4. LE PACTE (Saturn)

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Les plafonniers éclairent faiblement le couloir et un tremblement de terre se produit lorsque Cécile tourne la clé dans la serrure de la cellule.

Érine fixe le plafond, inquiète. Je lui serre la main pour la rassurer. Pour l'instant, nous n'avons rien à craindre, j'ai même l'impression qu'ils bombardent n'importe où, car ils n'ont pas encore déniché l'entrée du camp. Mais les choses se compliqueront s'ils envoient des GHIRCS. Eux, fouilleront partout jusqu'à détecter notre entrée trompe-l'œil.

Cécile m'ouvre la porte et je lâche la main d'Érine.

— Je dois lui parler seul.

Elle acquiesce et j'entre dans la pièce. Dimitri pivote la tête vers moi et me considère d'un air sombre et colérique.

— Tu as trahi le Néo Arès, 400 ! grogne-t-il.

— Mon nom c'est Saturn maintenant.

Il s'esclaffe.

— Tu ne resteras qu'un matricule sans identité pour elle !

— Pourtant, Cécile ne vous appelle pas par votre numéro, elle continue de vous appeler Dimitri, comme une vraie personne. Elle aurait pu vous tuer ou rétablir votre mode, pourtant elle ne l'a pas fait.

— Parce qu'elle a besoin de moi ! Et il est hors de question que j'aide ces femmes !

— Alors, faites-le pour nous, pour tous les Masculins ! Les Askaris sont là-haut et ils nous cherchent. Dès qu'ils nous débusqueront, ils nous reconditionneront et nous redeviendrons des Askaris. (Je fixe son bras.) Mais vous, ils vous tueront, un infirme ne mérite pas d'intégrer un régiment. (Je le regarde dans les yeux.) Soit vous venez avec nous, soit vous mourrez !

Il détourne la tête comme s'il s'en moquait.

— Doc, lorsque vous m'avez parlé pour la première fois, lorsque vous m'avez révélé toute la vérité sur ce monde, vous m'avez dit que vous rêviez d'un monde où tous les hommes seraient libres, un monde où ils ne subiraient plus d'expérience. Vous avez dit que H6 et vous nous libérerez. Je croyais en vous, mais j'ai rencontré Érine et j'ai compris que ce n'était pas la bonne solution de profiter de notre force pour reprendre le pouvoir et rétablir le monde de l'Arès. Nous serions dans une boucle infernale où hommes et femmes s'autodétruiraient simplement pour survivre.

Mais pour survivre, nous avons besoin d'elles. Il ne s'agit plus de combattre les femmes, mais de devenir leurs égaux devant la loi, d'avoir les mêmes droits qu'elles, d'être à nouveau des citoyens !

Il me regarde maintenant d'un air plus sérieux.

— Crois-tu que ces femmes nous laisseront être leurs égaux ? Moi, je n'en suis pas persuadé ! Les femmes ne tiennent jamais parole !

— Mais moi, je tiens parole et je ferais tout ce qu'il faut pour que nous soyons l'égal des femmes. Vous pouvez ne pas leur faire confiance, mais à moi, laissez-moi une chance. Dès que nous aurons arrêté Helka De La Costa, nous mettrons fin à la production des dominationems, nous ne serons plus contrôlés par qui que ce soit, nous ne serons plus obligés de nous terrer dans des bunkers et nous aurons une vie. Doc, en échange de votre aide, je vous promets la liberté.

Il plisse les yeux et semble réfléchir.

— Doc, si vous acceptez vous vivrez, si vous refusez, on vous laissera ici et vous mourrez.

Il me regarde avec ses yeux plissés. Je ne sais pas ce que je pourrais dire d'autre, j'ai épuisé tous mes arguments et je connais Doc, ce n'est pas le genre d'homme à choisir la mort. Il est déterminé et a toujours voulu renverser les femmes. Et une femme, plus particulièrement. S'il reste là, il n'y parviendra pas. Et s'il accepte, il faudra que je le surveille.

— Très bien, je veux bien utiliser mon brouilleur et vous aidez à prendre le contrôle des Masculins, mais je souhaite aussi autre chose.

Il me fixe dans les yeux.

— Un vaccin qui me permettrait d'être immunisé.

— Chaque chose en son temps Doc. La fin des dominationems et la liberté avant tout. Vous obtiendrez un vaccin plus tard.

Je retire mon poignard dans l'étui attaché à ma cuisse et fais une petite entaille dans ma main. J'attends que le sang coule avant de lui serrer sa main gauche.

— Avec ça, je scelle notre pacte, comme vous nous l'avez appris.

Il pouffe de rire.

— Un premier pacte que tu n'as pas respecté.

— Parce que je ne connaissais pas encore toute la vérité, répliqué-je. Mais cette fois c'est différent, et c'est vous qui devrez le respecter. Si vous ne le faites pas, je vous tuerais.

Il sourit et je reste impassible.

— J'ai oublié de vous dire Doc, vous devez nous conduire au Centre de Bienséance en évitant les Askaris.

Il lève les yeux au ciel et soupire.

Je m'éloigne de lui et tourne les talons.

— Hey ! Tu ne me détaches pas ?

— Pour l'instant, non. Je n'ai pas envie que vous tuiez votre ancien commandant... Et en plus, vous aurez besoin d'elle vivante si vous voulez un vaccin.

J'ouvre la porte. Immédiatement, Cécile et Érine me regardent, attendant le verdict.

— Il a accepté, leur confié-je.  



AVEZ VOUS CONFIANCE EN DIMITRI ?

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant