A Girl Revolt - Tome 3

25. partie 2

— Ça fout quand même les jetons de savoir si on a des parents dans une Cité, si on a été conçu en laboratoire in vitro ou si c'était une Mère Porteuse.

— Et si c'est une Mère Porteuse, ça signifie que tu as douze frères ou sœurs, commente subitement Arisa, en arrivant sur la terrasse.

Tous les regards se tournent vers elle. Elle est en compagnie de 319 et lui tient même le bras. Quel changement ! Mais je me demande quel accord ils ont passé ensemble.

— Pourquoi douze frères ou sœurs ? s'enquiert 85.

— Parce qu'une Mère Porteuse doit porter douze enfants. D'ailleurs, je viens de réfléchir à quelque chose, il se pourrait que lorsqu'elles mettent au monde des filles, celles-ci doivent être conduites dans ces laboratoires, non ?

Je hoche la tête, c'est vrai que, jusqu'à présent, je ne m'étais pas demandé ce qu'il advenait si une Mère Porteuse donnait naissance à une fille. Même s'il y a manipulation d'ovocytes pour choisir la couleur des yeux, des cheveux, le groupe sanguin du futur bébé, le sexe reste plus difficile à contrôler... Sauf s'il s'agit de clonage. Et selon Cécile, la reproduction in vitro, repose sur ce principe.

Cette dernière fait subitement sonner une cloche numérique qui retentit dans toute la salle. Je me pince les lèvres, le son me fait mal aux oreilles.

— Mes compagnons, chaque année, c'était Andromède qui nous tenait le discours de Noël. Mais avec ce qui nous est arrivé, nous avons dû abandonner notre camp, laisser certains derrière nous... Mais ils vivront toujours avec nous, dans nos cœurs. Et pour eux, nous ferons tout pour destituer Helka De La Costa. Ce soir, nous fêterons Noël, mais nous rendrons également hommage à nos amis, à nos enfants, qui ont péri. Avant la Grande Terreur, cette fête célébrait la venue d'un messie... Les hommes de cette époque croyaient en des dieux et ont cessé d'avoir la foi... et pourtant, cette fête s'est perpétuée, car c'est une fête où nous nous rassemblons en famille, où nous partageons, où nous célébrons l'amitié, l'amour et les enfants. Nous devons mettre de côté tous nos différends, penser à ce que nous pouvons faire ensemble main dans la main... Nous avons besoin des uns et des autres pour survivre pour les jours à venir.

Tout le monde applaudit dans la salle.

J'attrape la main de Saturn et la lui serre.

— Je n'ai pas eu le temps de t'expliquer ce qu'était Noël.

— Je sais déjà ce que c'est, n'oublie pas les programmes de ta mère.

Je hausse les sourcils puis souris. En effet, maman n'a rien fait à la légère.

— Bonsoir, saluent Arasu et Jasmine.

— Oh bonsoir, réponds-je en regardant leur bébé qui semble avoir encore grossi.

Il est si adorable. Les filles entourent subitement le couple pour admirer le nourrisson. J'avais oublié qu'elles n'avaient jamais vu de bébé de si près.

Les festivités se poursuivent dans la bonne humeur. Les enfants s'amusent, dansent et jouent à des petits jeux virtuels dans le jardin. Les garçons et les filles présentent leur danse chorégraphiée qu'ils ont appris tout l'après midi. Et j'avoue que pour leur première danse, ils s'en sortent très bien. Après le repas, les Défenseurs apportent des planches, provenant de je ne sais où, qu'ils tiennent sur leur épaule. Ils forment une ronde, et une femme dépose une feuille de houx toutes les deux planches...

— Qu'est-ce que c'est ? demande Freyja.

— Je ne sais pas, réponds-je.

— Le jeu de houx, nous informe Flèche. Deux montent sur la planche, ils doivent faire un tour en sautant et en évitant la planche où se trouve la feuille de houx. Et bien sûr, éviter toute chute, sinon on est éliminé. C'est notre jeu de Noël !

