux sont secs et déterminés, il me pousse un peu en arrière afin de pouvoir parler aux gars de Rovoff. Il leur dit sans trembler qu'ils ont eu une sale affaire de vandalisme et de vol de marchandise revendiquée, et que leur chef - il me désigne du doigt - est allé en discuter avec l'intéressé ; ça a mal fini, le type s'est énervé, a sorti une lame et le chef s'est défendu comme il pouvait. C'était de la légitime défense.
Je reste bouche bée devant l'audace du stratagème de Furlan. Il a le don pour éviter les ennuis.
Le gars de Rovoff, Bastian, me regarde - il me connaît et sait très bien que je suis pas chef de gang - et me demande s'il est vrai, ce mensonge. J'avale ma salive et jette un oeil à Furlan, comme pour lui demander le sens de tout ça. Je suis un peu paumé... Mais je réponds que oui, c'est bien ce qui s'est passé et que ce salopard a eu ce qu'il méritait. Bastian regarde ma porte défoncée - il sait que c'est chez moi -, mais se détourne finalement, un petit sourire à la bouche. La milice disperse les curieux et ils nous ordonne avant de s'éloigner de se débarrasser de ce macchabée.
Ouais, pas de problème.
Une fois tout le monde parti, je reste avec les gars d'Egon et je les regarde sans comprendre ce que je dois faire. Ils semblent tous attendre quelque chose de moi... Ca me plaît pas... Dans quelle merde tu m'as mis, Furlan ?! Il répond à ma question silencieuse en disant que puisque j'ai tué leur chef, c'est mon tour de l'être maintenant. Tu déconnes, j'espère ? J'ai rien demandé, moi !
Mais je vois à la mine des autres qu'ils sont déjà acquis à la cause. Furlan ajoute - avec un sourire triste - que Clem aurait été content que je prenne la relève de son business. Tu m'étonnes ; mais c'est pas une raison pour...
Ils disent pas un mot et continuent de me couver des yeux.
Leur chef, hein ?
Putain de bordel de merde, ils savent pas dans quoi ils s'engagent... Et moi non plus.
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]
FanfictionL'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me su...