Je reste à la porte tandis que Doc s'accroupit devant la petite fille.
Ses yeux sont fermés, ses cheveux noirs cascadent sur ses épaules. Elle porte des vêtements d'hôpitaux. Je baisse mon arme.
— Salut, petite, est-ce que ça va ? s'enquiert Doc.
Elle redresse la tête et ouvre les yeux. Je hausse les sourcils... ses yeux... on dirait...
Elle fixe Doc d'un air innocent et tout à coup, elle lui saute au cou. Doc pousse un cri alors que la fille a la tête engouffrée dans son épaule. Il la frappe ensuite et la repousse. Du sang dégouline de la bouche de la fillette qui se met à rire machiavéliquement. Elle se jette à nouveau sur Dimitri qui lui donne un coup de pied. Elle se cogne contre le lit mais se redresse rapidement.
— Saturn ! hurle Doc.
La fillette se tourne vers moi et s'élance vers le plafond. Elle y reste collée comme les spiders-dévis et elle tire sa langue qui s'allonge, devenant surdimensionnée. À cet instant, je ne réfléchis plus et tire. Sa tête éclate et son corps s'écrase aux pieds de Doc. Ce dernier a le souffle saccadé, encore sous le choc, et sa peau a gravement pâli.
Je l'aide à se relever et regarde sa plaie. Elle lui a arraché la peau.
— Il faut vite vous donner le sérum !
— Putain de merde ! grogne-t-il en vacillant vers l'ascenseur.
Dès qu'il y arrive, il s'aide de la paroi pour tenir debout. Sa respiration devient irrégulière et il commence à tousser.
Il a été mordu par une autre espèce de Dévihomulus qui avait encore une apparence humaine. Je me demande même si le sérum va fonctionner...
Les portes de la cabine s'ouvrent. Doc se précipite vers le tunnel, en titubant.
— Putain, j'ai soif, j'ai soif ! grogne Doc.
— Doc, laissez-moi vous aider...
Brusquement, il s'effondre. Je me dirige vers lui et le retourne. Il sue et son corps entier tremble. C'est comme dans le laboratoire toxique où l'on a trouvé Érine, non pire, le virus agit instantanément.
Un bip retentit dans mon oreille. Je prends la communication.
— Saturn ! Ton commandant a dit de tuer Doc !
Je plisse les yeux.
— Quoi ?
— On a vu ce qui s'est passé... On voulait vous joindre pour vous empêcher d'entrer, mais impossible d'avoir la communication lorsque vous étiez dans les niveaux inférieurs. Le commandant a dit qu'une personne mordue par ce type de Dévihomulus mute en moins de dix minutes.
Je bats des paupières et observe Doc qui ne respire pratiquement pas.
— Tu en es sûr ? On peut, peut-être, encore le soigner !
— J'ai chargé Abdel d'aller chercher le sérum, mais ton commandant a dit que ça ne servirait à rien... apparemment c'est une autre souche du virus D.
Je me mords les lèvres et fixe Doc dont le corps commence à soubresauter. Je m'écarte de lui et pointe mon arme sur lui.
Il se tourne subitement sur le côté et vomis, avant de perdre connaissance derechef.
— Bon sang, Saturn, on fait quoi ? questionne Enzo.
— Je vais rester là et attendre que Abdel revienne avec le sérum... S'il se lève et qu'il n'est plus le même, alors je le tue. Dis à Gayes de prévenir Dame Dashing de la situation !
— Oui, je dis aux autres de te rejoindre au cas où.
— Merci.
Il coupe la communication et j'observe à nouveau Doc. J'aurais dû faire plus attention. Quoi que non, ce n'est pas de ma faute. Je l'avais prévenu qu'on devait être vigilant et il ne m'a pas écouté.
Quelques minutes plus tard, j'entends mes compagnons m'appeler.
— Je suis là ! Je réponds.
Ils me rejoignent et leurs regards se posent instantanément sur Doc, avachi sur le sol.
— C'est vrai ce que nous a dit Enzo ? interroge Lucien.
J'opine du chef.
— Bon sang, soupire Eric, il faut quand même avouer que même si notre commandant est une ennemie, elle a toujours raison... quand il s'agit de problèmes.
Le corps de Doc est soudain pris de spasmes. Instinctivement, mes compagnons s'écartent de lui et braquent leurs armes dans sa direction.
Plus personne ne parle. On attend qu'il se lève. Prêt à l'abattre s'il n'est plus lui-même.
Nous restons concentrés sur notre cible quand soudain, on n'entend Abdel qui nous interpelle au loin. Au même moment, les yeux de Doc s'ouvrent, vitreux, ensanglantés. Il hoquette, un long filet de bile dégouline de sa bouche, et ses yeux qui se dirigent à gauche à droite, se posent sur chacun de nous. Il se lève soudainement en kick up et fait craquer ses os. Il pousse un grognement avant de s'avancer et nous tirons. Son corps valdingue sous l'effet de la rafale de balles. Les feux cessent. Dans son front, il y a un énorme trou. Doc s'écrase sur le sol et on entend Abdel crier :
— J'ai le sérum !
Nous baissons tous nos armes et fixons Doc.
— Nom d'un chien, soupire Abdel en voyant son corps, je suis arrivé trop tard ?
C'est étrange, j'ai le cœur serré. J'ai toujours pensé que je le tuerai le jour où il décidait de remettre le Néo Arès sur pieds... Cet homme, bien qu'il ait été abominable, c'est grâce à lui qu'on a réussi à devenir libres, et c'est aussi grâce à lui qu'on en est là aujourd'hui. D'autant plus que ces derniers temps, il avait un peu changé.
— Je crois qu'on n'aurait pas pu le sauver, même avec le sérum, avoué-je.
— Et je crois qu'il n'aurait pas aimé qu'on le tue non plus, commente Eric.
On pouffe de rire. Mais c'est un rire nerveux. Un rire cachant la petite pointe d'admiration qu'on éprouvait pour lui. Une pincée de chagrin. Doc est mort. On l'a tué... c'est trop étrange. J'en ai encore du mal à le croire.
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A Girl Revolt - Tome 3
Ficção CientíficaJe suis née dans l'Ère du Renouveau, un monde où les femmes ont tous les pouvoirs. Un monde où les hommes, devenus des "Masculins", ont perdu leur statut. Ils n'ont qu'un rôle : servir leur "Maîtresse". Mais moi, j'ai promis à mon Masculin de lui re...