33. L'INVASION Partie 2 (Érine)

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Partie 1

La lumière argentée de la projection de Dame Andromède s'arrête et laisse place aux vidéos des expériences d'Helka dans les laboratoires.

— Qu'avez-vous fait ? grogne Dame De Capistran en s'approchant de moi en boitant et en tenant son ventre.

J'ai dû aider Dame De Sybelle à la maîtriser et lui ai donné un coup, vraiment méchant. J'ai eu du mal à maîtriser ma force. Mais ça m'a permis de lui prendre son bracelet.

— Rien ! J'ai simplement dévoilé aux femmes la vérité qu'elles méritent d'entendre. Et maintenant, nous avons un autre problème. Ils sont ici !

Elle fronce les sourcils et des hurlements résonnent dans la rue. Elle s'approche de la rambarde et penche la tête, mais semble avoir du mal à percevoir les choses.

Je tourne les talons et me dirige vers Dame De Sybelle, évanouie sur le sol. Je pose ma main sur son cou pour sentir son pouls. Elle est toujours vivante. Je pousse un soupir, c'est moi qui l'ai mise dans cet état sans le faire exprès. C'est Dame De Capistran que je voulais toucher, mais celle-ci a esquivé, et c'est elle qui a reçu mon premier coup.

Je me redresse et me tourne vers Dame De Capistran qui s'installe au bureau pour accéder aux caméras de surveillance. Un Dévihomulus est à l'accueil, en train de dévorer la pauvre hôtesse.

— Ciel, qu'est-ce que...?

— Les Dévihomulus. Il y en avait dans les égouts, et ils ont réussi à pénétrer...

— Comment !? C'est impossible ! Ils vivent dans les ruines !

— Après tout ce que je vous ai montré, vous croyez toujours aux propos de la Grande Dominica ! Le TX, les déchets qu'ils produisent sont jetés dans les égouts, et malheureusement, les employés des travaux publics qui y travaillent sont infectés et mutent !

Elle pose sa main sur son front, et ferme les yeux comme pour réfléchir.

— Alors c'est pour cela qu'il est interdit de les laisser remonter chaque fois qu'on en y envoie.... murmure-t-elle.

Elle lève alors la tête et cligne des yeux pour entrer en contact avec Mireille Blum.

— Mireille, où êtes-vous ? (L'inquiétude se lit sur son visage, et elle se redresse.) Mireille ! Que se passe-t-il ? Répondez !

Elle tape alors la main sur le bureau et pousse un juron. Mireille Blum a-t-elle été attaquée ?

— Dame De Capistran, il faut partir d'ici et vite. Nous devons nous rendre au Centre de Sécurité ! Ordonnez à l'Askaris qui surveille le Vork d'aller combattre les créatures !

Elle me regarde, l'air renfrogné.

— Je vais vous conduire au Centre de Sécurité, mais pour vous y enfermer dans une cellule.

— Je suis la seule à pouvoir vous faire sortir d'ici vivante ! Ce que cherchait la Grande Dominica, c'était un remède que ma mère avait créé pour lutter contre les Dévihomulus... et au final, c'était moi !

Elle arque un sourcil et je me retourne. J'appuie sur mon oreillette pour prendre contact avec Cécile, mais avec le brouilleur informatique de Dimitri, ça ne fonctionne pas. Je vais ensuite dans la kitchenette et récupère un couteau dans un tiroir que je place dans ma ceinture.

Je vais auprès de Dame De Sybelle et passe son bras autour de mon épaule pour l'emmener avec moi.

— Venez, dis-je à Dame De Capistran. Faites-moi confiance !

Elle ne bouge pas durant un long moment, mais finit par me suivre.

Nous prenons l'ascenseur et je fais asseoir Dame De Sybelle qui commence à reprendre connaissance.

— Lorsque nous serons en bas, dis-je, vous resterez un moment dans l'ascenseur... Le temps que je m'occupe de ces bêtes.

— Comme si j'allais te laisser te battre toute seule ! Je suis la Chef de la Sécurité.

— S'ils vous blessent, vous mourrez, et je ne pourrais pas sauver Renée !

Ses yeux deviennent immédiatement larmoyants. Elle inspire profondément pour ne pas pleurer et met sa main dans sa poche, pour toucher la puce que je lui ai confiée.

— Vous devez me faire confiance, ma mère a fait de moi une arme contre eux.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent aussitôt et en entendant le « ding », le Dévihomulus redresse la tête et pose ses yeux sur nous.

Un long filet de sang dégouline le long de sa bouche et il pousse un hurlement.

— Refermez la porte et patientez une minute, intimé-je à Dame De Capistran.

Elle s'exécute. Lorsque les portes se referment, le Dévihomulus pousse une plainte et me fixe étrangement. Il s'écarte du cadavre et pousse des cris comme pour me parler. Je me rue alors sur lui et enfonce ma lame dans son œil droit. Mais il est toujours vivant. Je retire la lame, lui donne un puissant coup de pied qui l'envoie valdinguer contre le mur. À toute vitesse, je le rejoins et lui assène trois coups de couteau dans le cœur, jusqu'à ce qu'il ne bouge plus.

Un hurlement sur ma gauche me fait sursauter, je pivote la tête. Le Dévi est à la porte et il grogne en me voyant retirer le couteau. Contrairement à l'autre, lui se rue sur moi pour m'attaquer. Je bondis alors et me retrouve derrière lui. Je me retourne en levant les bras et frappe sa tête de toutes mes forces. Son cou se tord instantanément et il tombe à genoux. Mais dans la seconde qui suit, je sens une ombre derrière moi. Et puis, on saute sur moi. Je sens une douleur vive dans mon cou et je pousse un cri. Mais rapidement, la créature s'éloigne de moi en mugissant. Je pivote pour la regarder. Elle tombe à la renverse et son corps convulse. Le cœur battant, je prends une profonde inspiration et pose la main sur mon cou pour faire pression sur ma blessure.

Le « ding » annonçant l'ouverture des portes sonne aussitôt.

— Ciel, est-ce que ça va ? interroge Dame De Sybelle en voyant les cadavres.

Je ne lui réponds pas et mes yeux voyagent de gauche à droite. Je cours vers la sortie où un Dévihomulus poursuit une femme, un autre est en train de manger le visage d'un Masculin. Je me dirige vers celui-ci et enfouis mon arme dans sa tête chauve. Une fois, deux fois, trois fois et il s'effondre. Sans attendre, je me rue sur ma droite. Le Dévihomulus a réussi à capturer la femme qui se débat alors qu'il tente de la mordre. Placée derrière lui, je l'attrape par le col, et le soulève. Je lui tranche la gorge, du sang gicle sur la femme qui continue de hurler à en perdre la voix. Je l'éloigne alors d'elle et essaie de la calmer. Mais elle est tellement en état de choc qu'elle finit par s'évanouir.

Je prends une profonde inspiration avant de me retourner vers notre vaisseau. Trois Dévihomulus apparaissent. Je serre mon couteau. Bon sang ! Si je m'attarde encore, jamais je ne rejoindrai le Centre de Sécurité. 

Brusquement, la tête d'un Dévihomulus explose, puis celle du second, et enfin celle du troisième.

Je lève les yeux vers les Trakars qui apparaissent autour de moi et pointent leur viseur sur moi. J'avale difficilement ma salive. Je préfère encore me battre contre les Dévihomulus qu'eux.

— Veuillez jeter votre arme et lever les mains, déclare la voix robotisée du Trakar.

Je m'exécute, je n'ai pas le choix, je risque de perdre la vie.

Un Trakar descend à ma hauteur et me scanne.

— Érine De Blonay, vous allez nous suivre jusqu'au Centre de Sécurité. 

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant