C'est jour de paie. Tout le monde a bien bossé et les parts sont plus importantes que d'habitude.
C'est moi qui divise le chiffre d'affaire entre tous nos camarades. Livaï a attrapé un couteau et s'occupe de le nettoyer consciencieusement. Il semble ne pas faire attention à nous mais je sais bien que rien ne lui échappe.
Les gars sont alignés sur le divan qu'on a réussi à dégoter au marché noir pour pas grand chose. Yan, lui, est assis dans le fauteuil, car c'est plus confortable, avec sa patte folle. Il boitille encore, et on a eu beau faire des visites régulières à l'apothicaire du centre-ville, rien ne semble le faire aller mieux. Sa jambe doit être fracturée, mais on peut pas en être sûr.
Depuis qu'on a l'équipement 3D, les affaires sont plus florissantes. Je donne ce que je dois aux potes, mais je glisse quelques billets en plus dans la liasse de Yan. Il me regarde avec surprise, mais je lui fait un clin d'oeil. Le dis pas, hein ? C'est entre nous. C'est juste que... c'est aussi un peu de ma faute ce qui lui arrive.
Je me rends bien compte que j'aurais pas dû l'autoriser à utiliser le harnais, mais il a tellement insisté... Il en avait tellement envie ! Alors je lui ai prêté le mien... Mais il faut de l'entraînement pour bien y arriver, je lui ai dis. C'est vrai qu'à nous voir, Livaï et moi, ça a l'air facile, mais ça l'est pas. Je suis resté avec lui pour être sûr que ça se passe bien, mais...
Yan est tombé et sa jambe a fait un bruit, comme un crac, qu'il a raconté... Je me suis dit que Livaï allait nous tuer - ou pire, me mettre de corvée de ménage pour le restant de mes jours - s'il apprenait ça... Livaï a pas réagi comme je le pensais, il a froncé les sourcils et dit que Yan avait eu sa leçon, que ça allait bien comme ça et qu'il allait pas en rajouter. Mais ça l'a pas empêché d'aller régulièrement chez l'herboriste pour rapporter des tisanes et des cataplasmes pour soulager Yan.
Mais son état semble s'être aggravé, sans compter qu'il souffre aussi d'arthrite chronique, et ce petit bonus en plus lui permettra peut-être d'acheter quelque chose de plus efficace. J'en doute mais... Enfin, de toute façon le prix de la vie a augmenté dans les bas-fonds, ainsi que le droit de passage de l'escalier. Mes espoirs de quitter un jour ces taudis s'éloignent de plus en plus...
Je sens les yeux de Livaï plantés dans mon dos. Je lui fais face ; il a arrêté de frotter la lame. Il me demande pourquoi j'ai donné autant à Yan. Il sait bien que je me sens coupable de pas l'avoir arrêté, disons que c'est un petit plus pris sur ma part, ça te va ? Il insiste pas et reste silencieux.
Je m'écroule dans le divan quand j'entends du bruit à la porte ; comme si quelqu'un s'était jeté dessus. Tous les gars ont eu leur part et doivent être partis s'éclater au centre-ville. Qui cela peut-il être ? Toujours trop prudent, Livaï se dirige vers l'entrée, le couteau à la main et l'expression impénétrable. Encore un coup. C'est assez. Je sors moi aussi ma lame et tourne la poignée de la porte doucement... puis je l'ouvre d'un mouvement brusque pour surprendre notre visiteur impoli.
Une masse compacte chute sur le sol, et je réalise alors qu'une fille gît sur le plancher. On dirait une gamine en vadrouille. Qu'est-ce que tu fais là, la môme ? Elle me répond, le visage contre le sol, qu'elle est pas une môme. La bouche de Livaï se tord de dégoût - elle a pas l'air très propre - et l'informe qu'il va la dégager de la planque.
La fille se lève, les mains plaquées sur le ventre, et je vois qu'elle tient quelque chose que je distingue pas bien. Sans doute un larcin... Elle s'adosse à la porte, à bout de souffle... Elle a les cheveux roux et de grands yeux bleus. Qu'est-ce qui lui est arrivé, à celle-là ? On la poursuit ?
J'entends des voix à l'extérieur, et Livaï et moi on s'approche pour mieux écouter. C'est la milice Rovoff, je reconnais l'un d'entre eux. Il discute avec ses acolytes de ce qu'ils vont faire à cette fille. Oui, c'est bien d'elle qu'ils parlent, ça me paraît évident. Elle a eu des ennuis avec eux, apparemment. On est pas du genre à se mêler des affaires des étrangers, mais... ce qu'ils évoquent entre eux concernant le sort de cette môme me plaît pas trop.
Le type nous remarque, en haut de la rampe de notre escalier, et nous demande si on a pas vu une jeune fille. Je lui dis que non, mais il semble pas me croire car il a la témérité de se diriger vers nous. Attention, mon gars, ceux qui sont autorisés à monter ici sont triés sur le volet. Et ils doivent avoir les chaussures propres, c'est obligatoire. Bastian le sait, mais il doit pas te l'avoir dit. Et il t'a aussi pas parlé de nous, à ce que je vois.
Il aperçoit la fille, toujours adossée à la porte, immobile. Mais comme on est juste devant, il se permet de mettre les formes en nous demandant de la lui livrer. Cette môme aurait apparemment tenté de franchir l'escalier sans payer. A la bonne heure ! Vous croyez tout de même pas que je vais vous laisser lui faire des saloperies pour si peu ? Et vos tarifs sont de l'escroquerie, tout le monde le sait, vous vous attendez à quoi ?
Le voilà qui me sort le nom de Rovoff. Eh, mon vieux, je vis ici depuis plus longtemps que toi, tu me prends pour qui ? Citer le nom de ton patron m'impressionne pas. Et tu ennuies Livaï, là. Il vaut mieux pas l'ennuyer, tu vois ?
Oh merde, le type s'avance vers nous en se marrant. Il pense que son patron est un laisser-passer universel ou quoi ? Il franchit le seuil et... comble de malchance pour lui, il a la mauvaise idée de mettre sa sale main sur l'épaule de Livaï en passant...
Aïe... Livaï, s'il te plaît, essaie de pas mettre du sang partout...
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Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]
FanfictionL'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité... Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me su...