47.LE CHANTAGE DE LA GRANDE DOMINICA (Saturn)

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partie 1

Enzo m'attrape le poignet avant que je ne quitte la salle du Vork.

— Saturn ! Qu'y a-t-il ?

— Érine ! Il lui est arrivé quelque chose ?! Je dois absolument rentrer à Parisiorum !

J'entends mon cœur battre fortement comme s'il s'était logé dans mon oreille.

— Tu comptes partir comment ? À pieds ? Ça nous prendra encore trois bonnes heures ! Nous avons accompli notre mission, et nous avons maintenant une base Askaris ! Alors pourquoi ne pas en profiter ! S'il se passe quelque chose à Parisiorum alors autant ne pas rentrer seul !

Je prends une profonde inspiration et hoche la tête. L'inquiétude semble ne pas avoir bon effet sur moi.

— Ça y est ! s'écrie Éric. Ils sont tous sous notre contrôle. Enfin, il y en a deux qui ne le sont pas.

Je fronce les sourcils et me rapproche de l'ordinateur. Je fixe les jauges et Eric m'en montre deux.

— Comment est-ce possible ?

— Aucune idée. J'essaie de les réinitialiser mais à chaque fois, ça s'arrête !

Je fronce les sourcils. Ce n'est pas normal. Mon regard se porte ensuite sur le corps étendu de 5008. Comment a-t-il pu nous trahir ? À moins qu'une personne ait touché à son dominationem. Mais qui ?

— Allons dans la salle de contrôle. Il faut qu'on établisse le contact avec Parisiorum !

Eric dépose une bombe sur le Vork avant que nous quittions la salle.

Dans la salle de contrôle, je m'installe devant un moniteur pour joindre le Centre de Sécurité. Personne ne répond et brusquement, sur l'écran, apparaît une image : une rue dans laquelle des femmes sont en train de courir, des Dévihomulus les poursuivant.

— Bon sang, qu'est-ce que... commence Eric.

La Grande Dominica jaillit alors à l'écran.

— Concitoyennes. Récemment, j'ai appris que vous étiez sur le point de mener un coup d'état ! Je trouve cela vraiment inadmissible, lamentable et j'en suis peinée. Alors comme vous pouvez le constater (la vidéo montrant les femmes s'enfuir recouvre alors une partie de l'écran), en ce moment, j'ai décidé de punir les citoyennes de Parisiorum.

Je serre les poings. Ce n'est pas possible.

— Et je n'hésiterai pas à punir également toutes les Cités d'Europa. Je suis la Grande Dominica, l'Autorité Suprême que vous avez élue ! Tout ce que je fais est pour votre bien ! Je m'adresse à toutes les autres Cités de Nouvelle Europa, ce qui arrive à Parisiorum peut également vous arriver ! J'ai des milliers de femmes dans chacune de vos cités qui sont actuellement munies de bombes. Je vais vous laisser une nouvelle chance. Comme vous le savez, j'ai inventé une puce qui vous permet de mettre à jour le dominationem par la pensée. Il se trouve que plus de la moitié d'entre vous ne l'a pas adoptée. Je vous laisse quatre heures. Si dans quatre heures, je ne vois pas le nombre de femmes ayant intégré la puce augmenter, et si le Conseils des Cités ne se résolvent pas à me reconnaître comme Autorité Suprême, alors je ferai exploser les bombes. Le compte à rebours commence maintenant.

Un minuteur indiquant 4:00:00 s'affiche. Les vidéos diffusent maintenant des images de différentes Cités où des femmes, immobiles, à divers endroits, le regard vide, se tiennent.

— Seraient-elles sous l'effet du dominationem G ? interroge Eric.

— On dirait bien que oui, murmuré-je.

— Bon sang ! Il faut à tout prix qu'on arrête ça !

— Il faut d'abord qu'on se rende à Parisiorum ! dis-je.

Je pianote sur le moniteur pour essayer de prendre contact avec Parisiorum. Il faut que je les avertisse que nous avons réussi. Après quelques minutes qui me semblent interminables, quelqu'un finit par me répondre.

— Lucien ! interpelle Enzo.

— Saturn, Enzo, Eric ! Bon sang ! Où êtes-vous ?! On a besoin de vous ! C'est la panique ici !

— On l'a vu, dis-je. Nous allons venir avec du renfort !

— Du renfort ?

Nous opinons du chef.

— Nous avons pris possession d'une base Askaris avec ses 196 hommes ! annonce Enzo.

— 194, rectifie Eric. Il y en a deux qui... (il regarde une caméra de surveillance) qui nous cherchent.

Je fronce les sourcils et voit deux gros molosses s'introduire dans le bâtiment principal.

— Lucien, nous allons vous rejoindre avec du renfort ! Avertis Dame De Capistran et toutes les chefs des autres Cités.

— D'accord !

On entend soudain une sorte d'explosion. L'écran se brouille et lorsque nous revoyons Lucien, il se redresse, sous le choc, en regardant autour de lui. Des Gardiennes se précipitent dans tous les sens derrière lui.

— Lucien ! Est-ce que ça va ? Qu'est-ce que c'était ? m'enquiers-je.

Il nous regarde.

— Il semblerait que le dôme se soit ouvert pour permettre à un vaisseau de s'en aller, sauf que les autorités ne savent pas qui a quitté Parisiorum.

Je fronce les sourcils. Un vaisseau...

— Lucien, il faut que tu retrouves Érine pour moi s'il te plaît ! Je ne reçois plus le contact de sa montre !

Il n'a pas le temps de me répondre, la communication se coupe et l'écran se brouille. Je serre les poings, pourvu qu'elle n'ait rien de grave.

— Eric, on prend tout ! Les véhicules, les vaisseaux, les GHIRCS et les armes ! On rentre à Parisiorum avec la troupe.

Eric acquiesce et pianote sur la tablette pour indiquer aux Askaris ce qu'ils doivent faire.

— Ça vous dit de descendre par les escaliers de secours ? Les deux molosses arrivent bientôt ! Alerte Enzo en regardant les caméras de surveillance.

Nous quittons aussitôt la salle de contrôle et traversons le couloir pour emprunter les issues de secours. Nous dévalons les escaliers à toute vitesse. À l'extérieur, les Askaris sont tous en train de prendre les armes et chargent les vaisseaux. Les cages dans lesquelles se trouvent des Dévihomulus sont à l'abandon. Ces derniers poussent des cris et frappent les barreaux.

— Hey ! Mais qu'est-ce qu'il se passe bordel ! j'entends soudain. 

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant