A Girl Revolt - Tome 3

24.LA CLÉ DES SOUVENIRS (Saturn)

Je sors de l'hôpital au lever du jour et n'attends pas la moindre seconde pour aller voir Dame Helmet à la Tour Cellules. 

Elle est assise sur le lit, les mains toujours posées sur les genoux. On lui a apporté un plateau repas mais, il est sur la table, rempli de nourriture.

Je frappe contre la vitre.

— Bonjour, dis-je, vous ne mangez pas ?

Elle se tourne vers moi pour me fixer.

— Il faut manger pour prendre des forces.

— Je n'ai pas faim... Mère...

—Elle vous manque ?

Elle prend un air intrigué et hoche la tête.

— Je sais ce que c'est, j'étais sous le contrôle d'un commandant... Tant qu'on ne reçoit pas d'ordre d'elle, on se sent... abandonné !

Elle se lève et s'approche de moi.

— Abandonné... Est-ce que je ressens ? Parfois, je ne sais comment nommer ce que j'éprouve.

— Oui, c'est à cause du programme. Il vous fait tout oublier, même ce que vous éprouvez. Mais si je suis là, c'est pour vous annoncer une nouvelle.

Elle arque un sourcil.

—Nous allons pour Australia. Là où se trouve Luca.

Elle écarquille les yeux, mais bien vite les plisse.

—Si c'est un piège, je vous tuerai !

— D'accord, mais vous ne pourrez pas le retrouver sans moi.

Elle me jauge comme pour savoir si elle peut vraiment me faire confiance.

— Nous partons demain, je poursuis. Pour l'instant, vous ne serez pas libre de vos mouvements. En fait, vous savez, on ne vous fera pas de mal, mais les autres ont peur que vous leur fassiez du mal.

— Dès que Mère nous ordonne de faire quelque chose, on ne peut que l'accepter.

— Parce que c'est la Machine qui vous dicte tout ce que vous devez faire, vous faisant croire que vous ne pouvez rien refuser. Mais vous avez le choix ! La première fois que j'ai vaincu la Machine, j'ai compris que j'avais toujours le choix. Après tout, dans la vie on est toujours amené à faire des choix. La machine ne peut pas nous faire de mal. Comme je vous l'ai dit hier, elle n'est pas réelle.

Elle fronce les sourcils et pousse soudainement un gémissement comme si un souvenir revenait en trombe.

— Dame Helmet ? Est-ce que ça va ?

Elle redresse la tête, le visage un peu pâle.

— Après tout, dans la vie, on est toujours amené à faire des choix. J'ai revu cet homme qui me le disait.

— Ça doit être Charles. Il me l'a dit une fois. La seule fois où je l'ai rencontré.

Son visage s'attriste. Je lui montre ensuite son repas.

— Vous n'avez pas l'air d'être bien, et si vous ne voulez pas tomber malade et voir Luca, alors mangez !

Elle fixe son repas puis tire la chaise vers elle pour s'asseoir et manger.

— Je sais qu'il y a quelque chose qui cloche, annonce-t-elle soudain.

— Quelque chose qui cloche ?