Ca fait des jours qu'on se terre dans la planque comme des rats dans leur trou. Il est temps de retourner bosser avant que les livreurs se croient trop en sécurité. Ca commence à jaser et même Kayetan en personne est venu frapper à notre porte.
On doit reconquérir notre territoire.
Furlan n'a pas pu s'empêcher de me rappeler son plan. Je ne l'ai pas formellement approuvé, mais pas refusé non plus. Je lui ai simplement fait remarquer qu'il ne se passerait peut-être rien du tout, que la brigade nous prendrait peut-être en chasse comme d'habitude - à moins qu'ils ne s e soient lassés de nous attendre -, et qu'il suffirait de les semer comme toujours. Et si le bataillon d'exploration se met de la partie ? Ecoute, vieux, arrête de t'imaginer des trucs, si ça se trouve, c'était juste des bobards. On va aller au boulot comme d'habitude et on verra bien ce qui se présentera.
Il s'est un peu renfrogné mais à retrouvé le sourire à la vue de tous nos compagnons, prêts à l'attaque ; ils attendaient ça depuis un moment. Isabel semble aussi avoir reprit du poil de la bête depuis l'autre jour. Je me souviens encore de leur expression incrédule, à tous les deux, quand je suis revenu avec mon couteau couvert de sang... On avait vraiment besoin de reprendre notre routine.
On se faufile, tous groupés et masqués par nos capuches, dans les petites rues près de la planque pour remonter vers le nord du centre-ville. Pendant qu'on végétait, un autre établissement à ouvert, et les potes, qui ont pas chômé pendant ce temps, nous ont rapporté les jours et horaires de livraison. On va faire un raid éclair ; juste histoire de se remettre en jambes... Nos bonbonnes de gaz sont remplies presque au max, si ça se finit vite, il nous en restera encore pour au moins deux ou trois opérations comme ça.
Et après ? Difficile de prédire ce qui se passera...
On laisse les camarades se presser vers le lieu du raid, tandis que nous prenons, Furlan, Isabel et moi, une autre direction. On a l'intention de détourner l'attention des types qui déchargent la marchandise pendant que les gars se jetteront sur le chargement. Les cibles ont déjà commencé leur travail ; j'entends des exclamations et des ordres hurlés tout haut. Les imbéciles...
On grimpe sur un toit proche et on se met en ligne. Furlan et Isabel un peu en avant et moi au milieu, en retrait. De là, je vois très bien la pile de caisses pleines qui attend d'être réservées... Ces types me sont inconnus, ils doivent pas savoir qui nous sommes... Tant mieux, l'effet de surprise sera là. Je demande à Isabel de foncer sur un des caisses pour la faire tomber et créer la confusion. J'aperçois déjà l'un des nôtres, ombre furtive et faussement désintéressée, se déplaçant près de la cible...
C'est le moment. On actionne nos gâchettes et nos câbles se déploient en avant, loin de l'autre côté de la rue, mais juste au-dessus des têtes des livreurs. On met les gaz et on fonce en formation sur la cible, Isabel les pieds en avant. Elle heurte comme prévu la caisse du sommet - bien joué - qui vient s'écraser au sol. Le type indigné se met à regarder en l'air en tous sens, en agitant le poing et en nous gueulant des insultes, suivi bientôt de ses confrères. Pendant ce temps, nos camarades se ruent sur eux et tentent de s'emparer de la marchandise.
Un coude de la rue me bouche la vue. Je fais signe aux autres de revenir sur les lieux en effectuant un virage serré. Et c'est là, en jetant un oeil par-dessus mon épaule, que je les vois.
Quatre silhouettes volantes, qui se dirigent vers nous. Si on fait demi-tour, on se retrouvera face à eux. Mauvaise idée. Changement de plan. Je les indique du menton à Furlan qui les regarde et me fixe de nouveau avec un air joyeux assez étrange. Je sais à quoi tu penses, vieux. Mais je vais pas les laisser approcher assez près pour savoir de quelle division ils viennent. Si ce sont des brigadiers, on les sèmera en moins de deux.
Isabel fanfaronne comme à son habitude, elle fait la maline mais nos poursuivants gagnent sur nous. Jouons un peu avec eux. En tout cas, ils ne semblent pas intéressés par le raid qui se déroule dans la rue en contrebas ; non, ils sont là pour nous. J'avale ma salive et me concentre sérieusement.
J'aimerais revenir vers le gang en plein boulot pour les aider, mais je dois faire en sorte de semer ces enquiquineurs. Isabel, Furlan, vous voyez le gros pilier, là-bas ? On le contourne, vous êtes prêts ? Ils me font signe que oui. Les poursuivants se rapprochent... ils vont aussi tenter le coup. On dirait pas comme ça, mais faire ce genre de cascade, c'est pas à la portée du premier brigadier venu. Ils ont beau être considérés comme les meilleurs militaires, ils doivent pas beaucoup se servir du harnais de manoeuvre...
Je lance le câble de droite, imité par Isabel et Furlan. Tout en douceur, je tire légèrement sur le filin en le laissant filer un peu entre mes doigts pour gérer ma courbe. Puis je rappelle le câble et reste un moment en suspension dans les airs avant de le relancer pour entamer la seconde partie du demi-tour. Le pilier est très large et cela prend au moins une bonne minute.
Alors que la colonne de pierre est sur le point de me masquer nos poursuivants, ceux-ci surgissent à leur tour de l'autre côté. Ils sont très proches, putain ! Si proches que je peux enfin distinguer l'insigne du premier. Je serre les dents : les ailes de la liberté se dessinent sur le tissu vert de sa cape... et une paire d'yeux d'un bleu intense me fixent à la dérobée tandis que je m'esquive rapidement. Je connais ces yeux-là...
On a affaire au bataillon d'exploration.
Ok, fini de jouer. Ils nous ont suivis sans problème. Ce sont pas des branques. Changement de plan.
Isabel et Furlan se retournent, aussi incrédules que moi. Puis il se rapprochent. Le sourire que je vois sur les lèvres de Furlan m'énerve un peu. Du genre "je te l'avais dit !", ou un truc comme ça. Je lui dis rien, mais il doit comprendre mes pensées. Je vais pas me laisser coffrer sans me battre, mon vieux. Tes tueurs de titans peuvent aller se rhabiller s'ils sont pas capables de nous choper, vu ?
Les gars, on se disperse. Furlan et Isabel acquiescent à l'unisson et j'entends leurs jets de gaz les projeter chacun dans une direction différente. Un coup d'oeil derrière : deux des poursuivants partent à leurs trousses. Il en reste deux après moi ; dont celui qui se montre le plus collant des quatre...
Vous êtes prêts ? On va voir ce que vous valez vraiment, tocards.
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]
FanficL'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me su...