Chapitre 55 (Nolan)

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Je me fraie un chemin dans la foule des élèves qui encombre le couloir quand soudain je sens que l'on m'attrape par le bras pour me trainer jusque dans une petite pièce qui doit servir de cagibi si l'on en croit les balais, les chaises cassées, le...

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Je me fraie un chemin dans la foule des élèves qui encombre le couloir quand soudain je sens que l'on m'attrape par le bras pour me trainer jusque dans une petite pièce qui doit servir de cagibi si l'on en croit les balais, les chaises cassées, les projecteurs passés de mode, et autres fournitures qui s'y trouvent. La porte se referme aussitôt après mon passage et là j'ai la surprise de me retrouver face à Stella.

_ Qu'est-ce que tu fous ? je lui demande, pantois.

_ Je ne veux pas que Kimi nous voie ensemble, se justifie-t-elle.

Avant de me questionner aussitôt :

_ C'est toi le taxi ?

_ Le taxi ? je lui dis en retour, feignant de ne pas comprendre.

_ C'est ça fais l'ignorant. Hier soir, quelqu'un se faisant passer pour mon père m'a appelé un taxi. Donc je te repose la question : est-ce que ce quelqu'un c'est toi ?

Il est inutile de nier car ses doutes sont déjà bien trop grands pour espérer pouvoir la duper. Alors je lui confie :

_ C'est moi oui. Je m'excuse de m'être fait passer pour ton père mais tu ne serais jamais montée dans ce taxi si tu avais su que c'était moi qui l'avait fait venir.

A la crispation qui s'empare de son visage, je devine qu'elle n'est pas très contente. Bientôt, elle tonne :

_ Pour qui tu te prends !

_ Ça va, c'est juste un taxi. Tu ne vas pas te mettre dans tous tes états pour si peu.

_ Qu'est-ce que tu veux ? Hein ? s'emporte-t-elle de plus belle.

_ Je ne veux rien, quoiqu'un merci serait apprécié.

_ Et pourquoi tu te mêles de ma vie comme ça ? renchérit-elle encore, en proie à une colère froide qui ne semble pas prête de retomber.

Pour le merci, il faudra visiblement repasser...

_ Je ne me mêle pas de ta vie. Au risque de me répéter, j'ai juste voulu te rendre service comme le ferait un...

_ Un quoi ?

_ Un... Un ami... je tente finalement alors que je n'y crois pas moi-même (je ne sais pas ce que nous sommes exactement mais je suis sûr que nous ne sommes pas des amis).

Sa réaction ne se fait pas attendre. Elle prend un air indigné pour me répondre :

_ Sauf qu'on n'est pas amis ! Et tu rêves si tu crois le contraire ! Jamais je n'éprouverai de sympathie pour toi, et encore moins de l'amitié. Surtout après ce que tu as fait à Kimi.

A l'évidence, elle partage mon sentiment quant au fait que nous ne sommes pas des amis. Pour une fois, nous sommes d'accord, à la bonne heure !

Je m'apprête à lui ressortir le même refrain que dans les toilettes de la salle de boxe la veille, à savoir que j'ai simplement voulu faire preuve d'honnêteté envers Kimi, mais elle ne m'en laisse pas l'occasion.

_ Ça c'est pour le prix de la course, dit-elle en glissant un billet de banque dans la poche de mon jean.

_ Ce n'est pas la peine... je proteste.

_ Tais-toi ! ordonne-t-elle. Et à l'avenir, ne fais plus jamais ce genre de choses, c'est compris ?

Sans même attendre que je lui réponde, elle quitte la pièce, furax.

Elle est décidément toujours aussi agréable. Dire qu'hier après l'entraînement je nous pensais capable de nous supporter, je me suis fait des idées. Il n'empêche que je me demande bien pourquoi elle me voue une telle haine. Quoi que je fasse, ça lui déplaît, même quand j'essaye d'être gentil avec elle. D'ailleurs pourquoi j'essaye d'être gentil ? Comme si j'avais besoin de me racheter une conduite auprès d'elle. Pourquoi faut-il que j'accorde une telle importance à ce qu'elle pense de moi ? Je n'en sais rien et, à vrai dire, tout ça me dépasse un peu.

Je sors à mon tour du cagibi et retrouve le couloir. Au même moment, Simon passe par là. Ensemble, nous filons jusqu'à la salle dans laquelle nous avons cours d'histoire. Nous arrivons finalement légèrement en retard, nous nous excusons auprès du professeur qui en retour nous adresse un regard empreint de reproches, et nous allons prendre place au fond de la classe. Là, je remarque seulement que l'enseignant tient un tas de copies entre les mains. Il s'apprête à nous rendre nos devoirs de la semaine précédente. Je dois dire que j'appréhende un peu de connaître ma note car je ne brille pas vraiment par mes compétences en histoire-géographie.

Le professeur commence à distribuer, gratifiant chaque élève d'un commentaire en plus de donner à voix haute sa note.

Marie, 12, pas mal mais il faut revoir la première question.
Kimi, 14, ça progresse c'est bien, continuez ainsi.
Simon, 19, rien à dire, c'est excellent comme toujours.

Quand vient mon tour, le professeur me fixe d'un air las avant de jeter mon devoir sur la table.

_ Nolan, les mots me manquent pour décrire la médiocrité de votre travail. Je vous ai mis 4 mais j'ai dû me battre pour trouver dans cette copie truffées d'inepties et d'incohérences de quoi vous donner quelques points, me dit-il d'un ton méprisant.

Comme je le vois qui s'éloigne, je me mets à espérer qu'il ait fini de me servir la douloureuse mais voilà qu'à mon grand dam il se sent le devoir d'illustrer son propos par un exemple concret.

_ Je vous cite : « Les romains ont fait construire des viaducs pour faire circuler des trains ». Jules César était décidément un visionnaire !

Heureusement que le ridicule ne tue pas sans quoi je serais déjà mort plusieurs fois pendant ce cours. Évidemment, la classe éclate d'un rire bruyant sitôt que le professeur a fini de leur faire partager cet extrait de ma composition d'histoire devenue, malgré moi, un récit de science-fiction. Comment en vouloir à mes camarades ? Moi-même je n'arrive pas à comprendre comment j'ai pu écrire une telle énormité dans mon devoir.

En fait, le seul qui ne rit pas, c'est Simon. Lui se contente de me fixer d'un air compatissant.

La suite dès samedi ! :)

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