8. LE LABORATOIRE (Érine)

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Mon corps s'affale et mes bras s'écrasent à la limite du palier et du nez-de-marche.

Je lève la tête et mon regard se dirige instantanément vers une sorte de boule argentée qui rebondit sur les marches dans un bruit grinçant. Je fixe la boule qui s'arrête au centre du palier plus bas, faisant soulever de la poussière, puis tourne la tête pour savoir ce qui m'a fait trébucher.

D'un bond je me lève, en découvrant un cadavre momifié. Son crâne est penché sur le côté, sa bouche est grandement ouverte et il a un trou béant dans le thorax. J'avale difficilement ma salive, avec sa longue blouse blanche jaunie par le temps, on dirait une scientifique. Je me demande bien ce qui a bien pu lui faire ça. C'est comme avec les cadavres d'Askaris à l'extérieur... Pourtant, cela ne doit pas être le cadet de mes soucis.

Je reprends ma route et descends un étage plus bas.

Avec précaution, j'ouvre la porte de secours. Je ne voudrais pas tomber à nouveau à cause d'un cadavre. Pendant quelques secondes, je reste immobile, inspectant les lieux du regard : un long corridor avec des portes fermées par un rideau métallique. Je fronce les sourcils. J'espère que la salle de contrôle n'est pas bloquée. Mais pour le savoir, il va falloir que j'avance.

Je regarde où je mets les pieds. Pour l'instant rien n'est venu entraver ma route, mais je préfère rester vigilante. Tout à coup, j'entends comme une explosion. Une secousse me fait perdre l'équilibre et de la poussière tombe du plafond. Le calme revenu, je reprends ma route sans me soucier de ce qu'il s'est passé. Ils ont dû attaquer les Dévihomulus avec les bombes. Je reprends la tablette pour regarder le plan, mais quelque chose attire mon attention vers un mur vitré. C'est un laboratoire avec plein d'appareils scientifiques et des bocaux contenant des organes dans un liquide étrange et, au beau milieu de la salle, une immense table sur laquelle repose le corps d'un de ces Dévihomulus géant. Il y a plein d'électrodes sur lui, branchées à un appareil à l'arrêt. Aussitôt la peur revient au galop et je m'empresse de trouver la salle de contrôle. S'il y a un Dévihomulus comme lui, allongé dans une de ces salles, alors ça signifie qu'il doit y en avoir d'autres dans la ville. Et ils ne se sont pas encore montrés...

Je m'engage en courant dans un couloir sur ma droite, ma respiration saccadée embuant le plexiglas de mon masque. Une seconde secousse se produit, je vacille, mais bien vite, je reprends l'équilibre et poursuis mon chemin. Au bout du corridor, j'atteins la dernière porte du niveau qui est entrebâillée. Je la pousse pour pouvoir entrer. Une passerelle descend vers une grande salle plongée dans une obscurité quasi totale. J'emprunte la passerelle et, arrivée près des premiers bureaux, j'allume la lampe de la montre. Bien que je discerne les contours des meubles, j'ai du mal à distinguer les boutons et autres manivelles. Tout est différent. Ce n'est pas une salle de contrôle hypersophistiquée des Cités modernes. Il y a plein de panneaux avec de grands boutons, des cadrans analogiques, des bureaux dotés d'ordinateurs terriblement démodés et des chaises renversées à même le sol.

— Cécile ! Je suis arrivée dans la salle de contrôle, mais je ne sais pas comment remettre l'électricité.

Un bruit parasite se fait entendre puis elle me répond :

— Cherche le panneau de contrôle « Transfer Electronic Switch ».

Je m'avance vers les panneaux et les regarde les uns après les autres, effaçant la poussière pour pouvoir lire ce qui est inscrit. Un long moment passe avant qu'enfin, je le trouve.

— Ça y est ! m'écrié-je.

— Il doit avoir un bouton où il est écrit « Fuel ».

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant