Quelqu'un me secoue l'épaule.
— Tueuse 2, lève-toi.
J'ouvre les yeux.
— Nous sommes bientôt arrivées, me dit 319. Et tiens, prends ce plateau repas. Tu as besoin de force pour la journée.
Un plateau est posé juste devant moi. Un jus d'orange, du pain, un croissant, du beurre, de la confiture, un café et une banane. Je fixe autour de moi. Plus de neige ni de nuages à l'horizon. On dirait que nous sommes au-dessus d'une jungle. Un univers totalement différent.
— Là, qu'est-ce que tu en dis ? s'enquiert 5008 qui est tout seul aux commandes.
319, debout entre les sièges des pilotes, observe le paysage, puis se tourne vers moi.
— Nous sommes à, à peu près, 100 mètres du laboratoire. On ne pourra pas aller plus loin. La végétation est plus dense. Ça te va, ici ?
Je hoche la tête et entame mon petit-déjeuner.
— Nous t'accompagnerons jusqu'à environ 50 mètres. Ensuite, nous te laisserons poursuivre seule.
J'opine du chef et bois mon café. J'attrape la banane et la mets dans mon sac. Elle me servira au cas où j'ai une petite faim.
— Tu sais, tu as déjà une ration de survie, m'annonce-t-il. La boite rouge dans le sac.
Je hausse les épaules. Ce n'est pas grave. En plus, les rations de survie, ce n'est pas très bon selon Sissi.
Je plisse les sourcils. Sissi ? Qui est-ce ? Pourquoi ai-je soudain cité le prénom d'une personne que je ne connais pas ?
— Allons-y, dit 5008, si on veut quitter cet endroit avant qu'il ne fasse nuit.
Je fixe ma montre. Il est 8 heures du matin. Ce qui signifie que nous avons voyagé toute une nuit.
— Je vais d'abord aux toilettes, annoncé-je.
Je vais faire ma petite affaire, me lave les mains et le visage avant de rejoindre les Askaris qui s'équipent d'armes. 319 me fait signe de choisir quelques-unes.
— Je te conseille de prendre le pistolet-grappin, ça peut te servir, si tu dois escalader ou grimper.
Je suis son conseil puis me dirige vers la cellule du Dévihomulus. Celui-ci est déjà debout et nous regarde d'un air calme. Il n'a pas l'air agressif aujourd'hui.
—Bonjour, dis-je. Nous allons dans un laboratoire chercher quelque chose pour Mère.
Il plisse les yeux.
J'attrape les Neuronalinks pour les mettre.
— Ne fais pas de mal à 319 et 5008, ce sont nos alliés, lui dis-je. Je vais t'ouvrir, mais si tu fais quoi que ce soit, je devrai te tuer.
Il observe les deux Askaris. Ses yeux se dirigent vers leurs armes. Il me regarde à nouveau et hoche la tête.
J'appuie sur le bouton de sécurité pour lui ouvrir la porte. Je fais signe aux Askaris de passer devant.
— Reste à côté de moi, intimé-je au Dévihomulus.
Nous quittons le vaisseau. Mon visage est éclaboussé par le soleil. Il y a une chaleur si ardente. Le climat est totalement différent de Utsjoki.
Je retire mon manteau et le jette dans le vaisseau avant que les portes se referment.
— Il faut suivre cette direction. Il faudra faire attention non seulement aux Dévihomulus mais aussi aux animaux de la jungle, annonce 319.
Nous nous mettons en route. Autour de moi, des arbres colossaux, des fleurs qui ressemblent à des lèvres pulpeuses garnis de rouges à lèvres, d'autres ont des pétales aux couleurs et formes extravagantes qu'on pourrait croire qu'il s'agirait d'une tête de singe qui nous regarde. J'entends également le chant d'oiseaux et d'insectes tapis dans l'ombre.
Brusquement, une main s'empare de mon bras et me retient. Je m'immobilise. Le Dévihomulus me montre une énorme araignée bleue qui descend de son fils. Elle est, je dirai, magnifique. Mais subitement, elle éclate.
Je me tourne vers 319.
— Une araignée venimeuse, je t'ai dit qu'il fallait faire attention aux animaux de cette jungle.
