A Girl Revolt - Tome 3

55. L'IMPOSTURE (Saturn)

Érine salue ses amies.

— Tu reviendras nous voir, hein ? s'enquiert Sophiane. On t'aidera pour retrouver la mémoire.

Érine opine du chef, l'amusement et le sourire aux lèvres. Son masque glacial semble avoir disparu.

— Hé, merci Saturn de l'avoir ramenée, dit Sissi.

— Je n'aurais jamais arrêté les recherches, déclaré-je.

Elle sourit aimablement.

— Faîtes attention et soyez prudent.

J'acquiesce et nous tournons les talons, en endossant à nouveau nos déguisements. J'appelle l'ascenseur et contacte Dame De Capistran.

Elle répond immédiatement.

— Oui, Saturn ?

— C'est Dame Jouvert ! avertis-je.

— Bon sang ! Comment... Pourquoi ? grogne Dame De Capistran, hors d'elle. Je vais l'arrêter !

— Non, attendez-nous, j'aimerai assister à l'arrestation ! Je dois aussi vérifier quelque chose.

— D'accord, je vous attends au Centre ! Dépêchez-vous.

Je coupe la communication et les portes de l'ascenseur s'ouvrent.

— Qu'est-ce que vous voulez vérifier ? interroge Érine.

— Qui elle est, pourquoi elle aide la Grande Dominica après tout ce qu'elle a fait.

La plupart des femmes ne veulent plus entendre parler de la Grande Dominica... Même les Kupias. Alors pourquoi l'avoir aidée ? Serait-elle contrôlée ?

Il pourrait y avoir d'autres femmes contrôlées parmi nous. Cette idée n'est pas à exclure.

Nous arrivons au Centre de Sécurité. Je rallume ma montre pour prendre contact avec Dame De Capistran.

— Où êtes-vous ?

— Salle de Contrôle.

Nous prenons l'ascenseur et la rejoignons au pas de courses. Lorsqu'elle nous voit arriver, elle appelle une équipe de Gardiennes.

— Elle est dans son bureau. Je n'arrive pas à y croire... comment est-ce possible ? Je lui faisais encore plus confiance que ma secrétaire. C'est pour cela que je l'ai nommé à la tête du Bureau de Sécurité.

Nous allons à l'étage au-dessus, traversons le couloir en direction de son bureau. Les Gardiennes ouvrent une porte à double battant.

Une femme vêtue d'un tailleur est assis dans un canapé, jambe croisée, et boit un café. Elle arque un sourcil en voyant notre troupe franchir la porte.

— Dame De Capistran ? dit-elle en déposant sa tasse et en se levant de son siège.

— Dame Jouvert ! Je vous arrête !

Elle hausse les sourcils.

— M'arrêtez ? Mais pourquoi ?

— Nous avons capté un appel... de vous et de notre ennemi !

Dame Jouvert tente de ne pas ciller.

— Je ne vois pas de quoi vous parler !

— Que vous ai-je dit tout à l'heure concernant le transfert ?

Dame Jouvert plisse les yeux.

— En quoi ça concerne le transfert ?

— Répondez seulement à ma question ! grogne Dame De Capistran.

Dame Jouvert soupire.

— Le transfert se fera à minuit, avec les jeunes Askaris du Centre de Dashing !

— En effet, mais pour vous dire la vérité il s'agissait d'un leurre... Un piège pour vous démasquer. Vous êtes entrée en contact avec l'ennemi ! Par quel moyen, je ne sais pas, mais nous allons le découvrir.

Dame De Capistran fait signe à ses Gardiennes de l'arrêter. Ces dernières s'avancent vers l'imposture, mais celle-ci tournoie sur elle-même portant des coups de pieds aux Gardiennes qui valdinguent contre les canapés.

D'un geste machinal, Dame Jouvert retire une arme de sa jupe fendue et la dirige vers Dame De Capistran. Instinctivement, je me rue vers elle pour la pousser et éviter qu'elle reçoive une balle.

Nous tombons à terre, et je ne perds pas de temps pour me relever. Je dois l'arrêter.

À ma grande surprise, Érine m'a devancé. Elle saisit le poignet de Dame Jouvert et la lui tord, lui faisant lâcher son arme. La Chef de Sécurité pousse un cri de douleur mais ne s'avoue pas pour autant vaincue. Elle repousse Érine et tente de la frapper de son autre main. Fort heureusement, Érine l'évite et lui assène un puissant coup de pied dans l'estomac qui la projette en arrière. La Dame se cogne contre son bureau et Érine ne lui laisse pas de répit. D'un coup de pied retourné au niveau de la tête, elle l'envoie rouler sur le sol.

Immédiatement une Gardienne se relève et se jette sur la femme - qui essaie de se redresser – pour la menotter.

J'aide Dame De Capistran à se lever. Elle me remercie.

— On l'a échappé belle. (Elle s'avance vers Dame Jouvert, qui se débat encore) Comment avez vous pu ?

Dame Jouvert grogne en réponse.

— Le parfum de cette femme, je crois que je le reconnais, annonce Érine.

— Tu la connais ? m'enquiers-je.

Érine fixe la femme et remue la tête.

— Son parfum uniquement. Son visage ne me dit rien.

Je passe alors derrière la femme et regarde son poignet. Elle porte une montre. Je soulève légèrement son bras pour pouvoir toucher l'écran, elle pousse un grognement de rage.

Le mode hologramme est actif. Je le désactive aussitôt.

— Ciel, s'écrie Dame de Capistran.

Le masque est tombée. Je la reconnais. La fille qui avait choisie 319. Arisa.

— Vous avez réussi à me démasquer ! Mais ce n'est pas grave ! L'Autorité Suprême vous réduira en miette !

Dame De Capistran la détaille d'un air désolé et ordonne à ses Gardiennes de la conduire en cellule.

— Dame De Capistran, il vaut mieux faire appel à une scientifique pour vérifier si on lui a implanté la Brain Booster. D'ailleurs, je ne crois pas qu'elle savait se battre avant ça, confié-je.

Dame De Capistran fait « oui » de la tête.

— Mais j'espère qu'il n'y a pas d'autres infiltrés...

— Il n'y avait qu'une seule informatrice. Mais il faut rester vigilant, déclare Érine.

— Je vais faire tester certaines personnes pour savoir si elles sont contrôlées, déclare-t-elle. Il vaut mieux prévenir qu'attendre qu'elles se manifestent.