La ville de cendres partie 2

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 — Putain de merde ! grogne le Défenseur.

Des coups de feu résonnent.

— Nolan ! Que se passe-t-il ? s'enquiert Cécile.

— Ils nous encerclent ! Ils sont des milliers !

Cécile laisse tomber l'émetteur alors que des hurlements d'effroi et des cris de bêtes sauvages raisonnent dans l'appareil.

— Masque ! crie-t-elle.

Aussitôt Arasu ouvre une grosse boîte et lui lance une boule en plastique qu'elle pose sur son visage, instantanément le masque l'enveloppe.

Elle attrape un fusil et sort de la voiture en s'écriant :

— Fritz, les autres et toi, surveillez les convois.

Saturn se retourne et demande un masque à son tour. J'en attrape un pour lui et un pour moi. Eric s'en sert également. Nous devons aller voir ce qu'il se passe là-bas.

— Érine ! s'exclame mon frère qui a été réveillé par les cris et tente de me retenir.

— Reste-là avec Jasmine ! lui dis-je en mettant mon parka.

— Qu'est-ce que... ? s'enquiert à son tour Palma en ouvrant les yeux.

Réto nous donne des lance-corde et une ceinture d'escalade, puis nous ouvre la porte. Dini et deux autres Défenseurs dans le camion d'à côté nous imitent et descendent du véhicule.

Mes pieds atterrissent dans un amas de cendres, faisant voler les résidus autour de moi. Je contemple les alentours, des petites boules de cendre tombent du ciel comme des flocons de neige. Il n'y a rien qu'un champ de cendres qui s'étend à perte de vue. Qu'a donc manigancé Helka ici ? C'est bien pire que les ruines de Parisiorum. Quoi qu'il en soit, pour l'heure, ce n'est pas le problème. J'inspire profondément et tourne les talons pour rejoindre les autres.

Je vise le sommet du mur puis attache la corde au harnais de ma ceinture. Je grimpe alors le long du mur me servant uniquement de mes pieds, comme si j'avais fait ça toute ma vie, mais je suis à la traîne par rapport aux autres.

Lorsque j'arrive à destination,  Réto pousse un juron en éclairant les rues de la Cité.

Ma respiration se coupe en voyant un nombre effroyable de Dévihomulus agglutinés près d'un grand bâtiment tout noir.

Cécile tire brusquement dans le ciel. En entendant le coup de feu, les créatures se retournent, bougeant la tête dans tous les sens à notre recherche et se ruent vers le mur... vers nous. Ils se bousculent, se poussent, se battent pour se frayer un chemin jusqu'au mur. Certains tombent, leur peau est tellement grise qu'ils se confondent avec le tapis de cendres, on ne les distingue même plus.

Près du mur, ils grimpent les uns sur les autres pour tenter de nous rejoindre, mais en vain.

— On ne pourra pas passer par ici ! Nous n'avons pas assez de micro-bombes. Ils sont beaucoup trop nombreux, ils finiront par nous bloquer le passage ! confie l'un des Défenseurs.

— Pourquoi ne pas contourner la ville ? s'enquiert Réto.

Saturn secoue la tête et lui montre la tablette de Dimitri en lui expliquant :

— Il y a une rivière et le seul moyen de la traverser, c'est le pont qui se trouve dans cette ville fortifiée.

— Bon sang ! grogne Dini en observant lui aussi la tablette de Dimitri.

— Alors, il faut prendre un autre itinéraire ! déclare le Défenseur.

— On peut faire demi-tour, aller jusqu'à Nuremberg, puis partir vers Graz et continuer jusqu'au Centre de Bienséance, comme on l'a fait la dernière fois avec Dimitri, confie Eric.

— Sauf que la dernière fois, il n'y avait pas d'Askaris à Graz. C'est pour cela que Dimitri a privilégié un détour par ici, annonce Saturn. D'après l'APS, nous pourrions faire demi-tour vers Nuremberg, prendre la direction de Dresde, puis Wroclaw, Lvil, et redescendre vers Sofia pour rejoindre le Centre. Mais ça prendra quatre à cinq jours.

— On ne pourra pas, ça nous fera un bien trop grand détour et nous n'aurons pas assez d'essence et de vivres pour tout le monde. Traverser cette ville est le seul moyen qu'il nous reste pour éviter les troupes Askaris et atteindre le Centre de Bienséance le plus rapidement possible, affirme alors Cécile.

— Mais comment est-ce qu'on va éliminer toutes ces créatures ? questionne Eric en tendant le bras vers eux.

Saturn s'accroupit et les observe.

— Il faudrait une élimination de masse... J'ai vu que vous aviez un missile.

Cécile remue la tête.

— C'est une bombe logique, celle qui servira à envoyer le brouilleur de Dimitri.

Saturn plisse les yeux et reste circonspect.

— Et pourquoi ne pas utiliser des bidons d'essence et du feu ? s'enquiert-il. On les asperge d'essence et le tour est joué... Mais il faudra les conduire loin de la route principale.

Dini éclate de rire, ce qui provoque un rugissement de Dévihomulus qui s'excitent à l'idée de pouvoir dévorer de la chair fraîche.

— Comment veux-tu qu'ils te suivent ? Avant même que tu poses les pieds en bas, ils t'auront encerclé ! C'est se jeter dans la gueule du loup, petit ! présage Dini.

Les Défenseurs se mordent les lèvres, réfléchissant à un moyen de venir à bout de toutes ces créatures.

Je plisse les yeux et pense à ce qu'il s'est passé le jour où nous étions allés cueillir des pommes dans le champ. Les Dévihomulus qui m'évitaient... Instinctivement, je me déplace le long du mur et m'éloigne du groupe. Les Dévihomulus gardent les yeux rivés sur mes compagnons.

— Cécile, déplacez-vous vers la gauche ! lui intimé-je.

Elle me fixe, se demandant pourquoi je lui demande une telle chose.

— S'il vous plait, faites ce que je vous dis.

Elle s'exécute alors et certains Dévihomulus essaient de bondir vers elle.

— Qu'y a-t-il ? s'enquiert-elle.

Je la regarde, elle et tous les autres.

— Déplacez-vous vers la gauche.

Saturn échange un regard intrigué avec moi, puis se dirige sur sa gauche. Les Dévihomulus s'agitent aussitôt. Eric, curieux, fixe son camarade puis l'imite. Les Dévihomulus portent aussitôt leur attention sur lui.

Je commence à faire des va-et-vient sur la large bordure du mur sous le regard de Cécile qui écarquille les yeux.

— Dini, Réto, Craig, Simon, déplacez-vous ! ordonne-t-elle aussitôt en commençant à comprendre.

Les Défenseurs obtempèrent, la réaction des Dévihomulus est radicale, ils se déplacent en les suivant des yeux.

— Qu'y a-t-il ? s'écrie Dini. À quoi ça sert de les déplacer ? Si vous pensez les étourdir, c'est raté.

— Non ! C'est Érine ! On va l'envoyer en bas ! annonce Cécile.  


Érine va partir seule dans la ville, les Dévihomulus ne sont pas intéressés par elle...

Mais ne craint-elle vraiment rien ? 

La suite samedi prochain 

Bon après midi ^^

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant