A Girl Revolt - Tome 3

37. LE VOTE (Érine)

L'assemblée reste bouche bée devant la vidéo. La seule et unique vidéo d'Anne Syénite que Dame Andromède ait conservée. C'est son arrière-grand-mère qui l'avait interviewée. Elle avait soigneusement sauvegardé la vidéo, attendant qu'un jour certaines femmes prennent conscience que le monde n'était pas aussi utopique. Dame Andromède en avait eu connaissance grâce à sa grand-mère, et heureusement qu'elle avait réussi à en faire une copie avant que sa mère ne la détruise.

— Ceci est le dernier message de notre Fondatrice, dis-je. Comme vous le voyez sur l'enregistrement, elle date du 29 septembre de l'an 40, soit la veille de sa mort. Ce sont ses dernières volontés. Une volonté dont la Grande Dominica connaissait l'existence, mais qu'elle nous a cachée. Notre Fondatrice voulait que nous, la génération future, mettions un terme au dominationem. Elle souhaitait que nous trouvions un autre moyen pour que nous puissions tous vivre en paix. Mais aujourd'hui, Helka De La Costa invente des dominationems pour les femmes. Nous ne pouvons pas la laisser faire ! Elle va à l'encontre du souhait de notre Fondatrice ! C'est pourquoi, pour ce faire, vous devez nous faire confiance. Ce combat n'est pas uniquement le mien... C'est aussi le vôtre. Celui de toutes les femmes et celui des Masculins. Nous sommes humains et comme l'a dit Anne Syénite, nous avons tous besoin de nos émotions pour vivre. Femmes et hommes. Et alors, le monde de notre Fondatrice deviendra utopique.

Des brouhahas recommencent. Je serre les poings, c'était mon dernier atout. J'espère qu'elles vont accepter.

Dame Peterson, qui est retournée à son siège, frappe son maillet.

— Mes Dames. Nous sommes dans l'urgence. Dans une dizaine de minutes, notre huis clos sera perceptible par le réseau de Sécurité de Grèce. Helka De La Costa doit être destituée. C'est une évidence. Mais notre vie peut être en jeu. Devons-nous lui envoyer un mandat, alors même que, j'en suis persuadée cela ne l'arrêtera pas ? Ou bien, devons-nous faire confiance à notre jeune Dame De Blonay et la destituer une fois qu'elle ne sera plus la Chef des Commandants ?

— Procédons à un vote, dit Dame Durand. Qui est pour que nous lui envoyions un mandat ?

Les femmes se regardent entre elles, puis Dame Laurence se lève. Une dame à côté d'elle, également, puis une troisième, tout en haut de l'amphithéâtre. Les trois femmes observent les autres femmes, espérant qu'une d'entre elles suive leur exemple. Mais deux minutes plus tard, aucune personne ne s'est redressée.

Les juges frappent contre leur table.

— Bien, trois personnes pour le mandat, constate Dame Gunther. Qui vote pour faire confiance aux Délatrices et aux Masculins ?

Je hausse les sourcils en voyant que tous les autres membres de l'assemblée se lèvent.

— Au vu de ce qu'il s'est passé cette nuit à Parisiorum, au vu des preuves que vous nous avez montrées, et au vu des dernières volontés de notre Fondatrice, j'ai bien peur que nous ne puissions faire confiance à Dame De La Costa, commente l'une d'elles. (Dame Reine, la Chef du Département des médias.)

— Nous devons lui retirer le pouvoir de contrôler les Commandants et les Askaris, nous en avons conscience, poursuit une Dame aux cheveux roux (un hologramme). Et la seule façon d'en venir à bout est l'aide d'anciens Askaris et d'un ancien Commandant. Commandant Cécile Stein, êtes-vous prête à nous aider ?

—Oui, répond-elle.

Je pousse un soupir de soulagement. Elles sont d'accord ! Mais quelque chose m'inquiète.

— Il y a d'autres soucis ! Le TX ! On ne peut plus l'utiliser ! Il faut arrêter sa production ! déclaré-je. À cause de lui, on peut muter en Dévihomulus ! Et en ce qui concerne la fin des dominationems ? Je sais que vous avez peur que tout redevienne comme à l'époque de la Grande Terreur... Mais ça n'arrivera pas si nous éduquons les Masculins comme il le faut ! Et surtout si nous les traitons comme des égaux ! Nous devons retisser des liens... Nous devons leur donner la place qu'ils méritent...