LA RAISON DU PLUS FORT...(mars 834)Bastian Corbinian, homme de main de Rovoff

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Le patron est satisfait de la tournure que prennent les choses dans les bas-fonds

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Le patron est satisfait de la tournure que prennent les choses dans les bas-fonds.

Les petits délinquants font leurs affaires, les plus grands s'occupent des leurs en nous payant un petit extra si concurrence il y a. Quelques plaintes de richards du dessus atterrissent parfois à la caserne, mais on en fait pas une affaire. On patrouille un peu, on donne l'impression qu'on s'y intéresse, mais on laisse couler. Ils finissent par revenir de toute façon ; en faisant plus attention, ha ha !

Les gros coups, comme ceux des gangs de Clemens et de Kayetan, ne sont autorisés qu'une fois par mois, et par sur de trop gros chargements, pour pas qu'on en fasse toute une histoire et que les commerçants désertent pas les bas-fonds. Ils ont très bien compris. On aura pas de problème avec eux.

Le trafic de drogue se porte bien, et s'exporte aussi à la surface. Le patron n'a pas répété la même erreur ; les revendeurs ne transportent que de petites quantités et restent isolés afin d'éviter les trahisons. Faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, comme je dis toujours.

Les habituels voleurs à la tire continuent de faire leur marché dans la foule de plus en plus dense et hétéroclite. Il est encore plus facile pour eux d'opérer dans ces conditions, ils passent vraiment inaperçus. La patron veut qu'on recense tous les criminels dans toutes les catégories mais ceux-là sont tellement furtifs qu'il est difficile de savoir qui ils sont. Ils peuvent être solitaires ou faire partie de gangs plus élargis, on en sait rien.

Ce que ces braves gens ignorent c'est que sous ce marché noir existe un autre trafic encore plus souterrain, celui de la vente d'êtres humains. Le patron ne le tolère qu'à condition que les esclavagistes paient une petite fortune pour cacher - ou capturer - leur marchandise ici. Je me dis que ça reste du business, mais quand même, c'est très glauque tout ça... Et les "salles de vente" sont remplies de gens louches des deux sexes, tous de la capitale, qui restent des heures les yeux écarquillés et la bave aux lèvres en attendant que passe leur future acquisition. On y vend de tout, des femmes, des hommes, des enfants, pour tous les usages... J'ai pas trop envie d'imaginer... et j'ai plus envie non plus de faire le pied de grue dans ce genre d'endroit, je le dirais au patron. Je suis un salaud, ok, mais y a des limites. Il a qu'à envoyer Lanzo, il a l'air d'apprécier ce genre d'ambiance.

Le niveau de vie a augmenté, l'argent que les citoyens dépensent dans les bas-fonds circule bien, et l'Etat en a aussi sa part, ça fait partie de notre contrat, donc on s'y plie. Mais on se refait tellement bien par ailleurs qu'on sent pas ces petites ponctions. Il est vrai qu'il y a de moins en moins de candidats pour aller vivre à la surface, les riches qui descendent sont bien plus nombreux. Et il reste les indigents. La plupart sont des vieux ou des infirmes qui peuvent plus rien faire du tout pour vivre. On essaie de les cacher un peu et de s'arranger pour qu'ils clamsent hors de vue... quitte à les y aider un peu. Ils rapportent rien à la communauté, ceux-là.

En attendant, on s'est aménagé la caserne à notre goût ; on y reçoit les quelques plaintes pour vol - fermez bien vos poches, monsieur -, de très rares pour viol - cachez-moi ces nichons, madame -, et de temps en temps de commerçants qui se font braquer - achetez un fusil, c'est autorisé sous le comptoir. La plupart du temps, on nous signale des cadavres à brûler, des actes de vandalisme sur la voie publiques, ou des bagarres. Si on est d'humeur, on se déplace ; sinon, et bien... ça attendra bien demain.

Tout ce petit monde tourne dans une harmonie presque parfaite... J'en chialerai presque, tiens !


Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant