A Girl Revolt - Tome 3

38. AMÈRES RETROUVAILLES (Érine)

Les infirmières sont débordées, elles courent dans tous les sens dans les couloirs de l'hôpital. Certains Masculins attendent, le regard vide, dans les salles d'attente. Un autre demande sans cesse à une infirmière à l'accueil :

— Dorothée Royer... Dorothée Royer...

Je me pince les lèvres. Avant que je ne perde conscience, Dame De Sybelle m'a ordonné de ramener les Masculins auprès de leur maîtresse. Cela aurait été trop dramatique pour elles de rester sans leurs compagnons après cette attaque. C'est ce que nous avons fait Dimitri et moi, leur ordonnant après le retour au calme de retrouver leur maîtresse par tous les moyens. Mais il y a eu des morts et certains n'ont pas encore été identifiés. Si ça se trouve, sa maîtresse est décédée.

— Combien de temps encore faut-il attendre pour qu'on ait la liste des morts ? interrogé-je.

— Je dirais qu'on la publiera au plus tard demain matin. La Chef de la Santé et la plupart du personnel qui ont participé à ces événements étant arrêtés, cela a entraîné des conséquences sur la gestion de la crise.

Nous nous arrêtons devant l'ascenseur et elle appuie sur le bouton.

— J'ai été totalement choquée, totalement confuse et en colère lorsque j'ai vu la vidéo... Je me suis dit que j'aurais pu être l'une d'elles, que j'ai peut-être une sœur qui a été enlevée à ma mère...

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent.

— Et ensuite, ces Dévihomulus sont apparus... On nous apprend l'existence de créatures que chassent les Askaris à l'extérieur, mais on ne nous les montre pas... Encore aujourd'hui, j'ai du mal à le croire, mais ce qui me turlupine c'est... (Elle me regarde droit dans les yeux.) Comment sont-ils entrés ?

Je ravale difficilement la boule qui s'est formée dans ma gorge. Bon sang, je ne m'étais même pas posé cette question. Est-ce que c'est cela qui préoccupe Cécile ? Il est vrai que Saturn et Eric avaient dit qu'ils ne pourraient pas entrer.

L'ascenseur s'arrête et nous nous dirigeons vers la chambre où est hospitalisée l'une des mères des jumelles.

Je m'arrête au seuil de la porte. Sissi et Sophiane sont au chevet de leur mère Mila - alitée, sous perfusion et respiration assistée - avec leur autre mère Gween. Leurs Masculins, Aldébaran et Joey, se tiennent debout au fond de la pièce, immobiles, les bras le long du corps.

Je m'avance, au point d'effrayer Sophiane quand elle m'aperçoit. Je m'arrête, les larmes me montant aux yeux.

— Sissi, Sophiane... murmuré-je.

Les deux jeunes femmes se lèvent. Sissi se rapproche lentement vers moi et je constate qu'elle a perdu du poids.

— Érine ?

Je hoche la tête.

— Je suis revenue.

Une larme roule sur la joue de Sissi et elle l'essuie.

— Oui, je sais... On a vu la diffusion de ton audition. C'est bien, mais laisse-nous tranquilles !

Je bats des paupières, surprise.

— Je... j'ai appris pour votre mère et...

— Érine s'il te plaît, va-t'en ! poursuit sa sœur.

Je reste médusée. Elles ne veulent pas de moi !?

— Pour... pourquoi, bégayé-je. J'aimerais vous apporter mon soutien !