Claudia et Éva sont les premières à s'y mettre. Tout le monde trépigne en chantant pour les encourager. Ni Claudia ni Éva ne s'avoue vaincue, sautant par-dessus les planches avec souplesse. Elles sont vraiment acrobatiques. Mais Éva finit par tomber, et la gagnante désigne un autre adversaire. Elle appelle Sénick qui tombe au premier tour après avoir tenté de sauter par-dessus trois planches. Tout le monde éclate de rire, mais Sénick garde toujours la tête haute. Claudia désigne aussitôt une nouvelle adversaire. Celle-ci chute au bout de trois sauts, Claudia est vraiment forte. Elle finit par arrêter après cinq victoires laissant la place à Flèche qui désigne Saturn comme adversaire. Saturn hésite un peu, mais finit par se décider sous l'encouragement de ses compagnons d'armes.

Je prends Cael dans mes bras pour qu'il puisse voir le spectacle.

Flèche et Saturn sautent et font trois tours sans tomber, mais bientôt Saturn, qui atterrit, vacille et perd l'équilibre. Mon cœur bat la chamade en le voyant chanceler, mais il reprend rapidement l'équilibre et poursuit son tour. C'est impressionnant. Ou plutôt, les garçons le sont, et ça ne laisse pas les filles indifférentes, elles sont captivées. Flèche finit par abandonner et Saturn défi 2829.

Ce dernier grimpe à son tour. Le duel est encore plus impressionnant, mais Saturn commence à se lasser, après qu'ils aient fait cinq tours sans que son ami ne flanche. Comme Flèche, il abdique et désigne 450.

— Tu as été super ! s'écrie Cael.

— Merci, Cael, dit Saturn en lui ébouriffant les cheveux.

2829 finit par tomber et 450 interpelle Freyja pour y participer.

Aidée par les Défenseurs elle grimpe sur la planche et fait un tour avant de tomber dans les bras de 566. 450 désigne ensuite un remplaçant. S'ensuivent ainsi des duels entre garçons et filles des Cités. Et je commence à imaginer le futur qui s'ouvre à nous en les voyant ainsi. Plus personne qui en contrôle une autre, juste une entente harmonieuse comme celle-ci.

— Érine !

Je bats des paupières et fixe Arisa sur la planche. Elle est toute seule...

— Je veux jouer contre toi ! s'exclame-t-elle.

J'écarquille les yeux tandis que tout le monde m'encourage à côté de moi. Je me pince les lèvres. Je n'ai pas le choix.

— Regarde juste devant toi, me conseille Saturn.

Je hoche la tête et m'approche de la ronde. Saturn m'aide à monter sur la planche qui brinquebale sous mes pieds. Woh, c'est très déséquilibrant. Je me redresse tant bien que mal jusqu'à trouver mon équilibre.

— Alors, Érine, tu es prête ? s'enquiert Arisa, en me faisant un sourire prétentieux.

— Oui !

— Allez ! crie un Défenseur en donnant le départ.

Je regarde devant moi et saute. La planche tangue comme un bateau et je suis obligée de lever mes bras pour reprendre mon équilibre. Je jette un coup d'œil à Arisa qui fait son second bon... Je me rappelle soudain qu'elle fait de la gymnastique. Un peu normal qu'elle soit à l'aise.

— Érine ! supporte mon petit frère à côté de moi, assis sur les épaules de Saturn.

Je prends une profonde inspiration, regarde les planches suivantes et m'élance. Je sens soudain mon cœur bondir dans ma poitrine, le vent frapper mon visage et je n'entends plus aucun son, comme si tout le monde s'était tu de surprise. Je baisse les yeux et me rends compte que je les survole. Oui, la foule se trouve sous mes pieds. Mon pouls s'accélère, je pousse un cri en sentant le sol m'attirer vers lui, et j'atterris sur une table qui s'écroule sous mon poids. Je bats des paupières alors que je suis toujours debout. Je commence à suer. Qu'est-ce que c'était encore ?

— Quel saut !

Je lève les yeux vers Dimitri qui était resté à l'écart, durant toute la soirée, à boire du champagne et nous observer.

Je revois soudain l'image des Dévihomulus Spider puis des Gigantals qui font des bonds vertigineux, tout se mélange subitement dans ma tête et je me sens partir. 

En média, vous pouvez voir le genre de chorégraphie qu'ils ont fait... 

y'en aurait une plus dynamique également