AU VOL ON RECONNAÎT L'OISEAU(juillet 841)Furlan Church

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Ah, le voilà enfin

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Ah, le voilà enfin. Il a pris son temps. Je suis pas aussi enthousiaste que lui à propos du harnais même si j'aime m'en servir. Je préfère quand même ce bon vieux sol ferme sous mes pieds !

Mais c'était très marrant de mettre la misère aux brigades spéciales. On les a largués comme des nazes sur les hauteurs du quartier nord, à croire que c'était leur première fois. Que des débutants comme nous aient réussi à leur échapper relève du miracle ; ou c'est simplement que Livaï a été un bon professeur.

Il a vraiment su gérer tout ça avec brio. En un mois, on était opérationnels. Et comme on connaît mieux la ville que ces fonctionnaires débiles, ça a pas été dur de réellement s'approprier les hauteurs des bas-fonds. Mais ils reviendront, c'est évident. Plus on leur file entre les doigts, plus ils doivent se vexer, les pauvres ! Ca nous fait bien rigoler, tous ! Quand Livaï raconte aux autres ce qui nous est arrivé, il s'anime comme jamais, son visage revit les évènements et on s'y croirait vraiment. Il sait bien conter les histoires quand il veut.

Je ne sais pas si Livaï y pense aussi, mais moi, j'ai plein d'idées de nouveaux raids. Avec cet équipement, on pourrait attirer l'attention des livreurs armés ; tandis qu'ils essaieraient de nous canarder, les autres pourraient les neutraliser et s'emparer du butin. On a encore perdu deux gars le mois dernier, plus un autre blessé. Cette méthode permettrait de plus perdre personne, enfin je crois. Il faut que j'en parle à Livaï. Il doit avoir en tête de réelles applications offensives avec le harnais. Il est le meilleur pour mettre au point des stratégies d'attaque.

Yan est le plus admiratif. Il m'a officiellement demandé s'il pouvait essayer le harnais lui aussi. Hm, je sais pas trop, c'est dangereux quand on sait pas s'en servir. Je me souviens avoir frôlé la mort plus d'une fois lors de mon entraînement. Et Yan est pas super doué, plutôt du genre maladroit. Je suis pas sûr qu'il s'en sortirait... Je lui ai pas dit non, mais pas tout de suite.

En plus, on a un autre problème, qui va réclamer un peu de fric pour y remédier.

Livaï grogne qu'il a plus de gaz. Ouais, moi aussi, je vais être bientôt à sec, tu lis dans mes pensées, que je lui réponds. Il s'assoit, et commence à se défaire des courroies. Il laisse tomber les pièces sur son lit, très doucement, pour pas les abîmer. J'ai bien compris qu'il y tenait autant qu'à sa vie ; autant qu'à ce foulard blanc qu'il met parfois autour du cou ou qu'il conserve au fond de sa poche.

Une fois débarrassé, il se déshabille complètement - le voir à poil me dérange plus depuis longtemps - et se dirige vers le coin toilette. Il se lavera pendant quelques minutes dans le baquet, jettera l'eau dehors et viendra se faire un thé. Je vois sa silhouette du coin de l'oeil se dessiner sur le petit paravent. Une odeur de savon fleuri embaume la pièce. Je m'approche et je lui dis qu'il faut se procurer des recharges au marché noir ; la milice Rovoff en vend, je crois. Il me répond entre deux éclaboussements qu'on ira dès demain.

Et aussi que le prochain raid sera aérien. On va enfin pouvoir mettre nos stratégies à l'épreuve. Je m'en frotte les mains. Pour la peine, c'est moi qui fais le thé. Noir, comme d'habitude. Le nouveau pigeon qu'on plume en fait le commerce, on a donc plus à l'acheter. Ca fait partie des trucs que Livaï se garde toujours de côté.

Je lui mets des fringues propres sur le paravent pendant qu'il se sèche et je pose ensuite la théière sur la petite table. Sa chambre est presque devenue notre quartier général maintenant. Elle a une cheminée, et il y fait bon même en hiver. On laisse le reste de la planque aux autres.

Il sort enfin, bien propre, le baquet d'eau sale dans les bras et va en jeter le contenu derrière la maison. Ces derniers temps, il a l'air vraiment satisfait. A cause du joujou qu'il met sur ses genoux et entreprend de nettoyer à fond. Avec un onguent à base de savon et d'huile, on peut garder le harnais en bon état. Le cuir reste bien souple avec ça. Je suis son exemple.

Il prend une gorgée de thé et me dit alors qu'il faudra faire davantage attention aux brigades spéciales si on se met à opérer avec le harnais. La milice Rovoff s'en fout royalement, mais on va faire davantage parler de nous. Bah, mon pote, on les distance sans peine. On va recharger notre gaz et ce sera comme d'habitude. Il me sourit - de sa manière à lui - au-dessus de la bougie et reprend son ouvrage en hochant la tête en silence.

Les Chroniques de Livaï ~ Tome 1 [+13]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant