32. L'INVASION Partie 1 (Saturn)

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Je dépose un capteur sur l'un des appareils à projection et le règle pour qu'il se déclenche automatiquement dans une heure et trente minutes. Je termine les derniers réglages et descends l'échelle pour rejoindre la passerelle où Doc fume un cigare électronique et observe le groupe d'artistes qui défilent et jonglent avec des objets lumineux dans un kaléidoscope de couleurs inhabituelles.

— Regarde-moi ça, les femmes applaudissent, discutent, profitent du spectacle tandis que les hommes, derrière elles, restent muets comme des carpes. À quoi sert ce spectacle si tout le monde n'en profite pas ?

Je retire son cigare de ses mains.

— Ils le pourront bientôt. Allons au Centre de Sécurité, maintenant.

— Tu pourrais me laisser mon cigare.

— Les femmes verraient que quelque chose cloche avec vous.

Il émet un petit rire.

— Elles sont tellement fascinées par le spectacle, je ne crois pas qu'elles remarqueront qu'il y a un homme qui fume.

— Doc, vous êtes dans la ville, alors retenez-vous un peu ! dis-je en ouvrant la porte.

Nous sortons du local technique. Astra, la fille de Dame De Sybelle, une gardienne, nous attend dans le couloir.

— Venez, il faut s'en aller avant que les rues ne soient encore plus bondées.

J'appuie sur mon oreillette pour prendre contact avec les autres.

— 450, 85...

— Hey ! C'est Lucien, maintenant, s'exclame 85.

Je ris et m'excuse. Pour l'instant, je ne suis pas encore habitué.

— Tout est prêt et nous sommes prêts. Quoique, nous n'avons plus rien à faire maintenant ? s'enquiert 2829, ou plutôt Abdel.

— Non, c'est fini pour ce soir, réponds-je. Vous pourrez admirer le spectacle.

— Je ne pourrai pas l'admirer tant que rien n'est fait, annonce 450 (pardon Enzo).

— Nous allons nous rendre au Département de la Sécurité, avec Doc et Eric, nous allons pouvoir nous débrouiller.

— On reste quand même en contact. Si quoi que ce soit se produit, tu nous appelles à l'aide.

Je pouffe de rire.

— C'est noté 566.

— Andy, insiste-t-il, je m'appelle Andy, maintenant. Dire que tu nous as fait la leçon de morale pour qu'on arrête de t'appeler 400, et maintenant tu nous fais le coup !

— Pardon, Andy, mais c'est vrai qu'il faut un temps pour s'y habituer. Je vous laisse. Mais on reste en contact.

Nous atteignons le toit de la tour et Astra ouvre les portes de sa navette. Nous allons nous rendre au Département de la Sécurité et patienter.

— Eric, est-ce que ça va, de votre côté ? lui demandé-je en reprenant contact avec lui.

— On attend juste le signal de Cécile, et je t'avertis encore une fois : lorsque nous irons chez les Askaris, hors de question que je reste devant un écran à surveiller !

— On n'aura qu'à jouer à pierre-feuille-ciseau, la prochaine fois.

Je regarde par la vitre les personnes qui applaudissent dans les rues et acclament les danseurs. Différents spectacles se déroulent dans plusieurs quartiers, et nous avons dû pirater tous les projecteurs et vidéos de la ville pour que les femmes puissent découvrir la vérité. Nous prendrons alors le contrôle des hommes à cet instant. Je jette un coup d'œil à ma montre. Plus qu'une heure et quinze minutes. Un écran apparaît soudain devant mon œil droit, la fréquence cardiaque d'Érine qui augmente brusquement. Mon cœur lui-même commence à s'affoler. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je regrette soudain de ne pas l'avoir accompagnée.

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant