Le soir venu, je me rends au club de boxe. Ma première séance a beau avoir été un peu douloureuse, ma motivation est intacte. J'entre dans la salle et file directement au vestiaire pour me mettre en tenue, saluant au passage le coach Féri qui est en train d'encadrer un groupe de gamins.
Je commence à me changer quand j'entends la porte du vestiaire s'ouvrir puis se refermer en un claquement. Sans même daigner tourner la tête pour m'enquérir de son identité, je lance à la personne qui vient d'entrer un laconique « bonjour ». Elle me répond avec un teinte d'ironie dans la voix :
_ Nolan, quel plaisir de te revoir !
Stupéfait, je fais volte-face et je m'écrie :
_ Stella ! Qu'est-ce que tu fais ici ?
_ Et bien je me change ! me répond-t-elle tandis qu'elle retire son haut sans se soucier de ma présence.
_ Non mais je veux dire, qu'est-ce que tu fais là dans le vestiaire des hommes ? je la questionne de plus belle.
_ Et bien je n'ai pas le choix en fait. Le vestiaire des femmes a été inondé l'hiver dernier et il est inutilisable depuis. Il faudrait faire des travaux pour le remettre en état mais le club n'en a pas les moyens.
Restant silencieux, je m'abandonne à faire courir mes yeux le long de son dos dénudé. Elle est en train d'enfiler sa brassière de sport et ne semble éprouver aucune gêne de me savoir là avec elle.
Elle recouvre son dos d'un débardeur et elle se tourne vers moi pour me lancer dans un sourire délicieux :
_ Ça va ? Tu t'es bien rincé l'oeil ?
_ Comment ça ? Qu'est-ce que tu vas chercher ? Je n'étais pas du tout en train de me rincer l'oeil, je proteste aussitôt, très embarrassé.
Elle me détaille de la tête aux pieds avec insistance et alors seulement je m'aperçois que je ne porte rien d'autre qu'un simple boxer. Terriblement mal à l'aise, je m'empare au plus vite d'un short dans mon sac et me hâte de l'enfiler.
Elle se détourne de nouveau de moi et entreprend de retirer son jean. Je la regarde faire d'un oeil à la fois sidéré et captivé. Elle enfile un short de sport et s'avance vers moi. Je sens chacun de mes muscles se figer sous l'effet de la tension qui m'assaille peu à peu.
Elle s'approche ainsi jusqu'à se trouver à quelques centimètres de moi. Là, elle me lance d'un ton autoritaire :
_ Comme on est là rien que tous les deux, dis-moi à quoi tu joues avec Kimi.
_ Comment ça à quoi je joue ? je lui rétorque, ne voyant pas où elle veut en venir.
Elle secoue ostensiblement la tête, histoire de bien me signifier que ma réponse ne lui sied guère. Puis, elle ajoute :
_ C'est ça, fais mine de ne pas comprendre.
_ Je ne fais pas mine de ne pas comprendre, je ne comprends pas ! je réplique, me défendant de vouloir lui cacher quoi que ce soit.
_ Dans ce cas, je vais être plus claire. Tu veux coucher avec elle, c'est ça ?
Effectivement, dis comme ça c'est beaucoup plus clair et surtout beaucoup plus direct. Même si elle n'a sans doute pas complètement tort, je n'aime pas du tout cette manière qu'elle a de sous-entendre que je ne serais qu'un profiteur qui manipulerait les filles dans le seul but de me retrouver au lit avec elles. Je ne suis pas ce genre de garçon.
_ Avec Kimi, on se plaît oui ! Et je ne vois pas en quoi ça te concerne. Tu ferais mieux de t'occuper de tes affaires !
_ Je ne veux pas que tu lui fasses du mal. C'est pour ça que je m'en mêle, se justifie-t-elle.
En retour, je tonne :
_ Dans ce cas, mets-toi dans le crâne que mes intentions envers elle n'ont rien de mauvaises et fous-moi la paix !
_ Mais oui bien sûr ! Je vais te dire ce qui va se passer. Tu vas t'amuser un peu avec elle et quand tu vas en avoir assez d'elle, tu vas la jeter. Et je refuse de rester là les bras croisés à te regarder lui briser le cœur !
Je devrais sûrement lui dire qu'il n'y a aucun sentiment qui vaille entre Kimi et moi, et que nous voulons simplement passer du bon temps ensemble. Mais, sans que je ne sache trop pourquoi, je prétends le contraire.
_ Et qui te dit que je vais la jeter ? Si ça se trouve je l'aime !
En fait si. Je sais pourquoi je joue ainsi avec la vérité, c'est parce-que je n'accepte pas ce que je suis pourtant bel et bien, c'est à dire un mec incapable du moindre engagement avec une fille.
Pourquoi je ne m'engage pas ? Au fond, je crois que c'est parce-que j'ai peur de souffrir. Je ne sais que trop bien ce que ça fait de perdre une personne que l'on aime. C'est d'une violence inouïe et ça cause une douleur sourde. Et je ne veux pas prendre le risque de revivre ça une nouvelle fois. Alors j'évite de faire dans les sentiments. Je reste à une distance raisonnable sur le plan affectif pour me protéger.
_ C'est ça fous-toi de moi ! renchérit Stella. Tu ne l'aimes pas, je le sais !
_ Ah oui, et comment tu peux en être aussi sûre ? je lui dis encore avec un air de défi.
Elle reste d'abord silencieuse durant de longues secondes, se contentant de me fixer d'un regard intense. Puis, elle fait un pas supplémentaire vers moi. Là, elle incline la tête et se hisse sur la pointe des pieds. Elle est désormais si proche que nos souffles se mêlent et que nos lèvres s'effleurent.
Totalement déstabilisé par son attitude, je me retrouve livré à un profond tourment. Les questions foisonnent et se bousculent dans mon esprit.
A quoi joue-t-elle ? Elle attend que je l'embrasse ou quoi ? Elle me déteste alors pourquoi est-ce qu'elle voudrait que je l'embrasse ? Mais enfin tout de même, pourquoi elle se presse contre moi comme ça si ce n'est pas pour que je l'embrasse ? Et moi alors, est-ce que ça me gênerait de l'embrasser ? Non, ça ne me gênerait pas. Au contraire, j'en ai même très envie... Mais pourquoi j'en ai envie ?
La tentation devient bientôt trop forte pour que je puisse y résister. Alors, je me penche vers Stella, passe mes bras autour de sa taille et m'apprête à l'embrasser. Mais au dernier moment, elle m'en empêche en venant couvrir ma bouche avec la paume de sa main.
_ Tu n'aimes pas Kimi. La preuve, tu viens d'essayer de m'embrasser ! me fit-elle ensuite remarquer.
Voilà qui a de quoi refroidir mes ardeurs. Elle m'a piégé ! J'aurais dû m'en douter !
Ravie de son coup, Stella me nargue.
_ Tu t'attendais à quoi ? A ce que je te laisse me sauter dessus dans ce vestiaire ? Non mais tu rêves mon pauvre ! assène-t-elle ainsi.
Elle retire sa main et s'éloigne jusqu'à sortir du vestiaire, me laissant seul avec ma frustration et mon dépit.
La suite dès mardi ! :)
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Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...