J'arque un sourcil. Elle ne me semblait pourtant pas dangereusement.
— A... AA... ten...tion....
J'écarquille les yeux et fixe le Dévihomulus qui vient de parler. Je n'en crois pas mes oreilles. Il me lâche et me précède le pas, comme pour me protéger du danger qui pourrait me tomber dessus sans que je ne le sache.
Au bout d'un moment, les Askaris s'arrêtent. Des espèces de crabes noirs et rouges, très énormes, barrent notre route. Les Askaris tirent pour nous frayer un passage. Elles sont vraiment nombreuses. Impossible de toutes les éliminer.
Une fois qu'on a passé ce premier obstacle, j'arrête mes compagnons. Je les sens tout près.
— Dévihomulus, annoncé-je.
Je regarde tout autour de moi, ils sont là, et pourtant, j'ai du mal à les trouver. Et soudain, quelque chose attire mon attention. Quelques feuilles qui bougent et des points rouges... Ou plutôt des yeux. Dès qu'il se lève, je tire et hausse les sourcils.
Le Dévihomulus n'a pas la même couleur de peau que ceux du laboratoire de Mère. Il a la même couleur que les feuilles.
D'autres surgissent autour de nous et nous les éliminons. Lorsque le dernier tombe par terre, je m'approche de son cadavre entièrement nu. Sa peau verte change de couleur et devient marron.
Je bats des paupières.
— Cael pourquoi ces Dévihomulus sont différents ?
— Certains ont dû s'adapter à leur environnement. Leur peau change de couleur, mais ils ont les mêmes caractéristiques de ceux de Nouvelles Europa. D'ailleurs, si tu vas en Afrique, dans les régions désertiques, ils auront la même couleur que le sable.
Je le regarde une dernière fois avant de l'enjamber.
L'herbe devient de plus en plus drue. Quelques Dévihomulus nous attaquent, mais les Askaris sont très agiles et les abattent rapidement.
— Ici, on ne peut plus avancer Tueuse 2, déclare 319. Nous retournons au vaisseau et t'attendons.
J'acquiesce et me tourne vers le Dévihomulus le faisant signe de me suivre. Nous poursuivons sans les Askaris. Cette fois, plus aucune créature nous attaque. Elles nous regardent simplement passer et grimpent dans les arbres.
Bientôt, nous atteignons le dôme qui sécurise le périmètre dont Mère m'a parlé. Selon les données qu'elle m'a envoyées hier après-midi, l'entrée se trouve tout à gauche. Nous contournons le dôme pour nous y rendre.
La porte d'entrée est simplement cadenassée et je remarque une immense croix rouge qui y est peint.
Je prends un pistolet et tire sur le cadenas. J'ouvre ensuite la porte et fais signe au Dévihomulus d'entrer. Je la referme derrière moi. Je fais ensuite quelque pas, jusqu'à trouver une roche. Je pense alors à la capsule que Mère m'a confiée. Je la tourne et la dépose sur le rocher. Un gaz s'y échappe aussitôt.
Je reprends alors ma route et nous traversons une végétation dense avant d'atteindre un manoir ancien, recouvert de racines.
Nous pénétrons à l'intérieur. Selon mes données, le manoir était juste un leurre pour cacher le laboratoire. Suivant le plan de Mère, je me rends dans la cuisine pour rétablir l'électricité. Je trouve le groupe électrogène et le rallume. Les lumières reviennent et éclairent toutes les pièces. Je pars ensuite dans le salon. Il y a de la poussière partout, surtout sur la bibliothèque où je dois passer la main à la recherche d'un bouton qui me permettra d'ouvrir le passage menant au laboratoire. Dès que je la trouve, j'appuie dessus.
Aussitôt, un canapé derrière nous coulisse dans un claquement sourd et un passage se dévoile.
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A Girl Revolt - Tome 3
Science FictionJe suis née dans l'Ère du Renouveau, un monde où les femmes ont tous les pouvoirs. Un monde où les hommes, devenus des "Masculins", ont perdu leur statut. Ils n'ont qu'un rôle : servir leur "Maîtresse". Mais moi, j'ai promis à mon Masculin de lui re...