A Girl Revolt - Tome 3

69. LE CADEAU DE LA PETITE DOMINICA (Érine)

Partie 1

Abasourdies, nous tournons la tête vers Saturn qui baisse son arme.

— Elle commençait à m'agacer.

Je me précipite aussitôt vers elle. Est-elle morte ? Sa mémoire va-t-elle être transférée dans son autre clone ?

À mon grand étonnement, la Petite Dominica se hisse sur son coude. Elle a été touchée à la jambe et je vois la cicatrice laissée par la balle se refermer immédiatement.

— Putain ! Vous avez osé tirer sur une petite fille de sept ans ! maugrée-t-elle.

Flèche et Saturn se ruent sur elle, alors qu'elle tente de se relever. Ils la prennent par les mains et par les pieds et l'emmènent sur le lit de dentiste.

— Érine, dépêche toi, on va la retenir là ! déclare Saturn. Palma, peux-tu chercher quelque chose pour qu'on l'attache ?

Palma s'y affaire.

Je retourne vers la cuve, accompagnée des deux autres filles.

— Est-ce que tu as trouvé comment faire ? s'enquiert l'une d'elle.

— Oui ! dis-je en cliquant la touche de désactivation.

Un message nous demandant si nous voulons mettre fin à l'alimentation en oxygène de la cuve s'affiche. Je valide aussitôt.

Une barre de téléchargement indique alors l'état de la progression. Lorsqu'elle atteint 100 % un message étrange apparaît.

— Mise en application du processus de sécurité ? lit Éva. Qu'est-ce que c'est ?

La petite Dominica éclate alors de rire.

— C'est une sorte de cadeau que j'ai laissé pour quiconque désactive mon alimentation !

— Un cadeau ? s'écrie Flèche. C'est quoi encore ?

Nous nous rapprochons de la Petite Dominica, les mains maintenant ligotées et enroulées par des écharpes autour du lit, qui explique :

— Il y a très longtemps dans un de mes laboratoire secret, une de mes scientifiques m'a trahie... Elle a désactivé, comme vous, une des cuves de mes clones. Ça m'a brisé le cœur... Alors depuis, dans tous mes laboratoires secrets, j'ai mis en place un système pour que celui qui désactive mes petits bébés... (Elle regarde chacun de nous) disparaisse.

Je bats des paupières. Tout à coup, une alarme résonne et une voix off annonce :

— Blocage de tous les ascenseurs. Fermeture des portes. Verrouillage de l'accès à la base. Relâchement des gaz dans trois minutes dans tous les niveaux du laboratoire. Compte à rebours commencé. Trois minutes.

Mon cœur se met à tambouriner affreusement dans ma poitrine. Relâchement des gaz ? Qu'est-ce que ça signifie ?

— Des gaz ? s'écrie Flèche paniqué. De quels gaz parlez-vous ?

La Petite Dominica rit, les yeux luisants de jubilation victorieuse.

— Vous le comprendrez dans quelques instants !

Je fronce les sourcils, puis je repense au laboratoire de Cuba. À tous les cadavres que j'ai vu et à ses clones dans les sous-sol.

— Non ! s'écrions Saturn et moi en cœur, comprenant ce qu'elle compte faire.

Les autres se tournent vers nous.

— Vous savez de quoi elle parle ? s'écrie Palma.

— Dans certains de ces laboratoires, elle a lâché des gaz toxiques qui faisaient muter les personnes ! répond Saturn.

Les autres sont pris de stupeur et Palma s'éloigne précipitamment, faisant un bond pour regagner l'étage supérieur. La voix off annonce alors 2 minutes 30 secondes.

— Bon sang ! C'est pas vrai, est-ce qu'on peut arrêter ça ?! hurle Flèche en secouant la Petite Dominica.

Elle sourit.

— Il n'y a pas moyen de l'arrêter. Une fois qu'on débranche la cuve, tout s'active et c'est la fin... Enfin pour eux...

Tout à coup, elle redresse les bras, déchirant les tissus qui la retiennent. Tout se passe alors si vite. Flèche est projeté à plusieurs mètres et va heurter une armoire médicale. Je la vois virevolter puis, je sens mon corps percuter violemment un mur. Je m'écroule à terre, tout en entendant les autres pousser des cris de détresse. Dans un effort, je m'agenouille et lève la tête. Mes yeux s'arrondissent en trouvant la petite devant moi.

— Érine, toi et moi, nous pourrions devenir les Grandes Scientifiques Mères de ce nouveau monde. Tu m'aideras à améliorer la vie des humains, et plus que tout faire d'eux des êtres égaux. C'est ce que tu souhaite, n'est-ce pas ? (Elle pivote la tête vers Saturn qui est à quatre pattes et semble déboussolé à cause du coup qu'il a reçu) Ou si tu préfères, ton Masculin et toi pourriez devenir mes nouveaux parents... Nous serons les tous premiers Parcaes.

Ses yeux se dirigent lentement vers le bracelet doré que porte Saturn au poignet, puis elle repose son regard sur moi, en laissant échappé un rire aigre.

— Nous commencerons une nouvelle vie, tous ensemble et formerons la petite famille idéale ! Qu'en dis-tu ?

Mes lèvres se mettent à trembler et je serre les poings. J'en ai assez, je suis lasse de l'écouter. Rien qu'en me fiant à ses yeux qui pétillent d'espièglerie, je sais que je ne peux pas lui faire confiance. Jamais. Et plus jamais je ne l'autoriserai à jouer avec des vies. Ni la mienne, ni celle des autres.

— Je ne peux pas les rejoindre ! La porte est bloquée ! s'écrie soudain Palma les larmes aux yeux à l'étage. Je les ai avertis de la menace et leur ai dit d'évacuer, mais est-ce qu'ils auront le temps ?

« 1 minutes et 80 secondes avant le relâchement des gaz » annonce la voix off.

La petite Dominica éclate de rire.

— Je l'ai dit, une fois qu'on l'enclenche, on ne peut plus rien ! Il es trop tard ! Nous serons les seuls rescapés... Du moins, nous serons les seuls à avoir encore toute notre humanité !

À cet instant, je me jette sur elle et plante mes dents dans son oreille. Je lui mords si fort, tellement fort que je lui arrache son organe que je recrache. Elle s'éloigne de moi, hurlant de souffrance mais je la rattrape par les cheveux et la ramène vers moi.

— Dis nous ce qu'il faut faire pour les sauver ! vociféré-je.

Elle se débat contre moi, en poussant des plaintes. Elle m'agrippe le bras et me griffe, mais je ne la relâche pas, tire davantage sur ses cheveux et lui saisit l'avant-bras. Elle secoue la tête et se débat pour tenter de s'échapper de mon emprise, mais tout à coup, son corps est pris de spasmes, sa respiration semble se bloquer et elle tombe à genoux. Je fixe le sang qui gicle sur le côté droit de sa tête et me rappelle... Son dernier clone humain. Je suis allée le chercher à Cuba. Alors celui-là, n'était pas humain... Le mordre a donc suffi à...

— Wah, Érine, tu l'as tué, murmure Éva en face de moi.

Je lève les yeux vers mes compagnons qui nous encerclent et observent le clone gisant à mes pieds.

« 1 minutes avant le relâchement des gaz » avertit brusquement la voix off.