42. ASSAUT DANS LA BASE (Saturn)

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« Alerte ! Alerte ! Présence d'un gaz toxique ! Risque d'intoxication élevé ! » annonce une voix numérique.

Nous reprenons l'ascenseur pour monter au dixième étage, le dernier de la bâtisse. Les portes s'ouvrent, nous braquons nos armes au risque d'un éventuel assaut. Mais des Askaris, dans le couloir, appuyés contre le mur, se tiennent la gorge, tentant de reprendre leur souffle. Ils tombent les uns après les autres alors que nous passons à côté d'eux.

— N'ayez crainte, messieurs, vous allez simplement dormir deux ou trois bonnes heures, chantonne Doc.

Nous traversons les couloirs et nous arrêtons devant une grande porte ornée d'une étoile. Le bureau du commandant.

Doc branche sa tablette au digicode pour la déverrouiller. Il pivote ensuite la tête vers nous, et nous fait signe. Enzo, Eric et moi, nous cachons aussitôt derrière les murs. Nous avons analysé tous les scénarios possibles de notre plan. Soit elle est effondrée sur son bureau, soit lorsqu'elle a commencé à ressentir le gaz, elle est allée se chercher de quoi se protéger. Avec les commandants, on ne sait pas à quoi s'attendre. Comme ce coup de feu qui résonne lorsque les portes sont grandes ouvertes.

Je regarde Enzo et Eric en face de moi et leur fait un signe de tête. Je sors le dernier amplificateur de ma poche et la lance. Une lumière blanche éclate dans la salle et j'entends des Askaris crier. Rapidement nous changeons de place tout en tirant dans le bureau.

Nous restons un moment immobile, toujours cachés, puis je penche légèrement la tête pour vérifier si on a eu au moins une personne. Mais des coups de feu résonnent. Notre premier assaut ne semble pas avoir fonctionné, les balles percutent les murs et nous restons plaqués à nouveau contre la paroi pour ne pas être touchés.

— Libellule, nous souffle Doc par la pensée.

Je plonge ma main dans la sacoche attachée à ma cuisse et retire une petite puce semblable à une libellule. Je l'active en appuyant sur ses yeux et la lance. Immédiatement, nous avons une vue d'ensemble du bureau. Il y a trois Askaris à terre, dont un perdant beaucoup de sang. Je me mords les lèvres. Je voulais éviter qu'on les blesse, mais j'imagine que ce sera impossible. Parfois, il faut faire des sacrifices.

La libellule vagabonde dans la pièce et s'approche du commandant, cachée derrière son bureau, un genou à terre, en train de recharger son arme.

— Boou ! Murmuré-je.

Aussitôt la libellule explose, le commandant pousse un cri.

— Restez-là ! Ordonné-je à mes compagnons en pénétrant dans la salle.

Le commandant se redresse en vacillant, une main posée sur son oreille. Les libellules ne font pas de gros dégâts mais au moins elles assourdissent les personnes. En me voyant, elle lève son arme. Rapidement, je pare son bras, et la balle va se loger dans le portrait de la Grande Dominica - faisant un trou dans son nez.

Je lui lance un coup de genou dans son ventre et la désarme sans attendre. J'enchaîne avec un coup de poing, mais elle bloque mon bras et me rend mon coup de genou dans l'abdomen. Une petite douleur, et je me recroqueville, en reculant.

— Qui êtes-vous ? Grogne-t-elle en lançant sa jambe droite.

Inopinément, j'attrape sa jambe. Mais elle poursuit son attaque en levant son bras. Malheureusement pour elle, je le saisis et sitôt, je la soulève pour la plaquer sans ménagement au sol. Elle pousse un grognement en essayant de se lever mais tout à coup, un coup de feu... Ses yeux s'arrondissent et elle tombe à la renverse, du sang s'écoulant de son front. Je m'immobilise, le cœur battant à tout rompre et me retourne.

— On avait été clair ! Grondé-je. On ne tuerait personne !

