71.TERRIBLE ÉCHEC (Érine)

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J'ouvre les yeux. La lumière ambiante me les picote. Je bats des paupières jusqu'à ce que ma vue ne soit plus sensible.

J'observe les alentours. Je crois que je suis dans une chambre d'hôpital.

— Tu es réveillée ?

Je pivote la tête et je vois une fille d'à peu près mon âge, aux cheveux noirs et frisés.

— Je suis contente de te revoir ! s'exclame-t-elle, les larmes lui montant aux yeux.

Je la détaille.

— On se connaît ?

Elle me sourit.

— Maman m'a dit qu'à cause du dominationem tu avais tout oublié... Alors, je me présente. Je suis Renée ! Une de tes anciennes amies !

Je la fixe, pour l'instant, je ne m'en souviens pas. Je me relève et porte mon attention vers la fenêtre. Je distingue des arbres et quelques tours au loin.

— Où suis-je ?

— À Norway. On vous a transféré dans la Cité la plus proche.

Je fronce les sourcils. La Cité la plus proche ? Tout à coup mes souvenirs me reviennent. La Petite Dominica, le virus qui s'échappe. Mon cœur martèle violemment contre ma poitrine.

— Les autres ! Saturn, Dame Helmet, ses amis !? Où sont-ils ?

Elle me regarde tristement puis se lève.

— Je vais appeler ma mère.

Elle sort de la chambre et l'inquiétude m'envahit. Je serre les draps et tout se bouscule dans ma tête. Est-ce qu'on a réussi à les sauver ?

— Érine, tu es réveillée ?

C'est le dénommé Flèche, vêtu d'un pyjama tout blanc qui apparaît à l'embrasure de la porte. En le voyant, je me sens un peu mieux. S'il est là, ça veut dire qu'on a réussi.

— Les autres ? Est-ce qu'on les as sauvés.

Je vois sa pomme d'Adam monter puis redescendre et il reste immobile. Renée revient en compagnie d'une dame. Je la reconnais, Dame De Capistran, elle pénètre dans la chambre. Renée reste à l'embrasure de la porte, l'air triste. Son comportement ainsi que celui de Flèche m'angoissent encore plus.

— Les autres ? Où sont les autres ? questionné-je.

Dame De Capistran s'assoit sur la chaise.

— Lorsque 233 a prévenu l'unité de Norway, elles ont fait leur possible pour vous rejoindre au plus vite . Seulement, en arrivant il y avait une sorte de dôme magnétique qui recouvrait tout un périmètre. Personne ne pouvait pas la franchir. Elles ont fait appel à des expertes pour l'ouvrir... Mais ça leur a pris une douzaine d'heures à le désactiver et lorsque les Askaris sont entrés... (Elle se pince les lèvres). La plupart des gens étaient...

Je déglutis péniblement, ne voulant pas entendre la suite.

— Ils étaient morts. Flèche, Éva, Tessia, Palma, Saturn et toi étiez les seuls survivants. En patrouillant dans le laboratoire, les Askaris sont tombés sur des personnes qui avaient muté, dans les niveaux inférieurs.

J'ai l'impression de perdre toute mon énergie, de ne plus savoir comment respirer.

Mes larmes coulent.

— Saturn ! Où est-il ?

— À la morgue. Nous avons ramené quelques corps... Nous avons décidé de faire une grande cérémonie pour rendre hommage à tous les morts.

Je hoquette et baisse la tête, pensant à tout ce que j'ai fait.

— Je n'aurais pas dû désactiver la cuve de la Grande Dominica ! C'est de ma faute ! J'ai tué tout le monde !

— Non ! s'écrie Flèche. On était tous d'accord pour désactiver la cuve pour l'empêcher de revenir à nouveau ! C'est autant notre faute !

Il se met à pleurer et Renée va le prendre dans ses bras.

— Arrêtez ! crie Dame De Capistran. Rien n'est de votre faute ! C'est Helka elle-même ! Vous n'avez rien à vous reprochez. Vous avez tout fait pour les protéger.

J'enfouis mon visage entre mes mains pour pleurer. Non, peut-être que si on avait tué la première Petite Dominica, et qu'on l'avait laissé se réveiller dans le second clone... Le gaz ne se serait pas échappé ! Et puis, je n'aurais pas dû m'emporter aussi vite, elle nous aurait dit quoi faire ! Si seulement j'avais pris le temps de réfléchir !

Je sens la main de Dame De Capistran se poser sur mon dos.

— Érine ! Ce n'est pas de ta faute ! Rien n'est pas de votre faute !

J'avale mes sanglots et lève les yeux vers elle.

— Je veux voir Saturn.

Elle hoche la tête et m'aide à me lever.

Elle me conduit dans la morgue au sous-sol. Des personnes que je ne connais pas, entourent des cercueils en vitre. Je distingue la fille rousse, Palma, en train de pleurer à chaudes larmes devant l'un d'eux. Le compagnon de Saturn, Eric, je crois que c'était son Masculin. Mes larmes recommencent à couler. Le cauchemar était censé être terminé, mais on dirait qu'il vient de commencer.

Dame De Capistran me montre où se trouve Saturn. Il fixe un cercueil l'air absent. Je fais un pas vers lui, puis me retiens. Qu'est-ce que je vais lui dire ? C'est moi qui ai tué tout le monde ! C'est moi qui ai appuyé sur la touche de désactivation !

Je tourne les talons et me précipite dans ma chambre. En y arrivant, quelque chose remonte le long de mon œsophage et je vomis. 

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant