A Girl Revolt - Tome 3

11.SAAREMAA (Saturn)

J'essaie de me vider la tête de toute pensée, mais plus les secondes passent, plus l'angoisse grandit en moi. Je n'arrête pas de me demander ce que la Grande Domonica lui fera faire. Et puis, qu'en est-il de Dame Helmet ? Ma génitrice est-elle toujours vivante ?

Toutes mes interrogations m'ulcèrent et parfois je regrette de ne pas être en mode Indépendant Grade 2. Ça m'aurait aidé à ne pas ressentir toutes les complaintes de mon organisme. J'ai l'impression que mon cœur se disloque en petits morceaux.

— Un bonbon ?

Je me tourne vers Andy, assis sur ma gauche. Il a toujours été gourmand et depuis qu'on est des Masculins « libres » – parce qu'on dépend encore d'une femme-, il s'achète toujours des chewings gums dragéifiés aux fruits.

Je secoue la tête, mais il en prend un dans son paquet et me le tend.

— T'es muré dans le silence et ça c'est pas bon ! Je sais que tu t'inquiètes beaucoup pour Érine et ta génitrice... Mais si tu t'inquiètes trop, ça va mal se terminer et qui sais si tu auras la chance de les revoir !

— Ce que veut dire Andy, c'est que ça va finir par te rendre malade, ajoute Enzo en face de moi... Freyja nous a expliqué que les maladies du cœur sont les plus féroces ! On ne sait pas ce que tu ressens en ce moment, mais on sait que tu ne vas pas bien, alors sache qu'on sera toujours là pour te soutenir.

Je lui fais un sourire. 450 a toujours su trouver les mots. C'est vrai que parfois j'ai tendance à oublier que je ne suis pas seul et que je peux compter sur mes compagnons.

Je prends le bonbon d'Andy et le met dans ma bouche. Aussitôt, un goût acide éclate sur ma langue. Je grimace et pousse un juron. C'est comme si on avait laissé macérer la dragée dans du gingembre fermenté.

— Bordel, c'est dégeu !

Mes compagnons pouffent de rire alors que je recrache le chewing gum.

— Je ne comprends pas pourquoi vous n'aimez pas ce parfum ?

— C'est amer et ça a un goût de moisi ! répliqué-je.

Andy lève les yeux au ciel.

— On a connu pire dans les ruines et vous n'aimez pas ça ? Vous êtes trop chelou !

La porte menant vers le cockpit s'ouvre soudainement. Gayes, un Askaris de grade 3, vient vers nous. Doc a nommé lui-même tous les Askaris de son équipe, lorsqu'il a reçu l'autorisation d'en diriger une. Il est sous la tutelle de Dame Dashing et celle-ci lui a implanté un paralyseur dans la tête au cas où il nous ferait faux bond. Mais je crois, qu'il a oublié ses intentions de recréer le Néo-Arès... du moins, je l'espère.

— Askaris, il est temps d'y aller, annonce Gayes. On a déjà envoyé des GHIRCS en reconnaissance.

Nous enfilons nos parachutes, mettons nos casques, puis nous équipons d'armes et avançons vers la trappe.

— Essayez d'en tuer le moins possible, ordonne Gayes en ouvrant la trappe.

Un vent glacial nous frappe. Nous sommes sur les terres les plus englacées du globe. À part Norway et Malmo tout au sud du continent, il n'y a plus aucune autre Cité par ici. Les anciennes villes ont toutes été englouties par la neige. Longtemps, on nous a dit qu'il n'y avait pas de camps Askaris sur ce continent, car on rencontre rarement de Dévihomulus. C'était un pur mensonge. D'ailleurs combien de bases Askaris secrètes existe-t-il ?

— Go ! s'écrie Gayes en sautant.

Nous l'imitons et les uns après les autres nous nous jetons dans le vide.