Dimitri hausse les épaules et se dirige vers le commandant pour la soulever, passant son bras autour de ses épaules.

— Je n'ai jamais dit que j'acceptais, souffle-t-il, je hais les commandants. Si je vous aide, c'est uniquement pour les buter ! Et puis ça allait durer combien de temps ce petit combat ? Le temps presse... Ceux qui sont à l'extérieur ne vont pas tarder.

Je le regarde s'en aller vers le couloir. Hors de moi. Doc, on ne peut vraiment pas lui faire confiance.

— Désolé, dit Eric, on ne l'a pas vu filer !

Je ne réponds rien. Dimitri se bat uniquement quand ça l'arrange et sans doute par plaisir. Il faudra que je le surveille davantage lorsque nous nous faufilerons dans les autres bases.

Nous reprenons l'ascenseur, après avoir traversé un couloir jonché de corps d'Askaris endormis.

Doc appuie sur le bouton « accès confidentiel » puis scanne la main du commandant sur l'appareil biométrique. L'ascenseur descend et quelques secondes plus tard, nous avons l'impression que la cabine recule. C'est exactement comme nous a expliqué Cécile. Parfois la salle du Vork est située à des endroits que nul n'a accès.

Nous voici dans un couloir tout blanc. Tellement blanc que ça me brûle les yeux. Nous nous arrêtons devant une porte noire et Doc replace la main du commandant sur le lecteur. Un message s'affiche :

« Scanner rétinien demandé ».

Doc pousse un grognement et colle le visage de la femme sur l'appareil, comme s'il s'agissait d'un vulgaire objet. Il étire les paupières de l'un de ses yeux. L'appareil l'identifie et les portes s'ouvrent.

Le Vork trône au centre d'une salle tout aussi blanche. Nous nous rapprochons et je retire le bracelet du poignet du commandant. Rapidement je le scanne et Eric branche la tablette à l'ordinateur.

Un choc sourd retentit soudain au-dessus de nos têtes. Les Askaris à l'extérieur sont certainement à notre recherche.

— C'est bon, dit Eric, deux minutes avant la réinitialisation.

Mon souffle devient lent durant les secondes qui suivent. Nous n'avons jamais été si loin. Rallier des Askaris à nos côtés. J'en ai des frissons.

— Ça y est ! Début de la réinitialisation ! S'exclame Eric.

Nous n'entendons plus aucun bruit au-dessus de nous.

— Et voilà ! S'exclame Doc en laissant tomber le cadavre du commandant. La base de Parisiorum est à nous ! Finalement, ce n'était pas compliqué !

Je fronce les sourcils. Oui c'était simple. Tellement simple que ça ne me rassure pas.

J'ai subitement l'impression que quelque chose ne tourne pas rond. Je me mets alors à faire les cent pas et je réfléchis.

— Qu'est-ce qu'il y a Saturn ? Interroge Enzo.

Je fais le vide dans mon esprit. Quelque chose a dû m'échapper. Je repense à tout ce qu'il s'est passé. Notre départ depuis le Centre de bienséance, notre arrivée à Parisiorum, notre séjour, le soir du festival, le lendemain à l'auditoire et mes yeux s'écarquillent. Quelque chose m'immobilise. L'état de Renée. Je pense alors à tout ce qu'elle a dit au sujet de Renée depuis notre départ.

« Dès que Dame De Capistran connaîtra l'existence de Renée, je lui ferai un prélèvement de la moelle osseuse de gré ou de force ! »

Et lors de sa conversation avec Dame De Capistran...

« Je sais que vous êtes inquiète, dit Cécile, je le sais très bien. Mais chaque chose en son temps. Il y a plus urgent. »

Ma mâchoire se crispe, le soir du festival, nous n'avons plus eu de contact avec elle... La seule avec qui nous avions perdu tout contact...

— Pourquoi sembles-tu tendu, dit soudain Doc.

Je me tourne vers lui et le fixe. Sa posture, son attitude... Immédiatement, je braque mon fringue sur lui.

— Qui êtes-vous ?

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant