A Girl Revolt - Tome 3

48.RIEN N'EST PERDU (Saturn)

partie 1

Nous quittons l'aérogare et rejoignons la ville. Elle est complètement méconnaissable. On dirait un champ de guerre. Des incendies font rage un peu partout, des débris parsèment le sol, des corps fracassés par des projections de verre ou de métal ou encore écrasés par des blocs de béton gisent dans une mare de sang, des créatures se battent pour un cadavre ou mangent des restes humains. Cette scène sinistre fait naître en moi une boule qui vient bloquer ma respiration.. Bon sang, comment la Grande Dominica a pu faire ça ?

Un Dévi pousse soudainement une plainte près de nous. Je me retourne. J'en ai les yeux exorbités en le voyant. Il marche sur ses pieds, son corps n'est pas aussi pâle que ceux des ruines, et il porte les vêtements des blessées de l'hôpital. Je reste stupéfait. On dirait un blessé qui venait de recevoir les soins.

Il se dirige vers nous, un filet de sang suspendu à son menton. Brusquement, sa tête explose. Un Askaris a tiré. Les autres soldats déploient aussitôt leurs armes et éliminent les Dévis autour de nous. Je prends une profonde inspiration pour garder mon calme et réfléchir. Ne laissons pas ce désastre nous abattre. Pour l'instant, atteignons le Centre de Sécurité. J'ordonne alors aux Askaris de nettoyer la ville avant de reprendre la route, accompagné de notre otage, son Masculin, Eric et Enzo.

Nous nous engageons dans une rue bordée de boutiques et nous nous immobilisons en voyant plusieurs Dévis qui fouillent désespérément dans les gravats pour récupérer des cadavres. En nous apercevant, ils se ruent immédiatement vers nous. Nous en éliminons quelques-uns, quand soudain, une charpente en feu s'écroule et écrase les autres créatures.

Je contemple l'un des Dévihomulus que je viens de tuer. On dirait une jeune fille, encore plus jeune qu'Érine. Ses vêtements... Ceux des hôpitaux.

— Saturn, ça va ? s'enquiert Eric.

Je hoche lentement la tête et me tourne vers la scientifique.

— Madame, vous avez dit être une experte des Dévihomulus. Alors pouvez-vous nous dire depuis quand cette personne a muté ?

— Pardon ? s'écrie la scientifique.

— Cette fille a muté en Dévi... répété-je.

Elle fronce les sourcils, s'approche du cadavre et l'examine.

— Ciel, c'est la première fois que je vois ça... Comment est-ce possible ? Les personnes blessées meurent... Elles ne mutent jamais !

— Non, elles peuvent muter, l'informe Eric, lorsqu'elles boivent du sang de Dévi !

La stupéfaction se lit sur son visage. J'ai l'impression que la Grande Dominica a caché certaines choses à ses scientifiques.

Nous reprenons la route. Des Trakars passent au-dessus de nos têtes et s'arrêtent devant un corps étendu au sol, en feu. Ils l'arrosent d'eau pour éteindre le feu et font demi-tour. Plus nous nous rapprochons du centre de la Cité, plus les rues sont jonchées de corps enflammés.

— Que s'est-il passé, ici ? s'enquiert la scientifique.

Nous serpentons entre les corps, les flammes et les Trakars qui ne cessent de faire des allers-retours pour éteindre les foyers de feu. J'ai une boule d'angoisse qui grandit dans mon estomac. Tout ça n'aurait pas dû se produire. Notre plan, encore une fois, vient de se solder en échec !

C'est alors que des coups de feu attirent mon attention. Un groupe de survivants est poursuivi par des Dévis.

— Continuez vers le Centre de Sécurité ! crie une Gardienne en tirant sur un Dévi.