A Girl Revolt - Tome 3

68. DERRIÈRE LA PORTE (Érine)

Partie 1

J'ai le souffle court, je suis paralysée. Des épées sont enfoncées dans tout mon corps et m'empêchent de bouger. Mais pourquoi suis-je vivante... ? Dans une telle situation, je devrais être morte. Pourtant, je ne peux simplement pas bouger. De tous mes sens, seule ma vue fonctionne. Et autour de moi, des milliers de petites Helka me fixent avec un large sourire.

Je serre les poings. J'essaie de faire un mouvement, mais c'est impossible. Je hurle dans ma gorge. Je veux sortir d'ici. Je veux aller la trouver et lui faire payer pour tout ce qu'elle a fait. J'ai des larmes au bord des yeux en repensant à mon père qu'elle a tué. Je ne peux plus la laisser faire. Je ne peux plus !

Je grogne et encore une fois, je me démène pour tenter de m'extirper de cette prison. Tout ça, c'est juste dans ma tête. La vrai moi est vivante ! Je suis juste retenue prisonnière par Helka. Il faut que je fasse vite, je ne sais pas ce qu'elle me fait faire dans la réalité.

C'est alors qu'une épée, enfoncée dans ma poitrine, se brise. Puis une autre, et encore une autre. Les Helka en miniature autour de moi se mettent subitement à hurler et, une après l'autre leur corps s'effrite.

Libérée, je tombe à genoux et le sol noir est remplacé par les fleurs séchés qui reprennent vie. Je perçois ensuite des bottes noires et lève les yeux. Mon double me faisant un sourire. Étrangement, elle ne se défend pas alors que les racines s'enroulent à nouveaux autour d'elle.

— Je vais attendre patiemment que Mère me donne encore plus de force, et la prochaine fois, ce sera toi qui te retrouvera à ma place.

Je plisse les yeux et me relève. Une fois qu'elle a disparu, tout devient noir, puis il y a du bruit, des cris, des hurlements, des coups de feu, suivis d'une lumière.

C'est un peu flou au début, je distingue seulement des silhouettes. Je bats des paupières pour chasser le brouillard de mes yeux. Dès que ma vue devient nette, je vois les amis de Saturn. Enzo accroupi, se tient le bras (on dirait même que son os s'est déplacé) et fixe au autre de ses camarades allongé sur le sol, inconscient. Mes yeux se baladent ensuite dans toute la salle.

Deux scientifiques ont la tête plongées dans leur assiette sur une table, un peu plus loin, gît le corps de la Grande Dominica, puis celui d'un Askaris, et derrière moi, Dame Helmet et Juan...

Mon cœur s'affole. Est-ce moi qui est fait tout ça ?

— Enzo ?

Il se tourne aussitôt vers moi.

— Tu es revenue ?

J'avale ma salive difficilement et fixe son ami. Il est le seul dans la pièce dont le cœur ne bat plus.

— Est-ce que c'est moi... ? bredouillé-je.

— En partie, répond-t-il. Mais ne t'inquiète pas tu ne les as pas tué. (Il observe son ami puis me montre Helka d'un signe de tête.) C'est elle.

Je fronce les sourcils, puis me rue vers son cadavre.

Je l'examine, c'est elle. Elle est morte et pourtant les mots de mon double résonnent dans ma tête. « Je vais attendre patiemment que Mère me donne encore plus de force ! »

Qu'est-ce que ça signifie ? Pourquoi ne suis-je pas soulagée alors que son corps est là, inerte ?

Le cris des Dévihomulus viennent soudain percuter mes oreilles, et le parfum du sang picote mes narines.