A Girl Revolt - Tome 3

4.PROGRAMMATION (Érine)

Je suis enfermée dans la chambre. Je ne sais pas depuis combien de temps. Et mes yeux sont secs. J'ai beaucoup pleuré. Tout ce que Helka De La Costa m'a dit m'a anéantie... Impossible de fermer l'œil et de trouver le repos. Je ne cesse de faire des cauchemars où tout le monde baigne dans son sang, certains transformés en Dévihomulus. Et mon père qui en est devenu un, et Saturn...

Je me recroqueville sur mon lit. Je ne peux même plus verser de larmes pour lui. Je me sens si meurtrie. J'aurais peut-être dû patienter encore un peu, ne pas être si pressée de lancer cette révolte. Maintenant, tout est fichu et j'ai perdu tout le monde. J'ai perdu Saturn. Et Helka me tient en laisse.

J'entends soudain la porte s'ouvrir derrière moi.

— Je vois que tu t'apitoie sur ton sort. Mais ne t'inquiète pas, dans quelques semaines, tu n'auras plus de regrets et tu ne ressentiras plus aucune émotion nuisant à ta santé.

Je me redresse et foudroie Helka du regard. Elle n'est malheureusement toujours pas intimidée. Au moindre mouvement de ma part, c'est moi qui prendrai une raclée.

— Tout est prêt pour ta programmation, annonce-t-elle.

Une boule vient se coincer dans mon estomac.

— Viens, suis-moi.

Je prends du temps avant de me lever et de la suivre. Je ne peux pas reculer. C'est pour Cael que je fais ça. Pour qu'il reste en vie. Elle a trop besoin de moi, elle ne pourra pas me jouer un mauvais tour. D'ailleurs, quel genre de mission me confiera-t-elle ?

— Qu'est-ce que je ferai exactement lorsque vous me contrôlerez ? quémandé-je alors que nous traversons une passerelle.

Elle reste un moment silencieuse avant de répondre :

— Vois-tu, le docteur Barnasso a laissé quelque chose de très important dans son laboratoire... Comme tu le sais, je l'ai tuée avant de le découvrir... Et je le regrette...

Regretter ? Je suis sûre qu'elle n'a aucun scrupule d'avoir tué le docteur.

— Et alors ? Si elle l'a laissé dans le laboratoire, pourquoi n'êtes-vous pas retournée le chercher ? je poursuis.

Elle sourit.

— Parce que je ne le peux pas... ni mes Askaris, ni moi. Sans réfléchir aux conséquences, j'ai lancé des gaz toxiques dans le laboratoire... des gaz qui transforment les gens en Dévihomulus... C'est un gaz puissant... J'ai envoyé une équipe, il y a cinq ans. Même les masques ne les ont pas protégés. C'est une zone très risquée. Si je m'y rends, je deviendrai moi-même une de ces créatures en quelques heures.

J'émets un ricanement à cette nouvelle. Si seulement ça pouvait arriver. Elle se renfrogne et je m'arrête. Il le vaut mieux. Elle risque de me jouer un mauvais tour, sinon.

— J'avais abandonné tout espoir de retrouver cette chose... Mais toi... (elle se tourne vers moi) tu es immunisée alors tu ne craindras rien en t'y rendant. J'ai grand besoin des travaux du docteur...Tu me les rapporteras.

Elle détourne la tête et ouvre une porte. C'est comme une salle d'opération, mais avec beaucoup de matériels informatiques.

Une infirmière, vêtue d'une combinaison, me salue et m'invite à m'allonger sur le fauteuil.

Des frissons me parcourent le dos. Ça me fait peur, mais il faut que je pense à Cael. Il est tout ce qu'il me reste. Si ça ne fonctionne pas, ce n'est pas seulement moi qui mourrai. Mais lui.