8. DOMPTAGE (Érine)

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Je fixe par-delà la montagne, à travers ma fenêtre et j'attends. J'attends que Mère m'appelle. Hier, je n'ai rien fait. Elle m'a dit que je devais me reposer. C'est ma récompense pour mes entraînements. Mais quelque chose semble... je ne trouve pas le mot... J'ai l'impression que si je fouille dans ma mémoire, quelque chose de terrible va se produire, alors je ne cherche pas le mot qui pourrait décrire ce que je ressens en attendant Mère.

Je suis là, assise sur mon lit et je regarde. Je patiente. Je n'ai rien d'autre à faire. Mais j'aimerais qu'elle vienne. Elle m'a dit que dès aujourd'hui, je devrai apprendre à dompter le Dévihomulus. Alors c'est ce que je veux. Je veux qu'elle soit fière de moi.

La porte s'ouvre brusquement et je tourne la tête. C'est Mère. Je me relève aussitôt.

— Bonjour Tueuse 2, comment te sens-tu ?

— Je suis en forme. Je suis prête à aller dompter le Dévihomulus.

Elle me sourit et pose ma main sur mon épaule.

— Brave petite, je vais te conduire au laboratoire.

Nous nous y rendons. Le Déviohomulus est enfermé dans sa grande cage, caché derrière les arbres. Les deux scientifiques, à l'extérieur, préparent tout un tas de matériel.

Elles saluent la Grande Dominica.

— Madame, nous avons réparé les Neuronalinks, annonce l'une d'elle.

J'observe les sortes de patchs avec une électrode lumineuse sur la table.

— J'espère que l'incident de la dernière fois ne va pas se produire ! grogne Mère.

Les scientifiques secouent la tête.

— Nous l'avons réinitialisé, il ne devrait plus avoir le... enfin le problème de la dernière fois.

— Je l'espère, ou vous savez ce qui vous arrivera ! s'écrie Mère avant de se tourner vers moi. Tu vas porter ça. Ils seront connectés au Dévihomulus, tu pourras communiquer avec lui.

— Communiquer ?

— C'est vrai que le virus l'a rendu incapable de parler, mais lui, il continue de te comprendre et, lorsque tu iras en mission, la meilleure solution pour être discrète est la communication par la pensée. Nous ne pouvons pas nous faire repérer par les rebelles.

Je hoche la tête et une des scientifiques met les Neuronalinks sur mes tempes.

— Essaie, dit Mère en me montrant la cellule. Ordonne-lui de venir par ici. Tu n'as qu'à penser cela dans ta tête.

J'opine derechef puis fixe les vitres de sa cellule.

« Viens », dis-je dans ma tête.

Subitement, je ressens des sensations désagréables dans la tête. Comme si elle était en feu.

— Si tu as mal, ça veut dire qu'il résiste, m'informe Mère. Tu dois t'entraîner jusqu'à ce que tu n'aies plus de sensations pénibles.

Je serre les poings et me concentre.

« Viens » fais-je à nouveau.

Malheureusement, il s'entête et en réponse, il pousse un grognement.

« Sors de ta cachette ! Rejoins-nous près de la vitre ! »

Il continue de grogner et je sens une vive émotion violente monter en moi. Je pousse alors un cri pour faire sortir cette sensation qui me procure... je dirais comme le dit ma mère... du mal !

Tout à coup, d'autres cris résonnent aux alentours. Les Dévihomulus qui sont dans les cellules d'à côté. Dès que leur cri cesse, le Dévihomulus sort de sa cachette et marche vers la vitre.

Je pousse un soupir mais mes jambes vacillent. Je tombe à genoux, je suis essoufflée.

— C'est bien, tu as réussi... Mais il faudra y parvenir jusqu'à ce que cela ne t'épuise pas.

Un « punch » retentit soudain contre la vitre. Je relève la tête. Le Dévihomulus hurle et se déchaîne contre la vitre en la frappant brutalement. C'est comme s'il voulait sortir de là pour attaquer, mais pas moi. Mère. Il la toise.

« Arrête ! »

Ses yeux se posent alors sur moi et son expression change. Il se retourne et repart derrière un arbre.

— Tu le lui as ordonné ? interroge Mère.

— Oui.

Elle sourit.

— C'est très bien. Dans les semaines à venir, tu feras certainement des progrès. Le plus important c'est que tu lui apprennes à se tenir. Il ne doit pas nous attaquer. Il doit se comporter comme un humain et non une créature...

— Grande Dominica, interrompt soudain un commandant en arrivant dans le laboratoire.

Mère se lève.

— Dohna ! Que se passe-t-il ?

— Nous avons perdu Tueuse 1 !

Mère fronce les sourcils.

— Comment ça ?

— Je crois qu'un souven...

Le commandant se tait, me jetant un rapide coup d'œil, avant de reprendre :

—Vous devriez venir voir, Autorité Suprême.

Le visage maintenant crispé, Mère se tourne vers moi.

— Tueuse 2, va te reposer. Tu reprendras le domptage lorsque tu seras prête. Tu ne seras pas obligée de m'attendre. Tu pourras venir ici tant que tu le souhaites sans attendre mon accord. Je vais devoir aller m'occuper d'une affaire urgente.

Mère s'en va avec le commandant et je me relève. Je reprends immédiatement le domptage. Je veux que Mère soit fière de moi. Je veux que ce Dévi n'attaque personne.

Les jours passent. Mère ne vient pas me voir. Mais je poursuis mon entraînement. J'ai remarqué que le Dévihomulus est, comme le disent les scientifiques, calme, lorsque Mère n'est pas là. Il commence à faire ce que je lui dis, cependant, de temps en temps, je dois lui menacer.

Un matin, alors que je me lève et m'habille pour aller m'entraîner, Mère pénètre dans ma chambre.

— Bonjour, Tueuse 2, comment vas-tu ?

— En forme, Mère.

Elle sourit.

— Les scientifiques m'ont dit que tu avais fait d'énormes progrès.

J'acquiesce.

Elle s'approche de moi et vient poser ses mains sur mes épaules.

— Te souviens-tu ? Je t'ai parlé de mon autre fille, Tueuse 1.

Je fais signe que oui.

— Les rebelles la retiennent prisonnière. Alors vois-tu, demain, tu partiras pour le laboratoire du docteur Barnasso me chercher ce dont j'ai besoin. Le Dévihomulus t'accompagnera. Ensuite, après cette mission, tu iras à la recherche de Tueuse 1 et tu élimineras tous les rebelles qui la détiennent !  

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant