2.PAPA (Érine)

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— Papa !

Mes larmes coulent et je me jette sur son torse. C'est papa ! C'est papa ! Il est là, devant moi ! Il est vivant !

Je le serre contre moi quand tout à coup, sa respiration devient plus rauque, plus instable. Des mains m'attrapent l'épaule et me repoussent de son corps. Une femme scientifique prend une sorte d'appareil incurvé qu'elle pose au niveau de son cœur. Elle l'active et le corps de mon père soubresaute. Sa respiration redevient presque normale.

— Qu'est-ce que vous lui avez fait ? maugréé-je. Qu'est-ce que vous lui avez fait ?!

— Calme-toi avant, ma petite, dit une scientifique.

— Me calmer ? Tempêté-je. Qu'avez-vous fait à mon père !?

Helka me fait un sourire.

À cet instant, je n'ai qu'un désir. Prendre une de ces nombreuses seringues qui se trouvent autour de moi et la lui planter dans le cœur. Mais je ne peux pas. Les femmes me retiennent et qui sait si ce n'est pas un vaccin pour transformer un humain en dévi...

Je prends une profonde inspiration et ravale mes sanglots.

Je fais ce que conseille la scientifique et me calme. Je reporte alors mon attention sur mon père. Mon cœur me lancine. Il est là, mais ce n'est plus l'homme qu'il était.

Soudain, je ressens une sorte de décharge électrique dans ma nuque. D'un coup, je suis paralysée et ne sens plus rien.

Les femmes me déposent sur un fauteuil de dentiste. L'une d'elles me passe un antiseptique, me tapote les veines, puis prend une seringue et recueille mon sang. Elle me fait ensuite un pansement.

Helka s'assoit ensuite à côté de moi.

— Peut-être veux-tu des explications ? Lorsque j'ai ordonné la destruction de Monaco, j'ai su qu'un petit groupe de rebelles – dont ton père qui devait transmettre des informations sur le remède aux Délatrices - avait pu s'échapper. J'ai envoyé une équipe à leur recherche. Et le jour où tu t'es enfuie de Parisorium, mon équipe les as trouvés. (Elle fait un large sourire) Je me doutais que son dominationem n'était pas comme les autres. Il fallait donc que je fasse l'expérimentation sur lui... Et grâce à lui, et à son dominationem... non, grâce au programme de ta mère, tous les Dévihomulus que tu as vus tout à l'heure, sont des sujets inestimables. Cependant, (elle pousse un soupir) il faut que j'arrive à combler leur besoin insatiable de vouloir manger ceux issus de l'espèce Homo sapiens.

Je la regarde méchamment. Je n'en ai jamais autant voulu à quelqu'un.

— Oh, je suis navrée, ma puce, dit-elle en essuyant mes larmes. Oui, ton père n'a plus une once d'humanité en lui. Même si ses yeux sont toujours les mêmes. Même s'il marche sur ses deux pieds. Même s'il sait tenir une fourchette ou même allumer une tablette... Mais ne perdons pas espoir... Avec le programme de ta mère, il regagnera son « humanité », rigole-t-elle.

Je grogne pour articuler un mot, mais c'est impossible. Je n'ai pas de voix. Bordel, qu'a-t-elle fait avec mon corps !?

— Quoi ? Veux-tu me demander pourquoi je fais ça ? Parce qu'une scientifique telle que moi, dois toujours être fière de ses trouvailles, de ses expériences ! J'ai fait des efforts méritoires pour rendre votre peau juvénile. C'est grâce à moi si nous vivons jusqu'à 120 ans sans aucune ride ! Pourtant, il a fallu qu'une famille aliénée débarque ! Ta mère avec ses programmes et toi, immunisée contre le virus et qui colporte la vérité pour me pousser à abdiquer ? (Elle pouffe de rire) Après tout ce que j'ai fait, après tout ce que je m'apprête à faire ! Il n'en est pas question ! Je n'abdiquerai jamais !

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant