50.INFILTRATION D'UTSJOKI (Saturn)

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Je suis en train de visiter le camp. Ça fait maintenant vingt heures que nous sommes là. Eric, Jack et moi. Nous nous sommes séparés pour mieux arpenter cette immense base secrète. J'ai pris un ascenseur pour descendre dans un secteur et je n'ai aucune idée où se trouvent ma génitrice et Érine. Encore moins Helka De La Costa.

Lorsque nous sommes arrivés, nous avons dû attendre qu'il n'y ait plus personne dans l'aérodrome pour sortir de notre cachette : la soute. Nous avons ensuite attaqué trois Askaris, pour voler leur badge passe partout et leur identité.

Maintenant, je suis A27, un Askaris qui s'occupe à donner de la nourriture aux Dévihomulus ou de les capturer.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Une pièce circulaire avec de nombreux couloirs. Quelques scientifiques traversent le hall, des tablettes dans leur main.

Je m'avance au centre. Il y a une dizaine de portes, elles sont toutes numérotées. Je me dirige vers la première quand j'entends :

— A27 ! Nous avons besoin de toi !

Je me retourne. C'est une femme, ou plutôt, une jeune fille, aux cheveux blancs, portant l'habit des scientifiques. N'est-elle pas trop jeune pour travailler ici ?

Je vais à sa rencontre.

— Nous avons un souci avec une femelle. Nous avons besoin de toi pour l'endormir.

Je garde le visage neutre en hochant la tête comme tout Askaris contrôlé et la suis.

Nous empruntons le couloir numéro 6. Elle me fait entrer dans la troisième porte. C'est une grande salle avec des cellules et des cages. Nous avançons jusqu'à une cage où une autre scientifique la tête rasée, attend, le corps raide, les bras le long du corps.

— Scientifique 3 ! A 27 va nous aider !

La femme pivote la tête et je hausse les sourcils en voyant Cécile. Oui, c'est Cécile. Mais son regard est vide, son visage inexpressif. J'imagine que tout comme Érine, Helka lui a implanté une Brain Booster. Elle me tend alors une clé et une seringue.

— Endormez-la.

Dans la cage, une femelle, les mains attachées, pousse des hurlements âpres. Elle se tortille dans tous les sens, se débat, donne des coups de pieds pour essayer de se libérer. À force de bouger, du sang macule ses poignées.

J'ouvre la cage et entre à l'intérieur. Je fixe la femelle dans les yeux et elle se calme. Je me rapproche lentement d'elle et elle émet un cri comme pour me demander de l'aider. Étrangement, je ressens de la pitié pour elle. Après tout, avant, elle était peut-être humaine. Et Helka l'a transformée ainsi.

Je lève rapidement la main pour lui agripper le cou. Sa tête se cogne contre la barrière et sans attendre, je plante l'aiguille dans sa gorge. Aussitôt, ses yeux papillonnent et elle perd connaissance.

— Détache-la maintenant ! m'ordonne la scientifique. Amène la sur le lit, ici !

Je m'exécute. Une fois sur le lit, les femmes l'attachent.

— Nous allons lui implanter l'embryon numéro 6, annonce la scientifique.

Cécile hoche la tête et va chercher quelque chose.

— A 27 ! Que fais-tu encore là ? Va nourrir les Dévihomulus du couloir 4 ! grogne la scientifique.

J'aurais bien aimé savoir ce qu'elles expérimentent mais, ce n'est pas encore le moment de se faire repérer. Une fois que nous connaîtrons bien les lieux, nous prendrons contact avec 233 qui, en ce moment, doit survoler la Russie pour regagner Norway.

Je tourne les talons et observe Cécile qui porte un petit incubateur dans les mains. Au moins, je l'ai trouvée.

Je sors du laboratoire et lorsque j'arrive dans le hall circulaire, je sens l'odeur d'Érine. Je tourne la tête en direction de son parfum qui laisse une traînée dans l'air. Le couloir numéro 4, l'endroit où je dois nourrir les Dévihomulus.

Que fait-elle là ?

Je m'y dirige aussitôt. Dès que j'emprunte le couloir, mes yeux s'arrondissent en voyant plusieurs cellules, dans lesquelles se trouvent des Dévihomulus qui portent des combinaisons et ont des jeux, comme des enfants à disposition.

Lorsqu'ils me voient, ils grognent et se rapprochent de la vitre. J'imagine qu'ils me crient qu'ils ont faim. J'observe chaque cellule. Il y a un châssis mobile qui permet de leur glisser un plateau. Seulement, je ne sais pas où aller chercher leur nourriture.

De toute façon, ils peuvent attendre un peu. Je poursuis ma route. Une porte s'ouvre et je me retrouve à traverser un petit couloir. Bientôt, j'arrive dans une grande pièce entourée de végétation. Il y a quelques cellules vides, une plateforme avec du matériel médical et plus loin, je vois Érine devant une cellule.

Elle s'adresse à un Dévihomulus et son regard s'illumine. Je plisse les yeux ayant du mal à comprendre pourquoi son visage est, maintenant, étrangement expressif. Je fixe le Dévihomulus. Je l'ai déjà vu... Oui, lorsque Dame Dashing nous a montré la vidéo il y a deux mois ! Il l'accompagnait dans ce laboratoire secret de Dax. Qui est-ce ? Pourquoi semble-t-elle si proche de ce Dévihomulus ? J'en ressens presque de la colère, ou plutôt de la jalousie.

— A 27 ! Qu'est-ce que tu fais ? grogne-t-on derrière moi.

Je tourne la tête. Une nouvelle scientifique, aux cheveux roux.

— Tu n'as pas vu que les Dévis-sapiens ont faim ! Va dans le labo de cuisine et ramène-leur leur repas ! Et n'oublies pas pour le père d'Érine : des fruits ! Il ne supporte plus la viande !

J'essaie de ne pas ciller. Vient-elle de dire « le père » d'Érine ?

Elle met soudain sa bouche devant sa main et écarquille les yeux, regardant devant elle. Je pivote la tête et hausse les sourcils en voyant Érine devant nous. 

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant