9. UN DÉVI PAS COMME LES AUTRES (Saturn)

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Partie 1

Les Dévihomulus poussent de longues plaintes et se tortillent dans les flammes comme des chenilles emprisonnées sur des toiles d'araignées et qui luttent pour se libérer. Un Défenseur, nommé Ren, récupère un projectile qu'il insère dans un lance-roquette spécial. Je l'aide à le soulever sur son épaule. Il vise les Dévihomulus qui ont réussi à échapper aux premiers assauts et qui prennent la fuite.

Le canon tonne, la bombe explose, les Dévihomulus sont pulvérisés et le feu commence à ravager les maisons.

— Nous en avons éliminé un grand nombre, gardons le reste de nos munitions pour ceux que nous rencontrerons plus loin. Retournons sur la voie principale. Il est temps de partir.

Nous hochons la tête, puis rangeons les derniers explosifs dans leur caisse avant de la faire descendre au bas du mur, de l'autre côté, où Réto et Dini la récupèrent. Nous avons dû venir ici avec le Fennec 700, un véhicule de reconnaissance Askaris. Cela nous a pris cinq minutes, mais il a fallu attendre Érine et cela m'a semblé long, vraiment très long. D'autant plus que j'avais mal au ventre. La peur qu'il lui arrive quoi que ce soit. Voir les Dévihomulus ne pas l'attaquer m'a semblé si irréel et pourtant, ce n'était pas un mauvais rêve. Un mauvais rêve... Je devrais être content et même soulagé qu'elle puisse se balader en toute sécurité parmi les Dévihomulus et pourtant, j'ai comme un mauvais pressentiment.

Je descends le long du mur en rappel quand, soudain, Érine crie dans l'oreillette d'une voix bouleversée :

— Saturn ! Cécile ! Il y a...

Je n'entends pas la suite de la phrase, coupée par un bruit parasite.

— Érine ? interroge Cécile en posant les pieds par terre.

Aucune réponse, mon pouls s'accélère et je me dépêche de retirer le grappin du mur et de ramener la corde... Qu'a-t-elle voulu dire ?

— Il faut aller la chercher et vite ! avertis-je en me dirigeant vers le Fennec 700.

Nous grimpons à l'intérieur et Réto démarre le véhicule.

Ma gorge devient sèche, mon cœur bat de plus en plus rapidement. J'ai même l'impression que Réto ne roule pas assez vite. Je serre alors les mains, fixe le sol et fais comme 18 D m'a toujours appris, ne pensez à rien pour ne pas laisser mes émotions me submerger. Dans ces moments-là, j'aimerais que la Machine reprenne ma place.

— Quoi qu'il arrive, elle va s'en sortir, déclare Cécile en face de moi.

Je la fusille du regard.

— Elle est intelligente et, avec ses nouvelles capacités, intouchable.

— On n'en est pas sûr, je réplique hors de moi. On ne sait même pas ce qui se trouve dans ce laboratoire. Elle est peut-être intelligente, mais elle n'a pas reçu le même entraînement que nous !

— Mais tout ce qu'elle a enduré jusqu'à présent l'a rendue forte. Tu dois croire en elle et ne pas t'inquiéter !

Malgré ce qu'elle dit, elle semble bien plus angoissée que moi. Mais pas pour les mêmes raisons. Érine ne représente à ses yeux qu'un antidote qui pourrait sauver des vies.

Je détourne la tête et fixe à nouveau le sol. Tout à coup, j'ai l'impression de l'entendre respirer fortement dans mon oreillette.

— Érine ?m'écrié-je.

Pas de réponse, mais j'entends son souffle. C'est comme si elle essayait de ne pas faire de bruit, en respirant calmement.

Je serre les poings. Bon sang ! Qu'est-ce qu'il se passe dans le laboratoire ?

Je me lève pour regarder à travers le pare-brise et je suis soulagé de distinguer les véhicules stationnés les uns derrière les autres ainsi que des personnes qui discutent à l'extérieur.

— Bon sang ! grogne Cécile en les voyant.

Réto arrête la voiture et Cécile descend immédiatement en se dirigeant vers mes compagnons et les autres adolescents qui prennent l'air.

— Qu'est-ce que vous faites dehors ? (Elle se tourne vers son fils.) Josua ! N'ai-je pas été claire !?

— Maman ! On avait envie de se dégourdir les jambes ! riposte-t-il. Hey ! Ça fait une bonne heure qu'on attend !

Elle fronce les sourcils et pointe leur véhicule du doigt. Quant à moi, je me rends vers la petite camionnette de ravitaillement d'armes.

— Montez vite à l'intérieur ! Vous allez reprendre la route ! crie-t-elle alors que je me saisis d'un AK 47 nouvelle génération.

— 400 ? Pourquoi tu te sers ? interroge 450.

Je ne peux pas piper mot, mon cœur rate un battement en entendant Érine pousser des cris, puis une rafale de tirs retentit dans mon oreille.

— Érine ! crié-je en courant vers la ville, muni de mon arme.

— Saturn ? Où est-ce que tu vas ? demande Eric qui était resté surveiller les portes.

— Il se passe quelque chose dans le labo ! Je vais chercher Érine !

Je me précipite vers le grand bâtiment noir et me rapproche des portes, contournant les cadavres des Défenseurs quand, soudain, je distingue une énorme silhouette qui se dirige vers moi. Je m'arrête, braque mon canon vers lui et attends qu'il se dévoile. Il arrache les portes à double battant et les balance derrière lui avant de sortir en se contorsionnant. J'écarquille les yeux en voyant le gigantesque Dévihomulus. Il est encore plus costaud que les géants que nous avons croisés dans les ruines durant notre périple pour atteindre le camp des Délatrices. Ses yeux sont noirs, tout comme les veines qui ressortent de sa peau et la moitié de son visage est en phase de putréfaction.

Il me regarde, plisse les yeux et brusquement grogne :

— Tuer ! Tuer ! Tuer !

Je reste un moment ébahi. Il a parlé ! Un Dévihomulus qui parle !

En le voyant lever un bras, je tire une première, puis une seconde fois. Son bras retombe le long de son corps, ses épaules se balancent de gauche à droite sous l'effet du choc produit par les balles, des filets de sang noir ruissellent aussitôt sur sa peau, mais il reste debout. Je hausse les sourcils et recule. Merde ! Encore un géant qui va me donner du fil à retordre. D'autant plus que cette fois, il me regarde avec des yeux emplis de haine.

— Tuer ! Tuer ! Tuer ! hurle-t-il.

— Nom d'un chien ! murmure-t-on à côté de moi.

Je jette un bref coup d'œil vers Cécile, Réto, Dini, Ren, Eric et mes autres compagnons qui regardent avec stupeur notre ennemi. Ce dernier fait voyager ses yeux sur chacun de nous en comptant.

— Tuer ! Tuer ! Tuer 12 !

— Nous tuer !? s'esclaffe Dini. Sûrement pas.

Aussitôt, il retire la sécurité de son fusil tactique et tire. La balle traverse son front, mais il est toujours sur pieds. Et vivant.

— Bordel ! C'est quoi ce machin !? s'écrie Dini, estomaqué.

— Certainement ce qui les a poussées à fuir cet endroit, répond Cécile en retirant deux pistolets USP des fourreaux attachés à la cuisse. (Elle vise la tête.) Ren ! Réto ! Allez chercher les « Contagieux ! »

Ren et Réto tournent alors les talons et se ruent vers les portes du Fennec.

Cécile, Dini, mes compagnons et moi tirons des rafales de balles sur la créature, mais rien à faire. Il ne s'effondre pas.

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant