Depuis quand j'ai des remords ? J'ai beau faire, je ne peux pas m'empêcher de penser que j'y suis allée un peu fort avec Nolan. Non pas que je me mette soudainement à l'apprécier mais je dois bien reconnaître qu'il s'est montré plutôt bienveillant avec moi en prenant soin de m'appeler un taxi. S'il était vraiment le sale type que je n'ai de cesse de décrire il ne l'aurait sûrement pas fait. Et puis s'il n'avait pas été là, ma séance d'entraînement aurait tourné court. En quelque sorte, je devrais lui être reconnaissante de m'avoir laissée le rouer de coups pendant près d'une heure sans jamais se plaindre. D'ailleurs, il doit vraiment aimer la boxe pour m'avoir permis de le malmener comme ça. J'en connais plus d'un qui auraient pris la fuite, épuisés d'essuyer mes frappes.
Depuis la rentrée, je me suis évertuée à le détester alors même que je n'avais pas de raison valable de le faire. Après tout, il ne m'a rien fait à moi.
Qu'est-ce que je suis en train de raconter ? Que Nolan ne m'ait rien fait, c'est une chose. Mais son comportement avec Kimi a été tout à fait déplorable et je ne vais pas le lui pardonner aussi facilement.
Mais en même temps, il n'a pas tort lorsqu'il prétend n'avoir fait que se montrer honnête avec elle. Je lui reprochais de jouer avec les sentiments de mon amie et quand il se décide à mettre les choses au clair en lui disant texto (et un peu brutalement c'est vrai) qu'il ne l'aime pas, je le lui reproche encore. Finalement, je me dis que j'ai peut-être été un peu dure avec lui.
Comment ça un peu dure ? Bien sûr que non je n'ai pas été dure avec lui ! A tous les coups, il m'a appelé ce taxi pour essayer de m'attendrir, et c'est peut-être bien en train de fonctionner.
Mais tout de même, il m'a évité une soirée affreuse...
Je suis arrachée à ces pérégrinations de mon esprit lorsque je percute quelqu'un au détour d'un couloir. Je lève les yeux pour les poser sur le visage de ce quelqu'un et ainsi découvrir son identité. Là, je m'écrie d'un ton paniqué :
_ Nolan !
_ Stella ! réplique-t-il.
Il a fallu que je croise Nolan, ou plutôt que je lui rentre dedans. Ça ne pouvait pas tomber plus mal et, à présent que je me trouve face à lui, je n'ai aucune idée de l'attitude qu'il me faut adopter.
Comme il me voit rester silencieuse, il me dit avec un air de mea-culpa :
_ Écoute, au sujet de tout à l'heure dans le cagibi...
Tout à l'heure dans le cagibi, dit comme ça on pourrait se faire des idées. Fort heureusement, nous n'avons fait que nous disputer. D'ailleurs, pourquoi faut-il que l'hypothèse que nous ayons fait autre chose me traverse l'esprit ?
Il poursuit :
_ Et en ce qui concerne le taxi, tu avais raison. Je n'aurais pas dû l'appeler en me faisant passer pour ton père.
A cet instant, je me sens dans un drôle d'état. Je suis en proie à une tension inhabituelle qui m'interdit toute réponse. Nolan reste quelques secondes planté devant moi dans l'espoir que je daigne lui adresser la parole puis, pensant sans doute que ça n'arrivera pas car je reste résolument plongée dans mon mutisme, il finit par se décourager. Il tourne les talons et commence à s'éloigner dans le couloir.
Là, les choses deviennent encore plus étranges. Le voir partir de la sorte m'est bizarrement insupportable et des mots s'échappent de ma bouche sans que je n'aie vraiment voulu les prononcer :
_ Tu veux qu'on aille courir ensemble demain ?
Je viens de proposer à Nolan que l'on fasse quelque chose ensemble en dehors du lycée. Suis-je devenue folle ? Bordel ! Qu'est-ce qui m'a pris !
En tout cas, il est trop tard pour revenir en arrière car Nolan m'a entendue.
Il s'arrête net dans le couloir. Il se retourne et jette sur moi un regard empreint de sidération. A l'évidence, il est tout aussi surpris que moi que je me sois abandonnée à lui faire une telle proposition. Il fait quelques pas dans ma direction puis me lance :
_ Je rêve ou tu viens de m'inviter à aller courir avec toi ?
Je devine au ton prudent qu'il emploie qu'il redoute le moment où je lui annoncerai que je suis en train de me payer sa tête une fois de plus. Sauf que ce moment ne vient pas. Au lieu de ça, je confirme mon intention.
_ Il faut croire que c'est ce que je viens de faire.
_ Et que me vaut cet honneur ? me demande-t-il ensuite.
Si seulement je le savais moi-même.
_ Et bien je me suis dit que comme nous nous sommes entraînés ensemble hier et que ça s'est plutôt bien passé, nous pourrions reconduire cette expérience.
Craignant qu'il se méprenne, je m'empresse d'ajouter :
_ Mais que ce soit bien clair, ça ne veut pas dire que je ne t'en veux plus pour ce que tu as fait à Kimi ni que je me suis soudain mise à t'aimer !
En m'entendant lui faire cette précision, il ne peut réfréner un sourire. Après quoi, il me lance :
_ Très bien, allons courir ensemble demain. Rendez-vous où et à quelle heure ?
_ Six heures devant le club de boxe, je lui réponds.
_ Rien de tel qu'une petite séance de course pour décompresser en fin de journée ! s'exclame-t-il, enthousiaste.
Il ne m'a visiblement pas bien comprise. Je me dépêche de le corriger :
_ C'est à six heures du matin le rendez-vous.
_ Six heures du quoi ? me dit-il, effaré.
_ Du matin, tu sais le truc qui précède généralement l'après-midi.
Là, je le vois qui se décompose. Il faut croire qu'il n'est pas matinal.
Malgré tout, il finit par accepter :
_ Très bien, à demain six heures du matin alors.
Et dire que je vais aller courir avec Nolan demain...
La suite dès mardi ! :)
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Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...