A Girl Revolt - Tome 3

35. NOUVELLE MISSION (Érine)

Une scientifique pose un bout de coton au milieu de mon coude, puis le recouvre d'un pansement.

— Pourquoi un bilan sanguin ? questionné-je.

La scientifique pose les tubes contenant mon sang sur un plateau.

— Pour vérifier que tu n'as rien... et puis, tes cheveux ont subitement repoussé... l'Autorité suprême veut s'assurer que tu es... en parfaite santé.

C'est vrai que ce matin, lorsque je me suis regardée dans le miroir, on ne voyait plus trop mon crâne, ils ont poussé en peu de temps. Ils ne sont pas aussi longs que 319, mais au moins, je ne suis plus chauve.

— Tu peux faire ce que tu veux, dit le docteur. L'Autorité suprême viendra te chercher lorsqu'elle aura besoin de toi.

Je hoche la tête, descends du fauteuil de dentiste et me dirige vers les cellules des Dévihomulus.

Je vais voir Papa. Je ne sais pas ce que je pourrais faire d'autre.

Il est assis sur un tronc dans sa cellule, au beau milieu de son jardin, et mange un fruit.

— Bonjour, dis-je, en frappant contre la vitre.

Il pivote la tête vers moi, puis s'approche. Il lève sa main pour me saluer.

— Toi... Tu n'es pas comme les autres, remarqué-je, ils mangent des cadavres d'animaux ou même d'humains...

Il se dirige vers un cours d'eau, trempe sa main dans l'eau avant de prendre de la boue. Il revient et se met à écrire sur la vitre.

« Moi, encore humain. »

Je reste stupéfaite. Non seulement il arrive à dire certains mots, mais il sait encore écrire !

— Pourquoi es-tu différent ?

Il tourne la tête pour me montrer son port SYA, puis écrit :

« Le programme de maman peut-être. »

Je fronce les sourcils. Le programme de maman ? Je ressens à nouveau ce pincement au cœur.

— Maman ? C'est qui ?

Ses yeux deviennent humides et il écrit :

« Ta maman. Ta vraie mère. »

Je bats des paupières. Ma vraie mère ? Je ressens alors un étrange vide. Dans mon estomac, dans ma tête...

— Tueuse 2 !

Je sursaute en entendant la voix de Mère. Elle se dirige vers moi et Papa se met à grogner.

— Papa, s'il te plaît ! grondé-je pour qu'il se calme.

Mère s'immobilise.

— Papa ? s'exclame-t-elle d'une voix enrouée.

— Oui, c'est comme ça que je l'ai baptisé... Et puis c'est son nom. Il me l'a dit.

Mère plisse des yeux et observe Papa qui lui montre ses dents.

Elle s'approche ensuite de moi et pose sa main sur mon épaule, m'éloignant de la cellule de Papa.

— Il vaut mieux ne pas s'attacher à ses créatures, Tueuse 2. Un Dévihomulus restera toujours une vile créature...

— Mais il est différent, la coupé-je.

Elle fronce les sourcils, son regard s'assombrit.

— Il est différent parce que tu l'as dompté. C'est tout. D'ailleurs, je pense qu'il est préférable qu'il ne t'accompagne pas pour ta prochaine mission. Notre système APS a enfin localisé Tueuse 1. Elle s'est rendue, ce matin, au Centre de Bienséance de Brisbane, à Néo Australia. Puis elle est partie, quelque part, dans la forêt tropicale de Daintree où nous avons à nouveau perdu son signal. Nous pensons que les rebelles la détiennent prisonnière. Tu vas chercher leur cachette, les exterminer et ramener Tueuse 1.

Je hoche la tête.

— Avant, reprend-elle, on va t'apprendre à piloter un vaisseau. 319 nous a fait son rapport. Les Dévihomulus des jungles sont plus redoutables que ceux des Cités puisqu'ils sont moins repérables à cause de leur changement de couleur. Néo Australia étant une terre très sauvage, qui en regorge, je préfère t'envoyer seule. Nous avons très peu de soldats, je ne peux pas risquer d'en perdre d'autres. Nous avons besoin d'eux pour lutter contre les rebelles qui gagnent un peu plus de terrain chaque jour.

Je fais « oui » de la tête.

— Viens, allons dans la salle de programmation. Tu vas faire une simulation pour apprendre à piloter.

***

Un docteur retire les électrodes de mes tempes et je me redresse. Apprendre à piloter était un peu plus complexe que ce que je pensais. Mais j'ai réussi les tests de Cael.

— Comment te sens-tu ? me demande Mère.

— J'ai un peu la tête qui tourne.

— Oui, le retour dans la réalité est un peu étourdissant. Mais ça devrait aller.

Elle me tend un verre d'eau. Je bois goulûment et la remercie.

Elle prend ensuite sa tablette et pianote sur les touches.

— Je t'envoie le portrait de Tueuse 1.

L'image d'une femme aux yeux noisette, les cheveux courts, prend forme dans mon esprit. Étrangement, j'ai l'impression de l'avoir déjà vue quelque part.

Mère me tend ensuite un morceau de tissu.

— Ceci est un vêtement de Tueuse 1. Il te sera plus facile de la repérer en suivant son odeur. Prends-le avec toi. Le vaisseau est prêt. Nous avons mis des vivres, des armes, tout ce dont tu auras besoin.

— Je pars maintenant ?

— Oui... Je suis trop inquiète pour Tueuse 1.

— Et si... si les rebelles l'ont déjà tuée ?

— Je connais les rebelles, ils ne la tueront pas puisqu'ils cherchent notre cachette... Ils ont besoin d'elle pour me retrouver...

Elle me fixe droit dans les yeux et pose ses mains sur mes épaules.

— Tueuse 2, ne te fais pas capturer ! Tu es intelligente, alors trouve le moyen de les éliminer d'une traite !