Saturn

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Partie 1

Selon un vieux proverbe : la loi de la mort rend tous les hommes égaux. J'en ris en déposant mon bouquet sur le sol, parce que j'ai l'impression que c'est vrai. Ici, tout est régi par des lois qui favorisent les inégalités, tandis qu'une fois qu'on est mort, il n y' a plus rien... Et on est tous égaux.

—Mes amis, tout ça pour vous dire qu'il nous reste encore du chemin à faire, mais nous avons bien avancé, depuis votre disparition et, monsieur De Blonay, je m'excuse : Érine n'a pas pu venir aujourd'hui... c'est une année très spéciale pour nous. Mais sachez qu'elle vous aime et pense toujours très fort à vous.

— Ton frère, il parle toujours tout seul, comme ça ? j'entends murmurer derrière-moi.

Je pousse un soupire et me relève.

Je suis à Utjoski, dans le laboratoire du couloir 4. Ici, les troncs d'arbres dans la cellule ont brisé les vitres et la végétation a pris plus d'espace. Le lieu s'est transformé en une véritable jungle.

Érine et moi avons pris l'habitude d'y venir, tous les ans, la veille de la Journée du Recueillement des victimes de DLC pour pour nous recueillir et nous déposons un bouquet. Malgré leurs cendres qui ont servi à planter des arbres dans le nouveau parc et le grand mausolée construit en leur mémoire. À Parisiorum, on ne peut pas se recueillir comme on veut, il y a trop de monde, ici c'est plus intime et plus calme.

Cette année, Luca et son ami, Spike, m'ont accompagné. Ils voulaient voir l'endroit dont tout le monde parle, l'endroit où DLC est morte.

— S'il te plaît, quémande Spike, emmène-nous là où a lieu la dernière confrontation !

Je secoue la tête.

Pour les jeunes, A GIRLxBOY Utopia : une saga de Saturn De Blonay, n'est qu'une histoire d'action et d'aventure, qu'ils auraient aimé vivre, et non une biographie... Mais au moins, ils savent pourquoi le monde est tel qu'il est aujourd'hui et qu'on ne doit plus commettre les mêmes erreurs que nos prédécesseurs.

— S'il te plaît, grand-frère ! implore Luca.

Je fais non de la tête.

— Je vous l'ai dit, ce n'est pas pour faire une visite qu'on est là.

— Mais on ne craint plus rien ! rétorque mon frère. Y'a même plus de Dévihomulus dans le coin ! Vous les avez tous tué quand vous êtes venus, il y a une dizaine d'année !

C'est vrai, la base est désaffectée, on ne trouve plus un seul signe de Dévihomulus... Mais aujourd'hui, les Dévihomulus ne sont plus le cadet de mes soucis... Non, c'est l'humain lui-même.

Nous avons cru avoir terminé avec DLC et pourtant, on dirait que sa mort a donné naissance à tout autre chose...

Ça a commencé avec la mort du commandant Eriksen, quelques temps après la fin de DLC. On l'a retrouvé morte dans sa maison. Pendue, au beau milieu de son salon. Un suicide, selon les enquêtrices. Mais moi, j'ai toujours eu l'intuition que s'en était pas un, car à l'époque elle investiguait sur un trafic de dominationems. Alors j'ai décidé de mener une enquête. Mon seul indice était le tatouage qu'elle avait sur son poignet. Et après de longue recherche, j'ai trouvé la signification de ce symbole. Une fontaine sur laquelle trône une déesse. Le symbole d'un mythe, le perpétuel rajeunissement, une organisation secrète appelée : « Projet Jouvence ». Katia Brown la première Ministre, complice de DLC, enfermée dans une prison, était la dernière à pouvoir nous renseigner. Elle est restée vague m'apportant quelques réponses, sans me donner de nom, mais elle me l' a assuré, il y avait une organisation derrière les agissements de DLC.

Plus tard, nous avons démantelé un réseau de trafic de dominationems et avons arrêté une femme, qui était tatouée du symbole du Projet Jouvence. Malheureusement, avant même qu'on ne l'interroge, elle a volé un couteau et se l'est planté dans le cœur.

Depuis, je tente de découvrir qui elles/ils sont. Ils ont déjà tenté de tuer des Maires d'États, et les réseaux de ces trafics ont pris de l'ampleur ces trois dernières années. Quoi qu'il arrive, je ne permettrai pas qu'ils reprennent le contrôle. Pas après tous les combats que nous avons menés.

Un bruit fracassant se produit brusquement au-dessus de nos têtes et sol se dérobe sous nos pieds.

— Wah, qu'est-ce que c'est ça ? s'écrie Pike.

Je plisse les yeux et hume l'air. L'odeur de la fumée. On dirait une explosion.

— Faut qu'on aille voir ça, s'écrie Luca.

— Luca ! grondé-je alors que son ami et lui se faufilent entre les branches.

Je les suis, enragé. Je n'aurais jamais dû les emmener !

Mon petit frère est le genre d'adolescent à aimer prendre des risques, il fonce toujours la tête baissée. Ce qui me perturbe. J'ai beau lui dire de réfléchir avant d'agir, mais il ne fait qu'à sa tête.

Nous grimpons les escaliers et atteignons le niveau trois. Un souffle chaud nous frappe lorsque nous ouvrons la porte.

— Là-bas ! crie Pike en pointant le laboratoire où l'on programmait les Tueuses.

De la fumée s'y échappe. Mon frère et son ami me devancent. La pièce est maintenant jonchée de débris, de pierres et des pièces métalliques rougis par le brasier.

— Vos masques ! intimé-je.

Luca et son ami prennent leur masque dans leur poche pour recouvrir leur visage, puis nous nous enfonçons dans la pièce.

À quelques mètres plus loin, un trou béant dans le mur. Des volutes de fumées gris se dispersent dans l'air, impossible de voir ce qu'il y a derrière. J'arrête mon frère et son ami. L'explosion est récente, ce qui signifie que le personne qui l'a produit est là.

— Luca, Pike, restez-là ! ordonné-je.

Je me rapproche de l'ouverture et soudain, je distingue une silhouette. Elle se jette sur moi. J'esquive son crochet du droit de justesse et contre-attaque. D'un mouvement rapide, j'attrape son bras et le renverse pour le plaquer au sol. Mais instantanément, elle se relève en saut carpé. Elle me décoche un coup à la cuisse, et enchaîne avec ses poings. D'un geste machinal, je lui saisit un bras et le tire vers moi. Je lui assène un coup dans le genou. Elle se plie en deux et j'en profite pour lui retirer sa cagoule. Mais elle ne se redresse pas et enroule ses bras autour de mes hanches. Avec force, elle me pousse jusqu'à ce que je me cogne violemment contre le mur. La personne se redresse rapidement, et j'écarquille les yeux en découvrant son visage.

Il me regarde avec un sourire étrange au coin des lèvres. Sous le choc, je suis paralysé. Je ne vois pas qu'il s'empare de quelque chose et jette un amplificateur de lumière.

Aussitôt, tout devient blanc autour de moi et la lumière m'aveugle. Quelque chose siffle dans mes oreilles, je suis désorienté, tout tourne autour de moi.  

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant