26.DESTINATION CUBA (Érine)

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Partie 1


Je m'éveille.

Mère est assise à ma table et pianote sur une tablette transparente. Elle tourne sa tête vers moi.

— Bonjour Tueuse 2. Comment te sens-tu aujourd'hui ?

— En forme, j'attends vos ordres. Notamment l'autorisation de partir pour le laboratoire de Cuba.

Elle me gratifie d'un sourire, puis se lève de son siège et s'asseoit au bord de mon lit.

— Le commandant Giselle a fini de tout préparer pour ton voyage. Deux de ses Askaris t'accompagneront sur l'île et te conduiront jusqu'au laboratoire... Mais ils ne pourront pas s'y engouffrer... Te souviens-tu de ce que je t'ai dit ?

— Oui, il y a un gaz toxique... Ils pourraient se transformer s' ils m'accompagnent.

Elle me montre ensuite sa tablette.

— J'ai là, dans ma tablette, le plan du laboratoire. Je sais qu'il doit être en fâcheux état maintenant, mais les loges du docteur Barnasso sont toujours aux mêmes endroits. Le plan te sera donc utile. Je vais te l'envoyer.

Elle pianote sur sa tablette et quelques secondes plus tard l'écran de ma lentille de contacte s'allume. Je reçois le plan.

— Elle a caché ce que je cherche dans un coffre-fort. Pour l'ouvrir, tu devras utiliser un code d'accès. Le voici.

Je plisse les yeux.

La voix d'une femme âgée résonne dans ma tête. On dirait un enregistrement. Mais un enregistrement où les mots sont entrecoupés par des grésillements.

« (...) le code d'accès est M5... Je n'ai pas de forme propre, ni de volume, il faut me sublimer... 573... 1 ATM... (...) en sécurité... Je rentre toujours la première et je sors toujours la dernière... dans labo R8... »

Je fronce les sourcils et regarde Mère dans les yeux.

— Je sais, c'est une petite énigme. Mais je suis sûre que tu la décèleras. Et si jamais tu détecte quelque chose d'anormal dans le laboratoire qui concerne les Dévihomulus, rapporte-le-moi.

J'opine du chef.

— Bien, alors prépare-toi. Enfile les vêtements spéciaux que j'ai déposé sur la commode. Ensuite, rejoins-moi dans l'Arsenal.

Je prends une douche, me change et me brosse les dents.

En me regardant dans la glace, je constate que mes cheveux commencent à pousser. Mes lèvres s'étirent aussitôt. Je me sens, je ne sais pas, légère... et j'ai envie de sauter de joie en voyant ça.

Je fronce les sourcils. La joie. Qu'est-ce que c'est ?

Je cligne d'un œil pour faire appel à Cael.

— Cael, qu'est-ce que la joie ?

— Ce mot n'existe pas dans mes données.

Je me pince les lèvres puis cligne des yeux. J'attrape ensuite le bonnet noir pour recouvrir ma tête. J'enfile mes bottes de randonnées et quitte la chambre.

Je rejoins le commandant Giselle et Mère dans l'Arsenal. Deux Askaris s'y trouvent également.

— Voici 319 et 5008, me présente Giselle. Ils te conduiront à quelques mètres du laboratoire. Ensuite, tu partiras avec ta créature. Nous l'avons transporté dans le vaisseau. Il est endormi, il se réveillera dès que vous arriverez à Cuba. (Elle me donne les Neuronalinks) Tes armes y sont déjà ! 319 et 5008 te les donneront.

Je hoche la tête et mère s'approche de moi, me montrant une capsule en verre, contenant un liquide bleu dedans.

— Quand tu arriveras dans le dôme qui sécurise le périmètre du laboratoire, je veux que tu tournes cette capsule. C'est un gaz qui permettra de désinfecter la zone et dans quelques jours, l'endroit sera à nouveau accessible aux Askaris.

Je prends la capsule. Mère pose la main sur mon épaule et ajoute :

— Tu ne quitteras pas le laboratoire tant que tu n'auras pas la chose. Va et reviens vite. Nous devrons ensuite trouver Tueuse 1.

J'acquiesce et me tourne vers les Askaris qui me font signe de les suivre.

Nous allons dans le hangar, et entrons dans un vaisseau. Le Dévihomulus est dans une cellule en verre, allongé sur le sol. Je m'approche de lui et le regarde. Étrangement, j'ai un pincement au cœur en le voyant dans cet état.

— Érine, enfin Tueuse 2, va t'asseoir.

Je me tourne vers l'Askaris qui me parle et le regarde. Érine ? Qui est-ce et pourquoi m'avoir appelée ainsi ?

— Qui est Érine ? Lui demandé-je.

— Personne, répond-il. Je me suis trompé, c'est tout.

Il pénètre dans le cockpit. Je le suis pour m'installer à un siège. Les deux Askaris appuient sur les boutons de commandes et les grandes portes s'ouvrent devant nous. La neige tombe dru à l'extérieur. Et on dirait même qu'une tempête se prépare.

Les Askaris font décoller le vaisseau et quitte le hangar. Plus nous prenons de l'altitude, plus je remarque que la base est recouverte de neige, ou plutôt elle se trouve bien camouflée dans une montagne enneigée. Autour d'elle, des conifères recouverts de blanc s'étendent à perte de vue.

— Où sommes-nous ici ? questionné-je.

— Utsjoki, sur les anciennes terres scandinaves, répond 319.

Je fixe le paysage. Il semble ne pas avoir âme qui vive ici.

— La civilisation ? Je poursuis.

— Il y a bien longtemps qu'elle n'existe plus sur les territoires du nord.

Je bats des paupières pour faire appel à Cael et lui raconter ce qu'il s'est passé ici. Un changement climatique, m'apprend-t-il, suivie d'une épidémie qui a décimée une bonne partie de la population. Les survivants ont ensuite immigré vers les territoires du sud de Norway.

Je pose ma tête contre le dossier de mon siège et observe les nuages, les lueurs du soleil qui traversent la vitre me réchauffent. Je ferme les yeux pour en profiter et attends que nous arrivions à destination. 

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant