Chapitre 103 (Simon)

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Une fois le père de Kimi parti (je ne sais même pas si je peux continuer à dire de lui qu'il est son père alors je vais l'appeler par son prénom, Robert), je reste un long moment planté dans la rue, seul et immobile, l'air hagard, à repenser à cet...

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Une fois le père de Kimi parti (je ne sais même pas si je peux continuer à dire de lui qu'il est son père alors je vais l'appeler par son prénom, Robert), je reste un long moment planté dans la rue, seul et immobile, l'air hagard, à repenser à cette phrase qui, si elle s'avère exacte, pourrait bien chambouler complètement la vie de Kimi.

_ Kimi n'est pas ma fille.

Ces quelques mots ont jeté sur moi un trouble dont je peine à m'extraire. Les questions se bousculent dans ma tête. Pourquoi m'a-t-il dit ça ? Pourquoi à moi ? Pourquoi maintenant ?

La réputation de ce monsieur le précède, il a déjà fait étalage de sa fourberie sans limite par le passé et je ne serais pas étonné qu'il s'agisse là d'une nouvelle tentative de déstabilisation de sa part. Dire que Kimi n'est pas sa fille n'est sans doute qu'un moyen qu'il a trouvé pour s'exonérer de sa responsabilité de père absent. Ce n'est sûrement pas la vérité.

J'aimerais me convaincre que ces mots qu'il a prononcés ne sont rien de plus qu'une invention tout droit venue de son cerveau tordu, dépourvue de la moindre réalité. Pourtant, je ne peux m'empêcher de douter. Et si c'était vrai. Et si Kimi n'était pas sa fille. L'envisager serait ouvrir la porte à toutes les spéculations, mais cela supposerait surtout que la mère de Kimi ait sciemment entretenu un mensonge au sujet de la paternité de sa fille durant des années, ce que je n'ose imaginer. Je ne connais pas Amandine personnellement, je ne l'ai jamais croisée lors des quelques fois où je suis allé réviser chez Kimi, mais quand j'entends cette dernière me décrire sa relation avec sa mère et me parler des liens fusionnels qu'elles entretiennent toutes les deux, je ne peux pas croire qu'Amandine lui cache un secret aussi grand que celui-ci (ou peut-être je ne veux seulement pas y croire).

Il me faut encore de longues secondes avant de reprendre mes esprits. Quand j'y parviens enfin, je remonte la rue, arpente l'allée qui serpente dans le jardin de la maison de Kimi, et vais sonner à la porte. Elle ne tarde pas à venir m'ouvrir. Elle m'accueille d'un sourire radieux et d'une étreinte chaleureuse tandis que je m'efforce de ne rien laisser paraître de mon tourment, un tourment qui à présent que je me trouve face à elle me semble avoir décuplé. En fait, je me trouve livré à un dilemme cornélien. Parler à Kimi de ma rencontre avec ce père qui dit ne pas l'être serait risquer de lui causer un chagrin terrible et de remettre en question ses rapports avec sa mère, tout cela pour une allégation qui pour l'heure est totalement infondée. Mais ne rien lui dire serait aussi lui mentir par omission. Mentir, ce que je déteste faire et ce que je ne fais jamais. Pire encore, mentir à celle que j'aime. Cette perspective m'est proprement insupportable.

J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n'y vois pas de bonne solution, et je ne peux que fustiger cet homme de m'avoir pris à témoin en prononçant devant moi cette phrase aux implications considérables et aux conséquences potentiellement désastreuses pour Kimi et sa famille. Alors que faire ?

_ Tu veux m'en parler ? me demande Kimi.

_ Te parler de quoi ? je la questionne à mon tour sans lever les yeux de mon manuel de SVT.

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant