A Girl Revolt - Tome 3

29.L'EMBRYON SAIN (Érine)

J'entends une plainte sourde et j'ai une migraine. Une énorme migraine.

Brusquement, je reçois comme un jet d'eau à la figure. Je me lève en sursaut, le souffle saccadé et le corps tremblant.

— Héééé....rriii....nnnn

Je bats des paupières et me tourne vers le Dévihomulus.

— Héééé....rrriii...nnnn, dit-il en me fixant avec une lueur étrange qui brille dans ses yeux.

Il me tend ensuite une gourde et la lève vers ma bouche. Il veut que je boive l'eau.

Je récupère la gourde entre ses mains et m'abreuve. Retrouvant mes esprits, je regarde autour de moi. Nous sommes en pleine jungle, près d'un arbre et je perçois au loin la pointe du dôme. Je repense à ce qu'il s'est passé. J'ai été prise d'une soudaine crise de toux et je me suis évanouie.

Je me tourne alors vers le Dévihomulus qui m'observe, d'un air étrange. Mes yeux font ensuite des allers et retours entre le dôme et lui.

— C'est toi qui m'as sortie de là ?

Il hoche la tête.

— Merci. Tu m'as sauvé la vie.

Ses yeux s'humidifient soudainement puis il m'attrape la main pour la poser sur son front. Il ferme les yeux et je vois des gouttes d'eau rouler sur ses joues.

— Qu'est-ce que tu as ? Pourquoi y-a-t-il de l'eau qui sort de tes yeux ?

Il garde la tête penchée un long moment avant de me lâcher et essuyer son visage.

—Dévihomulus, dis...

Je me tais. J'oubliais qu'il avait perdu le moyen de s'exprimer en devenant ainsi.

— Dévi...

Cette fois, je ne poursuis pas ma phrase en voyant une silhouette perchée dans un arbre en face de nous. C'est un Dévihomulus dont la couleur n'arrête pas de passer du gris au brun au vert.

Je fronce les sourcils, c'est vraiment trop étrange qu'un Dévihomulus soit capable de faire ça. Je me tourne ensuite vers le Dévihomulus qui m'accompagne. Il faudrait peut-être que je lui trouve un nom pour le différencier des autres.

—Dévi... Je vais te donner un nom pour te remercier de m'avoir sauvée.

Je réfléchis un moment.

— Que dis-tu de Saviour ? Ça signifie sauveur !

Un sourire étire ses lèves et il secoue la tête. Il ouvre la bouche pour cafouiller :

— P...Pa...Paaa...

—Pa...paa... je répète. Papa...

Je ressens à nouveau un pincement au cœur, mais celui-ci me semble profondément douloureux. Le Dévihomulus reprend ma main pour la placer sur son cœur.

— Pa...Paa...

Je sens cette fois des gouttes d'eau rouler sur ma joue, ne comprenant pas ce qu'il m'arrive.

Je les essuie et hoche la tête.

—D'accord, je comprends, tu veux que je t'appelle Papa ?

Il opine du chef.

— Ok, alors... La mission est remplie, rentrons...

Je hausse les sourcils et mon cœur bat fortement contre ma poitrine.