A Girl Revolt - Tome 3

75. DÉSESPOIR (Saturn)

Je fixe la Petite Dominica. La revoir me fait monter le sang à la tête. J'aurais dû me douter qu'elle s'était matérialisée pour être la Machine. En plus Désespoir ! Bon sang, elle n'a pas trouvé mieux !

Je m'avance et elle essaie d'extirper son bras droit des racines entremêlées.

— Petite peste ! Dire que j'ai réussi à t'enfermer à ma place, mais tu m'as coincé le bras ! grogne-t-elle. (Elle me fusille du regard). Toi, ne t'approches pas !

— Je m'approche si je veux ! Je suis venue chercher Érine !

— Je ne te laisserai pas la toucher ! Dès que Mère va nous reprogrammer, tout ça va disparaître et j'aurais le contrôle totale !

Mère. Elle parle de Helka ?

Je fixe la Petite Dominica, franchement je commence à avoir pitié d'elle. Le contrôle... toujours le contrôle !

Je m'agenouille pour être à sa hauteur. Après tout, elle ce n'est qu'un programme dans la tête d'Érine.

— Tu n'as rien d'autre à penser à part : contrôler tout le monde ?

— Bien sûr que non, on m'a créé pour ça !

Je soupire.

— Oui t'es qu'un programme, j'admets.

Elle fait une grimace et me donne un coup de pied dans le genou.

— Toi, dès que je reprends le contrôle, je te tue !

Je lève les yeux au ciel et me redresse. Je vais inspecter le tronc. Il y une petite ouverture et je regarde à l'intérieur. Érine est recroquevillée sur elle-même, le corps tremblant, dans le petit espace.

—Érine !

Je l'entends hoqueter, puis elle tourne légèrement la tête. Ses yeux sont bouffis de larmes.

— Sa...Saturn ?

— Oui, c'est moi, je suis venu te chercher...

Elle hausse les sourcils puis replonge la tête entre ses bras.

— Je ne mérite pas de rentrer... Je les ai tués... J'ai tué ta mère, j'ai tué tes amis... Tu ne me mérite pas !

Mes yeux s'humidifient.

— Non, tu ne les as pas tué !

— Si ! C'est moi qui me suis précipitée sur la cuve ! C'est moi qui l'ai désactivée !

— Si ça n'avait pas été toi, ça aurait été moi ! J'ai eu la même idée ! Couper l'oxygène pour qu'elle ne revienne plus... On a tous pensé la même chose. Tout ce qu'il s'est passé, on ne pouvait pas le prévoir ! Et peut-être que ça aurait été pire si on l'avait laissé revenir à la vie avec le deuxième clone. On ne pouvait rien prévoir !

Elle sanglote.

— Ce n'est pas de notre faute ! Même en ce moment, c'est encore la Petite Dominica qui te retiens ici et qui te fais broyer du noir !

— N'importe quoi, grogne l'intéressé, c'est elle qui déprime ! Ce n'est pas de mon fait !

Je lui jette un coup d'œil venimeux tandis qu'elle arbore un air hautain.

— Tu pourras dire tout ce que tu veux, je ne te croirai pas, Désespoir !

— Ah, comment tu connais mon nom !? s'exclame-t-elle, surprise.

— Je le connais, c'est tout.

Je reporte mon attention vers Érine.

— J'ai fait un rêve... Il y avait tout le monde... Ils m'ont dit de ne rien me reprocher. Ce n'était pas de notre faute... On ne pouvait pas savoir ce qu'il allait se passer. C'est vrai que c'est dur à l'admettre mais... Je ne peux pas continuer à me morfondre alors qu'il y a encore tant de choses à faire...