Juste un mec bien

Chapitre 9 (Stella)

_ Papa, magne-toi, on va être en retard !

_ Ça va ma chérie, j'arrive. Il n'y a pas le feu non plus. De toute façon, c'est moi qui te fais cours alors tu n'as pas à t'en faire.

_ Ce n'est pas pour moi que je dis ça. C'est pour toi. C'est ton premier cours de l'année et tu n'es pas à l'heure. Ça la fout mal devant tes élèves quand même... 

_ Dis oh, tu ne vas pas me dire comment faire mon boulot non plus ! me rétorque mon père en faisant mine de s'indigner.

_ Il n'empêche. Quel exemple tu vas donner à ces pauvres gamins ?

_ Ces pauvres gamins. Ben tiens, comme s'ils étaient à plaindre. Et puis je te signale que tu as le même âge qu'eux.

_ C'est vrai mais je suis quand même beaucoup plus mature, je réponds dans un sourire.

_ Pas faux. Bon allez, on y va.

_ Ce n'est pas trop tôt.

_ Attends non, j'ai oublié quelque chose, dit mon père en faisant soudain demi-tour à mon grand dam.

_ Putain papa, tu fais chier ! je m'emporte.

_ Arrête un peu de geindre, je ne peux quand même pas partir sans embrasser ma jolie femme, ajoute-t-il en filant jusqu'à ma mère pour déposer un tendre baiser sur ses lèvres.

Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire en le voyant faire. Ça fait 25 ans que mes parents sont mariés et ils donnent l'impression de s'aimer comme au premier jour. C'est beau l'amour, le vrai. Je ne désespère pas de le connaître un jour moi aussi même si pour l'instant j'aime autant éviter les relations sérieuses. Je préfère m'amuser un peu, commencer la journée dans les bras d'un mec et la finir dans les bras d'un autre, ou même ne pas avoir de mec du tout, ça me va très bien aussi. Une histoire d'amour, c'est compliqué et incompatible avec mes ambitions, qu'elles soient sportives ou scolaires. Et puis, pour vivre une histoire d'amour, encore faut-il tomber amoureuse, ce qui ne m'est jamais arrivé. 

_ Bonne journée ! nous lance ma mère en nous regardant monter dans l'ascenseur.

_ Bonne journée ! lui répondons-nous en choeur.

Tandis que nous sommes en route pour le lycée, je questionne mon père :

_ Au fait, tu vas nous faire faire quoi ? Pitié, pas de badminton, je déteste ça.

_ Pourquoi tu détestes ça ?

_ C'est un sport de gonzesse. 

_ Parce-que tu n'es pas une gonzesse peut-être ?

_ Si, j'en suis une. Mais pas du genre de celles qui jouent au badminton.

_ D'accord, dit mon père après avoir éclaté de rire.

_ Alors ?

_ Alors quoi ?

_ Tu ne m'as pas répondu. On fait quoi aujourd'hui ?

_ Aujourd'hui, je vous fais courir un peu.

_ Parfait, ça va me faire bosser le foncier comme ça ! je m'écrie d'un ton enthousiaste.

_ Par contre, tu y vas mollo avec ta cheville. D'autant que tu as encore entraînement ce soir, s'inquiète-t-il.

_ A vos ordres coach !

Mon père pousse un soupir comme pour bien me montrer qu'il ne se fait guère d'illusions. Il sait très bien que je suis incapable d'y aller mollo comme il dit. Je ne connais pas la demi-mesure. Quand je fais quelque chose, je le fais toujours à fond.