70. L'ULTIME ESPOIR (Érine)

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Nous nous ruons vers le laboratoire du couloir numéro 1, croisant Saturn et les autres dans le hall circulaire.

— Faut qu'on se dépêche ! crie Éva. Palma vient de me dire que les autres ne se sentent pas bien là-haut.

J'ai la gorge sèche, pourvu qu'on les sauve.

Nous entrons en trombe dans le labo, il y a plein de machines et d'appareils de tests, ainsi qu'un immense aquarium avec des méduses à l' intérieur.

Instinctivement, nous nous dirigeons vers les grands frigidaires. Il renferme des sortes de grands tubes en verre contenant soit un liquide orange, soit un liquide.

— C'est le bleu ! informé-je.

Saturn en prend un.

— Un seul ? Est-ce suffisant ? s'enquiert Éva.

Flèche en récupère un deuxième.

— Il vaut mieux en prévoir plus !

Je me retourne et vais chercher les capsules dans les étagères.

— Mettez- les là-dedans, elles permettrons à les dissiper !

Les garçons s'exécutent et nous nous précipitons vers les ascenseurs.

Éva appuie alors sur sa montre et prend contact avec la rousse :

— On arrive Palma. On a trouvé un antivirus !

Mon cœur cogne fort, j'ai l'impression que l'ascenseur prend plus de temps que d'habitude. Peut-être parce que des vies sont en danger et que, ce qui peut les sauver, se trouve en notre possession. Et nous n'avons plus de temps à perdre.

Nous avons tous le visage crispé, des gouttes de sueur qui perlent sur nos fronts. Personne n'ose parler tellement nous avons peur. Nous ne savons pas si nous allons sortir de ce pétrin.

— Dépêche-toi ! Soupire la fille brune en tapant ses mains tremblantes sur ses cuisses.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent aussitôt. L'air devient alors étouffante et un arôme acide m'irrite la gorge. Nous gagnons le grand hall, quelques Askaris sont assis à terre. Malgré les masques qui enveloppent leurs visages, ils peinent à respirer.

— Je propose qu'on active une ici ! Et une autre dans l'aérodrome ! dit Flèche.

Nous acquiesçons et il tourne sa capsule pour libérer le gaz. Saturn et moi prenons la direction de l'aérodrome.

— Saturn !

C'est Abdel qui l'interpelle. Tous ses compagnons sont regroupés en cercle. Palma est collée contre Eric qui a la tête posée sur ses épaules. Et Enzo a maintenant un bandage au bras. Seulement, il est encore plus pâle que tous à l'heure.

— On a un antidote ! s'écrie Saturn. Ne vous inquiétez pas ! Ça va aller ! Personne ne mutera !

— Ouais, on va s'en sortir comme toujours, sourit Enzo en levant son pouce.

Il tourne aussitôt la capsule et la pose à terre.

— Sat, dit Lucien, le souffle pantelant, on n'a pas trouvé 319... Amine n'était pas dans l'animalerie. La grille était fondue, il a dû utiliser un pistolet-laser pour s'échapper.

Saturn regarde son ami en fronçant les sourcils, puis baisse la tête.

— Ce n'est pas grave, il doit être quelque part dans la base...On le cherchera plus tard. Restez-là et attendez que l'antivirus agisse. Où sont 233 et ma mère ?

— Dans le vaisseau, lui répond Juan en toussant.

Saturn pose la main sur son épaule.

— Un peu de patience, lorsque vous vous sentirez mieux, on rejoindra un des vaisseaux.

Saturn se lève et je le suis. Nous entrons dans un des vaisseaux où des lits de secours ont été installés. Dame Helmet est sur l'un d'eux, un masque à oxygène sur le nez.

Le Masculin au nom de 233 est assis dans un siège et semble avoir du mal a respiré.

— 233 ! s'écrie Saturn.

Il pivote aussitôt la tête vers nous et esquisse un sourire.

— La Grande Dominica ? Est-ce que vous l'avez eu ?

— Oui, mais ça, on ne l'avait pas prévu !

233 lui fait un sourire et remue la tête.

— La vie est imprévisible. Au moins, notre objectif a été atteint ! La Grande Dominica n'est plus. Elle était notre premier obstacle, maintenant on peut laisser place à une toute nouvelle ère. Même si, il va falloir encore nous battre pour que nous soyons vraiment libres et égaux. (Il s'humecte les lèvres.) J'ai averti les autres unités. Elles viendront nous aider... De toute façon, on n'a pas le choix, les portes sont toujours bloquées... Il faut attendre ici. Mais c'est aussi un mal pour un bien : le virus ne risque pas de se propager à l'extérieur.

Il se met à tousser. Je ne sais pas s'il faut que je me réjouisse. La Grande Dominica est morte mais avec cette contamination à grande échelle, je n'ai pas la conscience tranquille. J'ai peur qu'on n'y arrive pas.

Saturn hoche la tête puis m'attrape la main. Du bout des doigts, il trace un carré au dos de ma main. Étrangement, je sais que ça signifie : « on va s'en sortir ».

Je le considère et acquiesce. Il se dirige ensuite vers sa mère et s'assied à son chevet.

— Les secours vont arriver, Dame Helm... non, maman, dit-il en lui prenant la main.

Elle ouvre les yeux et lui sourit.

Les larmes me montent aux yeux et je me tourne vers la salle de l'aérodrome. Tous ces gens qui sont là. Des Masculins qui veulent être libres. Je ne peux pas broyer du noir. On vient d'utiliser l'antivirus. Je dois y croire. Nous allons quitter cet endroit vivants ! Et ensuite, j'irai retrouvé Cael. Nous ferons une cérémonie d'adieux pour notre père.

L'air devient soudainement pesant, acide et me brûle les narines et la gorge. Une fumée bleuâtre est en train d'envahir l'aérodrome. Je m'assieds sur le sol, sentant mes paupières s'alourdir et brusquement, tout devient noir.

***

J'entends des pas effrénés, des personnes qui courent dans tous les sens.

— Ici ! Ils respirent encore ! crie-t-on.

Je bats des paupières pour ouvrir mes yeux, mais elles sont tellement lourdes que je n'y parviens pas. Je sens ensuite qu'on me soulève le corps.

Puis des plaintes très fortes, des rugissements sauvages retentissent.

— Bon sang ! Que se passe-t-il ? Hurle-t-on.

— Madame ! Tous les niveaux inférieurs sont infestés. Doit-on vraiment descendre ?!

— On doit récupérer tous les renseignements de cette base ! Concernant ce virus et cet antivirus ! J'appellerai du renfort s'il le faut ! Évacuer les survivants ! Ensuite, on s'occupera des cadavres !

Je crois qu'on me transporte, j'essaie de bouger, de me lever pour comprendre ce qu'il se passe, mais ça me semble difficile. Une forte migraine m'accapare et c'est à nouveau la nuit noire. 

A Girl Revolt - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant