46.UN RÉVEIL MOUVEMENTÉ (Érine)

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Un courant chaud, comme une décharge dans ma tête, me fait trembloter. J'ai du mal à supporter cette sensation. Quelqu'un tente de me tuer.

Cael ! Je l'appelle.

Il apparaît.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi je ne me sens pas en forme ?

— Les rebelles, dit-il. Ils veulent t'éliminer. Mais ne t'inquiète pas, ils n'y parviendront pas. Lorsque tu te sentiras mieux. Tue-les, récupère Tueuse 1 et rentre auprès de Mère.

J'opine du chef et Cael s'effrite. Je me retrouve alors seule dans le noir complet. Je m'assois en tailleur et ferme les yeux. J'inspire et j'expire. Mon plan a été un véritable échec, si ce Masculin n'avait pas été là, j'aurais pu partir et réfléchir à un nouveau plan pour récupérer Tueuse 1. Lorsque je me réveillerai, il sera le premier à mourir ! Je serre les poings en le jurant tout haut, quand soudain, je sens quelque chose dans ma main droite. Je rouvre les yeux pour regarder ce que je détiens. Le petit tube contenant la fleur séchée.

À nouveau, je revois ce Masculin me sourire et mon cœur me fait mal. Vraiment mal. Une forme se matérialise soudain devant moi. Mon autre moi, le regard dure et sévère. Elle m'agrippe la main, s'empare du pendentif et le jette à terre. D'un coup de pied, elle l'écrase. Le tube est réduit en miettes et j'ai l'impression que mon cœur est en train de se briser en mille morceaux.

— Ne t'attache pas à des choses futiles ! Me dit mon autre moi.

À cet instant, je pousse un cri et m'éveille en sursaut. J'ai le souffle saccadé, la gorge sèche, la tête qui tourne et mes yeux me picotent à cause de la lumière ambiante.

J'avale ma salive et regarde autour de moi. Je suis seule dans une chambre de soin. Je lève la main pour me toucher le corps et remarque que le pendentif est toujours dans ma main. Étrangement, la voir en chair et en os, me procure une étrange sensation. Je pousse un soupir et remarque que je porte une blouse médicale, et j'ai une perfusion au bras. Je l'arrache.

Je dois récupérer des armes, abattre tout le monde et partir d'ici avec Tueuse 1.

— Érine !

Je lève la tête vers l'embrasure de la porte et écarquille les yeux en voyant le Masculin aux yeux noisette.

Rapidement, je saute hors du lit et me rue sur lui. Je lève mon poing et il se met en position pour le bloquer, mais c'est la jambe que je lève à la dernière minute.

Il reçoit mon coup en plein ventre et pousse un grognement sourd en reculant. Je ne m'arrête pas et lui assène un coup de talon au visage. Il dandine en arrière, mais ne tombe pas.

Je me mets à la recherche d'une arme. Mes yeux se posent alors sur un scalpel. Immédiatement, je m'en empare et me remets en position d'attaque, pointant mon arme de forturne vers lui. Pas question de me laisser avoir cette fois.

— Érine, dit-il subitement, c'est la Grande Dominica qui te contrôle. Mais je sais que t'es encore là. Tu ne vas pas me tuer...

— Vous me parlez comme si nous nous connaissions... Mais c'est la première fois que nous nous voyons...

Il secoue la tête.

— Alors pourquoi tu as pris mon pendentif ? Et pourquoi le scalpel s'agite-t-il dans ta main ?

J'essaie de ne pas tiller alors que je remarque avec stupeur que ma main tremble.

— Je sais que t'es encore là, Érine. Tu n'as pas laissé la Machine t'avoir complètement.

Je ne sais pas de quoi il parle, et je pense qu'il faut que j'en finisse au plus vite avec lui, si je ne veux pas me sentir... Je sens le rouge me monter à la tête. Je ne sais même pas ce que je ressens.

Je lance alors le scalpel. Le Masculin arrondit les yeux et se penche sur le côté. Le scalpel frôle le bout de son oreille et va se planter dans un tableau derrière lui. Sans attendre, je me rapproche de lui pour lui mettre une bonne droite. Mais il pare mon coup.

— Érine, je ne veux pas te faire mal !

Je continue de l'attaquer, le faisant reculer vers un grand hall, mais il esquive ou neutralise tous mes coups.

— Cael, tu sais, il m'en voudra si je te fais du mal.

À cet instant, je m'immobilise. Pourquoi... Comment connait-il Cael ? Je repense à l'enregistrement que j'ai vu hier... Qu'est-ce que ça signifie tout ça ?

— Tu n'as pas oublié Cael, alors tu vois, tu es encore là, poursuit-il. On peut rentrer au Centre et aller le voir, tu sais.

Je plisse alors des yeux. Non, ce doit être un piège. Cael il est... Il est là avec moi !

Je fais un coup de pieds retourné, mais il m'attrape et me pousse. Instinctivement, je pose mes bras contre le sol de façon à faire une roulade et ne pas tomber.

Je me redresse aussitôt et le Masculin m'observe, les yeux écarquillés.

Je me remets en position d'attaque. Peu importe ce qu'il dit, je le tuerai.

— Tueuse 2 ? crie-t-on brusquement.

Je bats des paupières et regarde par-dessus mon épaule. Tueuse 1 revient d'un couloir et s'approche.

— Arrête, dit-elle. Ne lui fais pas de mal.

— C'est un ennemi ! dis-je.

Elle secoue la tête.

— Non, ce garçon c'est... (elle le regarde) Mon fils !

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'elle raconte ?

Elle me fixe à nouveau.

— Nous ne sommes pas qui tu crois... La Grande Dominica... Celle que tu appelles « Mère »... c'est elle notre ennemie...

Je cligne des yeux. Cael apparaît dans ma conscience.

« Cael ! Qu'est-ce que je fais ? »

— Les rebelles ont dû lui faire une hypnose mentale. Ramène là à Mère. Elle saura la guérir.

Je secoue la tête.

— Ma mission est de vous ramener auprès de Mère. De gré ou de force ! Et j'éliminerai tous les rebelles !

Je me retourne aussitôt et me précipite vers elle, quand soudain, je sens quelque chose qui transperce ma peau. Je m'arrête sur le champ et fixe mon avant-bras. Une fléchette s'est introduite dans ma chair. Je la retire rapidement et pivote la tête sur le côté. Une femme, les cheveux blonds, dans le hall, braque une drôle d'arme sur moi et tout à coup, mes paupières s'alourdissent. 

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant