A Girl Revolt - Tome 3

28. LES ÉGOUTS DE PARISIORIUM (Érine)

Mes poils se dressent sur ma peau, mon souffle produit de la buée qui se dépose sur mon masque.

Ce n'est pas possible.

— Érine ? s'enquiert Palma en s'arrêtant.

Je m'humecte les lèvres.

— Je les ressens...

— Comment ça, tu les ressens ?

— Les filles, grogne Doc derrière nous, et si vous avanciez ! Les égouts, ça n'a jamais été mon truc.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? intervient Cécile.

Saturn et Eric s'arrêtent à leur tour. Je me rapproche d'eux.

— J'entends des bruits, et je ne sais pas comment l'expliquer, mais je ressens leur présence.

— Leur présence ? interroge Cécile.

Je fronce les sourcils et fixe droit devant moi en direction de la source de bruit.

— Des Dévihomulus !

Les sons s'arrêtent soudainement et un silence glacial nous rend muet.

— C'est impossible, s'écrie Cécile pour briser le silence. C'est un réseau d'égouts situé à plus de cent mètres du sol...

Mes yeux se posent sur l'eau boueuse dans le canal. Qu'est-ce qu'il peut y avoir comme microbe là-dedans ?

— Je sais que c'est impossible et pourtant, il se peut qu'il y en ait même ici !

— Alors il faudra avancer avec prudence, déclare Saturn en retirant une arme de son étui. Je te crois.

Nous nous remettons en route, restant aux aguets. Mon cœur ne cesse de cogner fortement contre ma poitrine. Pourquoi est-ce que je ressens leur présence ? Helka De La Costa aurait-elle intentionnellement placé des Dévihomulus ici pour envahir la Cité, comme à Monaco ? Une boule se forme dans ma gorge. Ciel, et si elle l'avait déjà envahie !?

Je pense à mes cauchemars, à Sissi et Sophiane baignant dans une rivière de sang et tout à coup, le son d'un métal qui percute de la pierre me fait sursauter.

Tout le monde s'arrête.

Saturn observe un moment sa montre puis se tourne vers nous, posant son index sur sa bouche. Il fait signe qu'il va aller en éclaireur. Mais je secoue la tête et lui attrape la main.

— Laisse-moi y aller ! Chuchoté-je. Il ne me fera rien si c'est un Dévi.

Il fronce les sourcils, pas très décidé.

— Nous n'allons pas vous laisser y aller seul ! Nous irons tous ensemble ! grogne Cécile, en passant devant nous.

— Les femmes, toujours laisser les femmes nous montrer le chemin... commente Dimitri sur un ton ironique, en suivant Cécile.

Je fais une grimace. Elle devrait me laisser passer devant, s'il y a des Dévis, ils ne m'attaqueront pas. Je voulais simplement libérer la voie pour que personne ne soit attaqué.

Palma pose alors une main sur mon épaule.

— Dans des situations comme celles-ci, il vaut mieux rester grouper ! On ne peut pas te laisser faire tout, toute seule. L'incident à Czechia nous a plutôt perturbés.

Je repense à cette ville de cendres, aux Dévihomulus et au Gigantal qui m'a blessée. Je les ai tous inquiétés. En y réfléchissant, on s'inquiète tous pour les autres, on veut tous les protéger.