LA GUILDE LANG(mars 840)Livaï

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Ma vie a considérablement changé depuis ce jour-là

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Ma vie a considérablement changé depuis ce jour-là. Si j'avais pu envisager que mettre à mort cet enfoiré me propulserait à cette place, j'aurai peut-être réfléchi à deux fois. J'aurai pu refuser, c'est vrai, mais... c'était la première fois que tant de gens semblaient attendre quelque chose de moi. Ils avaient réellement l'air paumés. J'avoue... ils m'ont fait pitié. Ils avaient besoin qu'on les purge de tout ce qu'Egon avait mis en eux.

J'ai dû m'habituer à la vie en communauté. Voir des gens aller et venir autour de moi n'est pas très facile. La plupart des gars ne vivent pas à plein temps dans la planque, ils ont leur propre chez eux dans les environs. On me dérange souvent pour des petites histoires - des rixes entre eux, des problèmes d'argent, de dettes, de filles - et on s'attend à ce que je les règle. Je m'y plie de bonne grâce, de toute façon il suffit en général que mon nom soit prononcé pour que les choses rentrent dans l'ordre. La plupart du temps, je fais surtout figure de leader en public, mais en privé c'est pas tellement le cas.

C'est plutôt Furlan qui se charge de tout. J'ai pas traîné à le propulser en tant que bras droit. Ca lui déplaît pas. C'est lui qui met en place les plans, les prix et la distribution des salaires. Il me demande toujours mon avis sur tout, mais il se débrouillerait très bien sans moi. Si je me barrais, il pourrait très bien devenir leur chef. Je lui ai demandé une fois ; mais il préfère être le second.

Sa compagnie est agréable. Il a toujours le chic pour faire en sorte de vider les lieux de la présence des autres quand je veux être seul. Mais quand j'ai envie de parler, il répond toujours présent. Je lui ai demandé de m'apprendre à mieux compter, parce que à part les livres et les bases que Kenny m'avaient enseignées, ça restait assez flou pour moi. Il s'y est beaucoup appliqué. Je suis pas aussi bon que lui en calcul mais maintenant je me défends. En retour, je lui ai montré comment mieux se servir du couteau ; y avait du boulot...

Il va sans dire que j'ai accepté de crécher dans leur planque qu'à condition qu'elle soit propre du sol ou plafond. Ils s'y sont tous mis de bon coeur et maintenant y a plus de laisser-aller. Personne ne rentre dans la maison avec les pieds crottés, j'y veille personnellement. Faut avouer que c'est plutôt cossue. C'était plus petit, là où j'habitais avant. Ici, on peut vivre sans trop se marcher dessus, même si la proximité reste trop grande pour moi. Je me suis aménagé un petit coin à moi, et seul Furlan y est invité en général. Il vient régulièrement me présenter les comptes ou m'annoncer l'ouverture d'une nouvelle boutique. Je lui fais entièrement confiance pour se charger de tout. Mon rôle réel c'est de montrer les dents quand il faut.

Quand on doit voir un chef de gang ou faire de la reconnaissance de terrain, je l'emmène toujours avec moi. Il m'accompagne toujours avec enthousiasme, même si mes sautes d'humeur semblent souvent l'angoisser. Il se met à transpirer en me regardant avec insistance pour éviter que j'aille trop loin. Il a le don de me calmer. Il a plus de sang-froid que moi en réalité ; et il parle mieux.

Je me fais facilement obéir de toute la clique. Ils reconnaissent sans peine une autorité que j'ai pas choisi d'exercer. Quand j'emmène tout le monde à l'assaut d'une charrette égarée dans le dédale de rues, ils me suivent sans hésitation, ils s'en remettent à moi au cas où ça tournerait mal. Je fais toujours en sorte que ça arrive pas, je veux pas de sang innocent sur les mains. On a eu des mauvaises rencontres avec des fusils, mais on a toujours réussi à les neutraliser sans dommages ; quelques blessés tout au plus. On revend les fusils au marché noir, ça rapporte bien. Je dois bien avouer que je gagne plus de fric depuis que je suis avec eux. C'est pas désagréable. Je pourrais bien m'offrir une baignoire... Mais personne en vend ici et aucun d'entre nous ne peut aller à l'extérieur créer des contacts. C'est ça le plus frustrant, je crois.

Furlan m'a dit hier soir, alors qu'il avait les yeux baissés sur des listes de marchandises, que je menais le gang de la façon dont l'aurait voulu Clem. J'ai levé les yeux de mon livre, je l'ai regardé et remercié silencieusement pour avoir dit ça...

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant