CE CIEL SI BLEU...(mars 844)Furlan Church

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Livaï a réussi à se glisser hors de sa chambre, je l'ai entendu

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Livaï a réussi à se glisser hors de sa chambre, je l'ai entendu. Je ne dormais pas non plus. Pas étonnant qu'il n'arrive pas à dormir ici. Je suis sûr qu'Isabel a suivi le mouvement, elle pouvait pas tenir en place tout à l'heure. Et puis, elle déteste être séparée de nous.

Je suis étonné que nos chambres ne soient pas fermées. Elles sont en général réservées aux notables qui viennent visiter le bataillon, mais elles sont inoccupées en ce moment. Très cossue, la mienne... Ils s'emmerdent pas, ces nobles. Je suis sûr que les troufions qui dorment en bas, dans les baraquements au pied du château, ont pas droit à ce luxe...

Je referme la porte sans un bruit et je rase les murs à pas de loup. Mais c'était sans compter sur Isabel, qui sait pas de montrer discrète. Je la vois sortir d'une salle, sans doute un poste de garde, les bras chargés de bouteilles de vin. Evidemment, dès qu'il y a à boire et à manger, on peut compter sur elle.

Je la rejoins en silence et met un doigt sur mes lèvres pour lui dire de se taire. Je lui demande en chuchotant si elle sait où est Livaï. Elle l'a entendu monter le grand escalier qui mène sur les remparts. Mais elle pouvait pas passer devant ce butin sans prendre sa part. Je vois, les sentinelles sont saoules, affalées sur la table. C'est peut-être pas une bonne façon de commencer, si on se met à voler dès le premier jour... Mais Isabel est très contente d'elle et il faut que je retrouve Livaï. Ce sera l'occasion de parler sans être surveillés.

On monte ensemble l'escalier étroit qui monte le long de la tour. Ca me paraît trop facile, de se déplacer comme ça au siège du bataillon sans rencontrer âme qui vive. Mais je suis persuadé que personne nous suit ou nous observe. Oh et puis, après tout...

Je pousse la porte donnant sur l'extérieur - elle est légèrement entrouverte - et on débouche sur les remparts du château, sous un magnifique ciel étoilé. Je reste bouche bée une minute, puis Isabel me montre quelque chose devant nous. La silhouette de Livaï, sombre sur le ciel sombre, mais visible grâce à sa chemise blanche. Isabel fait tomber une bouteille, qui ne se casse pas dans la chute.

Livaï nous a entendus, c'est sûr. Même plongé dans ses pensées, il garde toujours une oreille tournée vers l'extérieur. On s'approche et je lui reproche en plaisantant de pas nous avoir invités à venir regarder ce ciel magnifique. Je vois bien le couteau qu'il tourne dans sa main machinalement - il garde toujours une petite lame de secours dans sa botte, nos ravisseurs ne l'ont pas trouvée - et j'ai l'impression de pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert.

Tu veux tuer Smith, pas vrai ? Arrête d'y penser, vieux. On a un truc à faire, et si tu le tues maintenant, ça fera désordre. Les soupçons se porteront tout de suite sur nous. Te fais pas de bile. Et puis, si ça se trouve, c'est pas un mauvais bougre. Le tuer fait pas partie de nos projets... Bon, ok, seulement si c'est nécessaire, ça te va ? Bois plutôt un coup, Isabel a chouré de la gnôle.

On reste tous les trois, le nez en l'air, à savourer notre bouteille - pas mauvais, ce vin - et je leur dis tout haut qu'il paraît que les étoiles sont des grosses boules de feu qui tournent dans le ciel, mais très très loin. Isabel me répond que je divague. Je te jure que c'est vrai. Enfin on me l'a dit. Tu crois quand même pas que j'inventerais un truc pareil ?! En tout cas, elles sont incroyables vues d'ici. On a déjà vu les étoiles, à travers le puits de lumière, mais ici, elles semblent plus proches, plus brillantes... Certaines personnes croient que chacun d'entre nous a la tête reliée à l'une de ces étoiles. Qu'elles décident de notre vie à notre place. C'est plutôt effrayant, mais... laquelle est la mienne ? Franchement Livaï, tu crois que ces étoiles en ont quoi que ce soit à faire, de nous ? Elles savent même pas qu'on est là ; et puis, ça pense pas, une étoile... C'est juste beau à regarder et ça aide à rêver...

Livaï me répond que c'est pas une étoile qui tourne à des milliers de kilomètres qui lui dira comment il doit mener sa vie. Bien envoyé ! Et Smith non plus, ok, j'ai compris. On reste de nouveau silencieux pendant un moment et Livaï reprend la parole.

Il a décidé de me faire confiance ; il tuera pas Smith dans l'immédiat. M ais il compte sur moi pour trouver vite ce qu'on est venu chercher. T'as raison, vieux. Essaie juste d'éviter le blondinet autant que possible. Je souffle un peu. Quand Isabel s'exclame qu'elle me fait confiance aussi, je me détends vraiment.

J'ai plus d'appréhension. Les savoir auprès de moi me suffit pour me sentir bien...

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant