A Girl Revolt - Tome 3

7. INCOGNITO (Érine)

PARTIE 1

— Vous êtes folle, chef ! s'écrie Dini. Pourquoi voulez-vous envoyer cette gamine en bas ?!

— Parce ce que les Dévihomulus ne la tueront pas !

La mâchoire de Dini se décroche de sa bouche.

Saturn se rapproche de moi et plonge son regard dans le mien.

— Pourquoi ne m'as-tu pas parlé de ça ? interroge-t-il.

— Parce ce que c'était arrivé une seule fois, quand nous étions allés dans le champ de pommes. Aucun Dévi ne s'est approché de moi ce jour-là, mais ensuite, quand le Défenseur s'est transformé dans le camp, il s'est attaqué à moi... Je me suis dit que peut-être je m'étais fait de fausses idées, pourtant ce soir, tu as vu... (Je regarde les Dévihomulus). C'est comme si pour eux je n'existais pas.

Saturn les observe. Ils commencent à frapper sur les murs, cherchant désespérément un moyen de nous capturer.

— Je vais aller dans le laboratoire, ouvrir la porte... Peut-être même que je pourrais les attirer ailleurs pour que vous puissiez passer.

Des plis se forment sur le front de Saturn. Mon idée ne l'enchante guère, malheureusement je crois bien être la seule qui puisse me jeter dans ce précipice de monstres avec une chance de m'en sortir.

— Saturn, passe-moi la tablette de Dimitri, lui enjoint Cécile.

Elle examine le plan de la ville et observe les alentours.

— Très bien, nous allons les attirer vers l'ouest en longeant le mur. (Cécile me regarde). L'ancienne base Askaris s'y trouve. Tu vas d'abord t'y rendre et nous dire ce que tu y trouves. Avec un peu de chance, nous pourrions trouver des armes encore en bon état et les utiliser.

— Sauf votre respect, chef, c'est risqué ! intervient Dini. On ne sait même pas s'ils vont vraiment la laisser se promener tranquillement dans leur territoire !

— Il faut y croire, Dini ! (Elle me tend la tablette et me montre l'endroit où je dois me rendre). On va d'abord chercher le moyen d'en éliminer le plus possible et ensuite, tu iras dans le laboratoire.

Je hoche la tête, bien qu'une boule d'angoisse se bloque brusquement dans ma gorge. J'espère que je vais passer incognito. Sinon, ce sera la fin. J'inspire profondément. Il faut que j'aie confiance en mes aptitudes. Tout va bien se passer.

— Érine, tu n'es pas obligé de faire ça, proteste Saturn, le visage alarmé.

— Mais tu sais que c'est le seul moyen, riposté-je.

Il se mord les lèvres, puis contemple la ville comme pour réfléchir à une autre solution.

Je glisse ma main derrière sa nuque pour qu'il me regarde à nouveau.

— Ça va aller, je sais que je peux le faire. Fais-moi confiance.

Plus que jamais l'air inquiet, il acquiesce.

Cécile retire aussitôt son oreillette et me la donne.

— Tiens, pour rester en contact.

— Et prends ça aussi, dit Saturn en me donnant son fusil d'assaut.

Je le remercie et attache la bandoulière derrière mon épaule. Je baisse la tête vers la cohorte de Dévihomulus et inspire à pleins poumons.

— Il faut les faire déplacer, déclare Saturn en partant à mon opposé.

Les autres le suivent et Cécile prépare le relais pour que je puisse entamer la descente.